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11 avr. 2013

Témoignage PMA, celles (et ceux) qui attendent.

C'est un second témoignage de PMA que j'accueille aujourd'hui sur le blog. Celui d'A. qui a tenu à relater son parcours. 
Le premier témoignage était là, émouvant et tellement vrai, si vous souhaitez le retrouver.

Je sais que certaines (j'en fais partie) ont plutôt à se soucier de faire attention pour ne pas tomber enceinte. Je sais que d'autres, bien d'autres, attendent. Longtemps. Et qu'au delà du médical, c'est tout ce que nous sommes qui prend une sérieuse claque.

Ce témoignage aurait pu inspirer notre coach sexuel, parce que faire l'amour parce qu'il le faut, c'est tout ce qu'on ne veut pas. Et pourtant. 


Je vous laisse avec cette maman et j'en profite pour serrer fort celles qui attendent. Parce qu'on a beau ici rire des nains, râler sur les nains, crier sur les nains...nous n'oublions pas pour autant leur valeur. Et ce qu'ils ont fait de nous.




Episode 1 : on arrête tout !
Octobre 2005, la libération !!! Décision commune, j’arrête la pilule !!!! Sans me douter de ce qui nous attendait : des peurs, des doutes, des joies, de l’impensable, des angoisses, des douleurs.
Avec le recul, je me dis « pourquoi » ??? Vouloir être mère devrait être si simple ! Pour certaines, il suffit d’y penser pour être enceinte, pour d’autres…

Je fais partie de la 2ème catégorie.


On dit que devenir mère est le plus beau des cadeaux, qu’il fait que le couple soit solide car la venue d’un enfant remet tout en question. Ce qu’on ne dit pas (ou peu) c’est que la « conception » (je n’aime pas ce mot mais à défaut d’un autre !) met aussi à mal le couple et même des années plus tard laisse son empreinte.

Le temps passe, l’envie se renforce de plus en plus, elle est là, tapie dans un recoin de notre esprit pour ressurgir dès que l’occasion se présente. Mais rien, toujours rien, le néant, le vide absolu… Je me pose des questions, mon homme, se sentant moins impliqué, n’entend (ou n’écoute pas)  mon inquiétude (que bien sûr, en tant que femme qui se respecte je distille à coup d’allusion espérant que mon cher et tendre décode tout seul ce que je veux / peux pas lui dire).

Je le sais, je le sens, quelque chose ne va pas.


Des câlins spontanés, dictés par l’envie et le désir, on glisse petit à petit vers les câlins dictés par le calendrier. Pour le moment, je ne dis rien, je me mets la pression toute seule, j’écoute mon corps qui me dit « ça y’est, c’est le moment faut y aller ».
Oui, mais… Oui, mais quand on sait qu’on DOIT le faire PARCE QUE c’est la bonne période, forcément, l’élan de désir manque de spontanéité et ça se ressent. Psychologiquement, c’est dur, on se fait des nœuds au cerveau, on a toujours cette petit voix dans notre tête qui nous dit « je DOIS tomber enceinte (parce qu’on en a très envie, qu’on se le dise), il FAUT faire l’amour car c’est le bon moment… »


Que dire de la 2ème partie de cycle où le moindre symptôme nous met la puce à l’oreille, où le moindre retard  fait bondir notre cœur…
On cherche des signes n’importe où on s’imagine tout pour se rassurer… Et puis, on se raisonne, le temps passant, on se fait à l’idée que ça ne sera pas cette fois-ci mais on a quand même ce petit espoir caché au fond de notre cœur « tant que les règles ne sont pas là… ».

Combien de tests pipi j’ai pu faire, combien de fois je me suis retrouvée à le regarder en pleurant de rage, de colère, de déception… Combien de fois j’ai regardé avec envie et jalousie ces femmes avec leurs gros ventres ???


Je me sens le ventre vide, le cœur vide, je n’arrive pas vraiment à exprimer cette douleur sourde tapie au fond de moi, qui ne demande que peu de choses pour venir me tourmenter. Pourquoi, moi ?  Je cherche des réponses, qu’est-ce que j’ai pu faire pour mériter ça ? Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? Et si le problème vient de moi, si mon homme me quitte à cause de ça ? Pourquoi, et si, comment ???
Je ressasse toutes ces questions sans arrêt dans ma tête.
Et que dire des diverses réflexions  du genre « c’est ds la tête, ça viendra quand t’y penseras plus » ou encore « ben alors, vous avez perdu le mode d’emploi » ?
Petit à petit, l’idée fait son chemin dans notre couple « y’a un problème »…



Episode 2 : le 1erpas

Et puis,  la décision est prise : aller consulter mon gynéco habituel.  Rendez-vous pris, j’expose le problème. Il l'est pas très causant, me dit « faut faire le test de huner ». Sachant que j’ai une ovulation capricieuse et que ce test  se fait pendant l’ovulation, y’a déjà un hic….
Je me rappelle encore du « déroulement » de ce test . J’ai dû rentrer du boulot entre midi et 2 pour copuler  faire l’amour et la cata, limite si on ne s’engueule pas, on bloque l’un comme l’autre, tout se fait dans la colère, les pleurs et la précipitation… Je me sens humiliée de devoir faire cet examen, mon homme se braque, le prend très mal (pas sur l’examen en lui-même mais sur le côté programmé). Bref, très mauvais souvenir qui est pourtant encore très présent dans mon esprit.

3 jours plus tard, direction gynéco pour les résultats.
Et là, grosse claque ! Commentaire « y’a pas de spermatozoïde c’est inquiétant » !!

Sous le choc, je ne sais pas quoi dire et je ressors du gynéco complétement déstabilisée et avec cette peur qui me noue les entrailles « sans spermatozoïdes, pas d’enfants » ! Et cette peur viscérale qui vous retourne dans tous les sens, qui vous prend aux tripes « et si je ne peux pas être maman » ?

Après réflexion, je m’oriente vers un autre gynéco, spécialisé dans l’infertilité (et qui deviendra, pour le meilleur et pour le pire, mon nouveau «  meilleur ami » pendant plus d’un an !).

Janvier 2007, on met le pied dans la PMA. Cette fois-ci, plus d’échappatoire, il y a toute une batterie d’examens à faire : diverses prises de sang pour le taux d’hormones, spermogramme pour mon homme, hystéro machin chose truc (qui s’est soldée pour moi par une allergie à l’iode avec  un petit tour aux urgences  à la clé !) .

Juillet 2007, tous les examens ont été fait, le verdict tombe : mauvaise ovulation « dysovulation » pour moi et glaire de mauvaise qualité. Le traitement ? Des piqûres durant la 1ère partie du cycle (Gonal) avec prise de sang et écho régulières (tous les 3 jours) pour voir l’évolution, puis déclenchement de l’ovulation par une autre piqûre (ovitrelle) et ensuite, sous la couette !!!!

On (ou plutôt je) ne réalise pas vraiment ce qui nous attend. Bon, ma 1ère angoisse, les piqûres, je déteste les aiguilles et je dois (oui, oui, moi toute seule comme une grande) me piquer moi-même avec des seringues pré remplies. Je demande le secours de mon homme qui va gérer cette partie du traitement « avec grand plaisir ».

L’été passe, avec malgré tout, toujours cet espoir qui me fout en l’air quand les règles arrivent… Le moral est pas tip top, la libido, on n’en parle même plus, elle est inexistante car pour moi faire l’amour = faire un bébé or comme j’ai des problèmes, à quoi ça sert de faire l’amour ?

Je n’arrive plus à concevoir l’idée de faire l’amour par plaisir et envie. Et en plus, les rares fois où j’arrive à me laisser aller, j’ai toujours cette petite voix qui me dit « est-ce que c’est la bonne période »  ou alors « bon, je suis en ovu (enfin, je crois) donc il FAUT faire l’amour.

Episode 3 : allez hop, on y va !

Une fois le verdict posé, reste à savoir si on en parle autour de nous et à qui ? Personnellement, j’en parlais volontiers sans forcément rentrer dans les détails. J’ai dû mettre mon employeur au courant car les prises de rendez-vous du gynéco n’allaient pas forcément me laisser le choix de l’horaire.

Septembre 2007 : ça y est, la machine est lancée, les piqûres ont démarrées. Mais… Oui ?, mais, y’a quelque chose d’étrange, j’ai des bouffées de chaleur, le cœur qui tape, je me sens, je sais pas, comme un mal être sournois qui plane au-dessus de moi sans arriver à dire ce que c’est. Après être allé voir gynéco, on baisse le dosage ( les hormones me jouent des tours). Mais de fil en aiguille, j’arrête le traitement car je fais des crises d’angoisses. Le début du traitement a été l’élément déclencheur de quelque chose qui me menaçait depuis un petit moment suite à une série de bouleversements familiaux dans ma vie.

Mars 2008 : bon, ça y est, les crises d’angoisses sont un « lointain » souvenir, on redémarre le traitement. Tout s’enchaîne, les piqûres, les prises de sang, les échos… Je réagis bien au traitement, l’ovulation est déclenchée et on passe aux travaux pratiques.

Côté soutien, j’ai trouvé un forum formidable, petit par sa taille mais grand par son soutien et son amitié (la CQLB family va se reconnaître !!!)

2 semaines plus tard, le verdict. Pendant ces 2  semaines, j’oscille entre espoir, peur, espoir, peur. Je vis au gré de mes humeurs qui sont de vraies montagnes russes, en un claquement de doigt, je passe de l’espoir au désespoir.

Malheureusement, le 14ème jour, au matin, elles sont bien là…. Bon, ben, ce n’est pas grave, c’est comme d’hab ! Et oui, maintenant, j’entre dans la période où de toute façon, c’est normal que je ne sois pas enceinte. C’est normal que toutes les filles autour de moi (cette année-là, il y a eu 4 grossesses dans ma famille dont ma sœur).
On devient aigri, on a plus envie d’entendre ces femmes (proches ou non) venir nous crier leur bonheur à la figure et ensuite, venir se plaindre de leurs nausées ou autres maux de la grossesse… On s’enferme dans notre bulle de malheur, on se laisse porter par le courant mais de manière blasée et défaitiste…


Avril 2008 : hop, c’est reparti pour un tour. Et là, ça commence mal, je réagis moins bien, en 1 semaine, je vais aller voir mon gynéco 5 fois sans compter que j’ai le droit à une prise de sang toutes les fois !
Et puis encore et toujours ce même résultat, toujours négatif…

Allez, on repart pour un tour… Et là, mauvaise nouvelle, au vu de mes derniers résultats « pas fameux », si pour ce cycle rien, on passe en IAC c’est à dire insémination artificielle. Là, je me prends une grosse claque, le moral est au plus bas ! On passe de la stimulation simple aux IAC puis après, ça sera quoi, les FIV et puis après, plus rien ?

Je remonte la pente tant bien que mal, et attaque un nouveau cycle de piqûre. Je réagis très bien au traitement. "Conditions parfaites réunies" dixit gynéco.

On déclenche, retour sous la couette. Et encore 14 jours d’attente. Et là, ça tourne dans ma tête, là, cette fois-ci, toutes les conditions sont là et si cette fois, ça marchait….
Mais les douleurs significatives des vilaines sont là, je ne me fais pas d’illusion, de toute manière, ce n’est pas possible que je sois enceinte. Le 14ème jour…. Rien, pas de règles…
Mouais, bizarre quand même car la fois précédente, elles ont débarqué pile poil 14 jours après. 15 jours, rien, 16 jours rien…Je ne veux pas faire de test de grossesse, ça a toujours été négatif jusqu’à présent, y’a pas de raison que ça change.

Oui, mais, j’ai toujours pas mes vilaines… Je deviens  chèvre, mon homme souhaite attendre encore avant de faire un test. 17 jours, je pète un plomb, je pars du boulot entre midi et 2 au labo pour faire la prise de sang, j’aurais les résultats ce soir après 17h.

Je n’ai rien dit à personne, autant vous dire que l’après-midi est très longue, je tourne en rond… 17h30 je vais chercher les résultats. On me tend une enveloppe et je ne sais pas comment mais je tiens le coup, je ne l’ouvre pas, je veux le faire avec mon homme.
30 mn plus tard, j’arrive à la maison et je dis en tendant l’enveloppe « j’ai fait une prise de sang, les résultats sont là », je n’ai même pas le temps de préciser que j’ai pas encore regardé que mon homme me l’arrache des mains pour l’ouvrir. Et là…. Je vois tout une liste de taux avec des semaines en face…. Je regarde en haut de la page «  2426UI/L »

Pas d’explosion de joie, on se regarde, je dis à mon homme « je suis enceinte » et puis rien… On se sent bête, on ne sait pas quoi faire ni comment réagir…

Ca y’est, je suis ENCEINTE !! Moi qui attendais ce moment avec tellement d’impatience, ben, on y est… Je me sens perdue, je ne réalise pas, d’autant plus que je n’ai aucun symptômes si ce n’est de la fatigue.
Le 1er mois passe, le 2ème, rien de particulier, pas de symptôme. Puis l’écho du 1er trimestre. J’y vais avec mon homme un peu angoissée mais contente de voir notre petit trésor.

Et là… Le ciel s’écroule…. Clarté nucale très épaisse et œdème généralisé… Problème de trisomie ou cardiaque. Je dois aller faire  une autre écho le lendemain avec un gynéco spécialisé dans les diagnostics anténataux. On ne comprend pas, on ne réalise pas ce qui se passe, on ne veut pas le croire.
Non, pas nous, pas après toutes ces épreuves ! Pourquoi, qu’est-ce qu’on a fait ? Ca tourne dans la tête, je sais pas, je sais plus, je n’arrive plus à croire à cette grossesse…

Le lendemain, confirmation du diagnostic, je dois entrer à la maternité le mercredi pour passer un examen plus poussé, faire un prélèvement du chorion (ce qui donnera plus tard le placenta) pour analyser l’ADN du bébé. Je vous passe les détails des 3 jours. Le jour de l’examen, c’est un véritable cauchemar dont j’ai l’impression de ne pas pouvoir sortir. L’examen se passe mal, j’ai mal, si mal que le gynéco ne peut faire le prélèvement et me dit « il faudra faire une amniocentèse ».

Là, je m’effondre, je pique une véritable crise de nerf, non, je ne peux pas attendre encore 2 mois, sentir le bébé bouger pour qu’on me dise quoi, qu’il n’y a rien à faire et qu’il faut pratiquer une interruption médicale de grossesse ?
Non, non, non, c’est inconcevable ! Sur mon insistance, le gynéco retente le prélèvement. D’un coup, j’entends « il n’y a plus de RC »… Et là, je comprends, le cœur du bébé a cessé de battre. Je ne réalise pas (on m’a donné un anxiolytique) mais je me sens soulagée d’un grand poids, la nature a décidé pour nous. Je dois subir une aspiration / curetage le lendemain mais j’ai le droit de rentrer chez moi.


Le temps passe, j’essaye de cicatriser cette douleur omniprésente au fond de mon cœur, je suis suivie par une psy, j’ai des hauts et des bas. Mais je n’oublie pas ce petit être qui a vécu quelques mois en moi. Dans mon cœur, elle (car on a su que c’était une petite fille) fait partie de la famille, c’est un petit ange qui veille sur nous. Les résultats tombent, aucune anomalie, c’est « la faute à pas de chance »…

Les mois passent, la douleur s’estompe. Puis en octobre, on relance la machine. Cette fois-ci, c’est insémination. On se lance, personnellement, je suis, je sais pas trop, je le fais mais sans espoir ou désespoir, je le fais car « il faut » en passer par là. Et puis, le jour où mes règles devaient arriver, rien.. J’attends quelques jours, je fais un test et bing, positif…
Bon, on ne s’emballe pas, on attend pour voir. J’ai quand même le droit à une hyperstimulation (une dizaine de kystes sur les ovaires qui ont triplés de volume) qui va s’estomper au cours du 1ertrimestre. J’essaye d’être sereine mais l’angoisse reste tapie au fond de moi.

Viens l’écho officielle du 3ème mois, j’ai le cœur qui bat aussi vite je pense que celui de mon bébé. Et puis, là, je le vois et tout va bien, aucune anomalie ! J’ai l’impression qu’un grand poids s’enlève de mon cœur… Je vais profiter de cette grossesse même si à chaque écho (j’en aurais une tous les mois) ma tension bat des records.
Mon petit cœur (je l’appelle comme ça) est prévu pour le 27 août, on ne veut pas savoir le sexe. C’est un bébé très dynamique qui bouge énormément. Il bouge tellement que le 6 août 2009, on part à la maternité car contraction (depuis début juillet, j’avais le col raccourci et ouvert côté interne), à 8h, je perds les eaux et à 10h44, on me pose une magnifique princesse de 2 kilos 610 et 44 cm. Ca y’est, après ce long combat, je tiens enfin notre enfant tout contre moi.


Justine a maintenant 2 ans, c’est une petite fille magnifique qui nous ravit de jour en jour et qui illumine nos cœurs. On se pose la question du petit frère ou pas, j’ai envie, j’ai pas envie mais je ne veux pas refaire de traitement. On laisse la nature faire tout en se disant bien « tu parles, cours toujours… »


Et puis…. Mi-septembre 2011, des signes m’ont mis la puce à l’oreille, je fais un test tout en me disant « c’est pas possible » mais j’y crois un peu quand même… Et puis, en 1 mn, une petite barre s’affiche… 6 ans à quelques jours après avoir arrêté la pilule, après des années de combats et une merveilleuse  princesse, j’attends un « bébé couette » …


Voilà, je voulais juste apporter mon témoignage et mon soutien à tous les couples qui passent par des difficultés et même si vous n’y croyez pas, tout est possible et un miracle aussi !!!

6 juin 2011

Pour Mieux Attendre - PMA et toi?

Il y a des sujets qui me touchent. Beaucoup. Parce qu'ils blessent, parce qu'ils me font mal.
Je n'ai jamais attendu. Jamais. Le grand est arrivé en trois mois, et les deux autres en quinze jours.
La vie est injuste quand il s'agit de ça, j'aurais volontiers pris des mois d'attente à mes amies qui souffrent. J'aurais voulu en prendre un peu, pour partager la peine.

Il y a quelques années, lorsque je promenais fièrement mon ventre rempli de celui qui allait devenir mon Grand Nain, je parlais beaucoup avec une collègue. Qui allait devenir une amie. 

Quand j'ai su qu'elle attendait un bébé j'étais très heureuse. Quand j'ai appris qu'elle l'attendait depuis presque cinq ans, j'ai eu mal. Mal pour elle de m'avoir vue. Mal pour moi de ne pas l'avoir compris avant.
Encore aujourd'hui, j'ai honte. J'ai honte de ne pouvoir rien faire, j'ai honte de ne jamais savoir quoi dire.
J'imagine à quel point ça doit être difficile. J'imagine mais je ne sais pas. 


Parfois, lorsque j'écris tous ces articles sur ma vie avec eux, je me dis que certaines doivent se sentir blessées. Parce que c'est facile de râler, c'est facile de dire à quel point nos nains sont des boulets. C'est facile de se plaindre, c'est facile d'en rire. 
Ce qui est difficile c'est de ne pas en avoir quand on en veut.  Ce qui est difficile c'est d'attendre, mois après mois, qu'un test soit positif. Ce qui est difficile c'est de ne vivre qu'avec ça, qu'en pensant à ça, tout en ne sachant pas quand.


J'aurais voulu écrire sur le sujet mais je n'en suis pas capable.
Alors j'ai demandé à une autre maman d'en parler. Parce que je sais qu'elle écrit bien. Parce que je sais qu'elle saura dire.
Cet article, je l'ai voulu pour vous, pour toutes celles qui attendent. Pour mes amies et celles que je ne connais pas. Pour vous dire que j'y pense. Souvent. Et que ça me fait mal. Parce que tout devrait être simple.
Je vous l'offre donc, parce que je ne peux rien offrir d'autre que ça.




"Toi là, qui te régales des histoires de nains en pensant "oh punaise! C'est dingue! Elle a installé une webcam chez moi ou quoi?"
Toi qui jubiles et te fends la poire en constatant que chez les autres, finalement, c'est comme chez toi : "nain dans la place, pagaille en masse"... Toi qui te sens l'amie de toutes les mamans du monde parce que tu SAIS qu'elles dorment pas plus que toi et que rien que pour ça, t'as envie de les serrer dans tes bras...

J'te propose un petit feed back... Vas-y! Saute dans la machine à remonter le temps et dégaine tes lunettes trois D... Ton nain a 5 ans, trois ans, 1 an... Ton nain est tout pitit... Ton nain est là, sur ton ventre... Attention, scène violente : ton nain retourne de là où il vient (pardon pour l'image!) : ton nain est dans ton bidon... Ton bidon devient de plus en plus plat (Yes! ;-)  Rêve l 'amie! Et efface aussi les vergetures et le nombril qui sort si tu veux, c'est cadeau!).
Maintenant t'es là, la larme à l'oeil, parce que tu viens tout juste de découvrir que tu vas être maman...

Et avant ? Ben oui avant ! T'inquiète pas... Je ne vais non plus te faire remonter à ta naissance, je vais même pas te demander de me parler de ton enfance (et te faire signer un chèque de trois milliards de dollars kleenex compris, "au revoir à la semaine prochaine"... )
Non! Je vais juste essayer de te parler de cette attente qui se situe juste avant cette découverte là...  Parce qu'avant de pleurer de bonheur, il y a aussi parfois d'autres larmes moins douces... Parce qu'avant d'être maman, il y aussi parfois des mois et des mois qui s'écoulent et deviennent des années... Parce qu'avant d'être maman, il y a parfois un combat... "Faites l'amour, pas la guerre"... OK... mais parfois ça ne suffit pas. PMA me voilà!

Voici donc une histoire de mamans parmi d'autres... ou plutôt d'un parcours de procréation médicalement assistée.
Avant que tu me suives dans les couloirs blafards de l'hôpital, j'vais quand même me présenter un p'tit peu, ça t'évitera de suivre une autre paire de fesses (pardon, chemise de nuit d'hôpital version très décolletée de l'arrière train).

Nous voilà donc 4 ans en arrière (promis, c'est la dernière fois que je te fais du flash back)...  Chouchou et Loulou, 23 et 25 ans, ont franchi un grand pas! Ayé ! Fin de la pilule !!!! Youhou !
Danse de l'impatience, du secret bien gardé, danse de la joie (et du golo golo aussi...) ...
Et puis les mois passent... Chaque fois, la déception devient plus grande... Et chaque fois, Chouchou se demande ce qu'elle foire puisqu'elle a l'impression qu'elle vit dans un monde où TOUTES les femmes sont enceintes... sauf elle.
Au bout de 6 mois, elle va même voir une gynéco qui l'envoie bouler sans ménagement... "Revenez si vous n'êtes pas enceinte dans un an et demi". "Un bébé vient quand il veut... Pas quand vous, vous le voulez." Soit... Elle pleurera alors souvent par la suite en se disant que peut-être bien que si aucun bébé ne veut venir, c'est parce qu'aucun bébé ne veut d'elle et loulou comme parents...

Mais ça, c'est en fin de cycle... En début de cycle, elle a plutôt déployé l'artillerie lourde !

Voici donc une série de trucs et astuces ridicules et totalement inefficaces testés pour toi  :

1) Les calculs précis et méthodiques... Les chiffres, les relevés de température, les probabilités calculées à partir des statistiques des mois précédents... Un truc bien carré à la limite de la comptabilité...
Résultat : nul... avec une baisse de motivation évidente sur tous les fronts!  La comptable finit par être virée... A ce rythme, c'est pas dit que Loulou finisse pas par loucher sur la secrétaire!

2) La méthode Coué! L'auto persuasion! L'hypnose dans un miroir... J'suis sûre que j'suis enceinte en fait... Parce que j'sens bien que... rien en fait! Juste que j'en ai très envie... Mais quand même, j'suis sûre que j'suis enceinte... même si le sang de la défaite a été versé, même s'il ne se passe rien de spécial (et justement d'ailleurs!) ... Bref...
Résultat : nul... avec un effet secondaire très sympa : le retard de règles de 3 semaines... et l'absence de sortie de dame ovule plusieurs semaines durant! Et toc! Vengeance!

3) "Le-j'y-pense-pas" issu directement de la méthode populaire très connue "t'y-penses-trop, c'est-pour-ça-que-ça-marche-pas, penses-y-pas-et-ça-viendra-tout-seul!"
Résultats : nul... avec effet pervers : "putain, merde, j'y ai pensé là... Merde!!! Merde! Merde!!! Ca m'a foiré l'truc du coup! Putain!!! Encore raté!" Une bonne lobotomie finalement et ça devrait le faire sans souci!

4) Les acrobaties de Monsieur Sutra, Kama de son prénom... Mais il est noté clairement dans le règlement des blogs que "les contenus illicites ou obscènes sont interdits"... Donc je respecte le règlement! Pas de détails! ;-)
Allez... Un quand même parce que celui là ne fait pas partie de la batterie de la dynastie Sutra!
Le poirier et ses déclinaisons multiples selon la fatigue du moment : la chandelle, le gros coussin (pour une meilleure circulation du sang dans les jambes bien sûr!)...
Résultats : nul... Mais une approche du mépris du ridicule intéressante et à méditer! 



5) Les privations et punitions des troupes paresseuses!
Quand on a connu le manque... On devrait être capable de se motiver davantage! L'agressivité devrait monter dans les rangs... La promiscuité devrait commencer à être pesante pour tous...
Résultats : nul... Visiblement, ça a simplement renforcé les liens entre les p'tits soldats qui sont devenus copains comme cochon... et ont refusé d'avancer, se cédant sans cesse la priorité. On est bien contents pour eux et on leur souhaite... de tous mourir dans d'affreuses souffrances!

6) La distribution gratuite de vitamines à tout le monde!
Puisque la solution précédente n'avait pas fonctionné... Zou! Au diable l'avarice! "On est potes, on s'aime, *peace and love*, tiens mon frère, prend ça, tu verras, ça va te faire du bien, tu vas te sentir un surhomme! "
Résultats : nul... Paraît que si, ça leur a donné des forces! Les parties de cartes entre p'tits soldats du flagelle ont duré jusqu'à des heures incroyables! Dame ovule en a fait une toute une histoire : elle pouvait même plus dormir tranquille!

Toutes ces stratégies époustouflantes ayant étonnamment échoué, chouchou et Loulou se retrouvent finalement de nouveau face à une gynéco. Cette fois-ci, entre deux kleenex, Chouchou récupère une ordonnance.... O joie, ô bonheur ! Que d'amusements en perspective !
Côté Loulou, il y a ... Le rdv d'amour magique avec des p'tits tubes à essai... Tu sais ? Le truc top glamour dont on rigole niaisement quand ça passe dans une série télé... Ben pareil... Mais en vrai! J'te laisse imaginer le côté glauque quand t'es en salle d'attente... et que tu sais que tous les hommes qui sont là et qui vont disparaître par cette petite porte sont là pour la même chose...
Et en plus, comme le tube à essai est jaloux de la relation que Chouchou entretient avec Loulou, il demande l'exclusivité. 3 à 5 jours avant...  pas question de batifoler ailleurs pour Loulou. Concentre toi sur les charmes (cachés) du p'tit tube. Chouette.

Côté Chouchou : hormis les courbes de température (classique ça Chouchou!), on veut vérifier quand même par écho que Dame ovule fait bien des apparitions régulières et que ses deux maisons (les ovaires quoi! T'as vu? Je te fais réviser tes cours de bio l'air de rien!) sont présentables.
Voilà donc Chouchou en rdv chez l'échographe... Elle rentre timidement dans une salle d'attente bondée... de gros bidons qui doivent se demander pourquoi elle est là avec son ventre tout plat, tout vide... Elle, elle sait plus où poser ses yeux pour pas chialer. Ca, ça doit être un signe de reconnaissance de la nana qui en bave pour faire un bébé... Cherche pas qui c'est : c'est celle qui a les yeux qui piquent dès qu'elle voit un gros bidon, qui sourit à ton bambin en pleine crise de nerfs... et qui bredouille une excuse bateau quand tu lui demandes "et toi? C'est pour quand?"
Chouchou attend donc nerveusement son tour. Elle a fini par plaquer son sac contre elle, histoire d'éviter les regards interrogateurs et contemple le sol avec attention.

L'échographe l'appelle sans la regarder et raccompagne sa patiente précédente à la porte. Chouchou entre dans la salle et s'assoit. Grosse erreur. Elle se fait rappeler à l'ordre à la seconde où la charmante dame passe la porte :
"bah vous auriez pu commencer à vous déshabiller, hein!"

Chouchou rougit. Elle pensait que dire bonjour n'était pas une perte de temps. Elle pensait qu'on allait lui expliquer quelque chose avant de farfouiller entre ses cuisses (écho pelvienne bien entendu). Que nenni ! La prochaine fois, elle saura. Ca tombe bien, elle doit revenir le lendemain... et le surlendemain aussi... En fait, jusqu'à ce que dame ovule fasse son apparition.
Chouchou aura donc la chance de montrer son charmant postérieur (et plus sans affinités) à tous les échographes du cabinet. Certains étant heureusement plus aimables que d'autres.
En tout cas, le réflexe de Pavlov tend à se vérifier. Dès que Chouchou voit une blouse blanche, elle commence à se déshabiller. Faudra quand même qu'elle se méfie : chez le dentiste, ça peut faire mauvais genre!

Comme Chouchou et Loulou sont sympas, ils ont aussi testé pour toi le test de Hühner... Comment ça ? Tu ne connais pas le test de Hühner ? Mais tu ne sais pas ce que tu rates!!!
Le test de Hühner (ou test post-coïtal : avoue que tout de suite, ça fait moins rêver!) c'est le top du romantisme!

Le principe ? Fastoche ! T'essaies de deviner avec ta gynéco-marabout la date à laquelle dame ovule pointera son nez... Tu prends un ou deux jours d'avance sur elle pour la doubler et tu files un rencard aux p'tits soldats en leur faisant croire qu'elle sera là (PIEGE !!! )... Attention hein! Faut être précis ! T'as une fourchette pour les horaires hein ! Tu fais pas ton p'tit truc comme ça, tranquille à l'envie hein?!! Ce serait trop facile !
Donc en gros, tu convoques les zozos à une heure précise en ton antre et ensuite, tu cours chez ta gynéco pour une journée "portes ouvertes" !
Et là ... Je pense que vous commencez à saisir la beauté de l'instant ! :-)

La gynéco farfouille à l'intérieur, fait son shopping, elle court dans les rayons avec son p'tit sac pour faire les meilleurs affaires du moment : faut profiter des soldes ! Et enfin elle finit par sortir.
T'as le droit de te rhabiller pendant qu'elle va examiner à la loupe ses p'tits achats coups de coeur.
Elle prend son temps et toi, t'attends, comme une conne, le coeur battant qu'elle revienne en te disant "trop bien! j'ai fait des super(s ???) affaires !" ... Sauf qu'elle revient avec la tête de celle qui s'est bien fait arnaquer en achetant une belle daube à prix d'or ! Et elle confirme : "bon ben... C'est négatif..." ce qui signifie pour les non initiées : j'ai pas trouvé de spermatozoïdes. Le but étant de voir comment les zozos se comportent à l'intérieur de ton toi, forcément, quand t'en trouves pas, c'est un peu chiant!

Mais elle rajoute guillerette : "... mais c'est pas grave! Ca veut pas dire qu'il n'y en a pas, hein! Rassure toi!'  Ah ben ça va alors! Allez : fais péter ta boîte de kleenex! Promis, la prochaine fois, c'est moi qui régale.

J'te passe les milliards de prises de sang qui génèrent des milliards d'enveloppes de résultats qui font de toi une phobique de la boîte aux lettres tellement tu flippes en traquant le p'tit chiffre qui sort des normes inscrites par le labo... Un petit ,000000000001 au dessus ou en dessous et ça y est, ta journée est foutue.

Parce que finalement, tu finis par être fixée quand t'as les résultats et que c'est pas bon... mais alors pas bon du tout... Tu ne formes plus qu'une flaque sur le bureau de ta gynéco (qui doit regretter de ne pas avoir pris des actions Kleenex). T'entends dans un brouillard les explications, les encouragements, les perspectives... T'es à moitié là en fait... Tu captes vaguement le mot FIV et tu repleures de plus belle. Parce que tu le redoutais ce mot là... Parce que t'as l'impression que t'es la seule au monde à ne pas être capable de faire un bébé toute seule, enfin, à deux quoi! Et la suite te montrera qu'effectivement, quand on passe par la case FIV, ton bébé, t'as parfois l'impression que c'est 3, 4, 5, 6 personnes qui sont en train de le faire pour toi.... et c'est pas simple à digérer....

D'ailleurs, entre le jour où le mot a été prononcé et celui où Chouchou et Loulou ont pris rdv avec une gynéco spécialisée en PMA, il s'est écoulé plusieurs mois... Parce que c'est pas une évidence d'accepter que son bébé ne se fera pas sous une couette (ou sur un canapé... Où tu veux après tout!) mais dans un labo. A moins d'être passionné de sciences, tu avoueras que ça fait pas rêver.

Avec tous les bilans médicaux, l'agenda de Chouchou se remplit vite ! Elle est surbookée ! Prises de sang par ci, gynéco par là, échos au passage... Quand elle ne tend pas un bras pour se faire piquer, elle remplit des papiers administratifs. Une demande de prise en charge par sa sécu (et là, je dois dire que Chouchou et Loulou sont reconnaissants d'habiter en France... Parce que financer tout seuls une FIV, ils n'auraient pas pu...), des autorisations, des questionnaires médicaux, des attestations... Elle signe, remplit les petites cases, fait des chèques...
Rappelle sa sécu pour vérifier où en est sa prise en charge... et un monsieur lui confirme que c'est bon : "moi sur votre dossier, j'ai une prise en charge du 27 août 2007 jusqu'au 27 août 2012 pour STERILITE"... Chouchou pleure encore un p'tit coup en se disant que si elle est encore là dans 5 ans, elle va craquer...

Quand elle a rdv au labo de PMA avec le biologiste qui va s'occuper de la grande rencontre entre ses ovules à elle et les spermatozoïdes de Loulou, elle le regarde un peu comme Dieu le père... et son regard glisse pas discrètement du tout sur la centaine de faire-part de naissance accrochés à son mur. Elle y croit. Elle et Loulou signent encore des dizaines de papiers... Chouchou s'arrête quand même sur certains mots "congélation" notamment. Elle vérifie qu'on n'est pas en train de lui refiler un frigo américain... A vrai dire, elle n'a plus vraiment envie de tout savoir maintenant. Les images sont trop réelles, trop précises. On lui montre les cellules, les p'tites boîtes dans lesquelles les embryons se développent... Comment se passe la rencontre... Elle a l'impression d'être dans un univers de science fiction. Elle est reconnaissante de tout ce qu'on fait pour elle, mais elle aimerait bien garder un tout p'tit peu de magie dans sa tête... Garder ses images à elle plutôt que celles qu'on lui exhibe fièrement. Mais elle opine de la tête consciencieusement...

Et puis enfin, ça y est! Les examens sont terminés : une date est fixée. Un mois plutôt! Chouchou et Loulou sont "programmés pour décembre". En attendant, on leur dit de profiter des quelques semaines qui les séparent de la fiv. Chouchou en profite surtout pour se lancer à corps perdu sur les forums. Elle discute, suit les avancées de plusieurs bloggeuses, pleure, rit avec elles... Espère.

Elle achète le traitement pour sa fiv à la pharmacie... sans griller les étapes.
 ordonnance PMA  : quelques bricoles


 Elle ne veut pas se retrouver avec des médicaments qui ne lui serviront à rien si elle doit s'arrêter en cours de route (au prix des médocs, elle ne veut pas être responsable de la ruine de son pays !) Parce qu'une fiv ne va pas toujours au bout... Elle peut s'arrêter à tout moment. Chouchou le sait et n'anticipe rien. Elle compte les étapes :

1) Le traitement pour "bloquer" l'ovulation naturelle...
2) La stimulation
3) Le recueil des ovocytes
4) La fécondation avec l'espoir d'avoir des embryons
5) Le transfert d'un embryon
6) Le test de grossesse

1)Le blocage de l'ovulation ? Une grosse piqûre dans les fesses... qui coûte la bagatelle d'une centaine d'euros! Rien que ça! Chouchou apprécie l'instant : des dizaines d'euros dans ses p'tites fesses, on va quand même pas se permettre de chougner hein? Elle redoute un peu les effets secondaires... L'équivalent d'un début de ménopause, rien que ça. Loulou l'appelle mamie et ricane le traître!
2) Chouchou ayant passé brillamment cette première étape, elle attaque la stimulation!
Quand elle installe une cartouche d'hormones dans une sorte de gros stylo dont la mine est une petite aiguille, elle se sent un peu vache de concours. Sauf que la vache, c'est pas elle qui se fait sa piqûre! Le premier soir, Chouchou est prête... Un oeil sur l'horloge (pour pas rater l'heure), l'autre sur son p'tit bourrelet de ventre, elle tient fermement le stylo magique et se pique vaillamment... 

design le stylo !!!!

Les soirs suivants, elle n'hésite pas plus mais se rend compte que même dans un bourrelet, il y des zones plus sensibles que d'autres. Son ventre est customisé de points mauves ou rouges plus ou moins gros.

Chouchou est fatiguée... Elle se lève tôt pour traverser la ville dans un sens le matin et être à 7h au labo où elle a une prise de sang par jour. Elle retraverse dans l'autre sens pour être à l'heure à son boulot. L'après-midi, à la récré (Chouchou est instit'), elle téléphone aux secrétaires de sa gynéco PMA pour connaître la dose à s'injecter le soir...

La stimulation fonctionne bien. Chouchou sent son ventre qui pèse plus lourd que d'habitude. Elle gonfle...
Chouchou doit maintenant ajouter une écho en plus à sa prise de sang quotidienne. Elle doit demander des autorisations d'absence par demi-journées. Ses collègues s'interrogent... Et chouchou se sent obligée de leur expliquer même si elle n'en a pas vraiment envie.

3) Le grand jour arrive. Chouchou a bien travaillé. Les ovocytes sont mûrs à point et la grande récolte est programmée.
Chouchou est installée dans une chambre de la clinique avec 3 autres jeunes femmes présentes pour la même chose. Elle est number three. On lui a demandé d'enfiler une charlotte, des p'tits chaussons et une chemise de nuit qui comme toutes les chemises de nuit d'hôpital laissent voir son postérieur (charmant au demeurant, mais quand même!). Loulou lui, est au labo. Il doit remplir son p'tit tube...
Chouchou a la trouille. Quand on l'emmène sur un brancard, elle n'arrive plus à se contenir. Elle pleure comme une madeleine. Elle demande à ce qu'on l'anesthésie rapidement parce que plus on lui parle, plus elle ruisselle.  

achevez moi ! Vite !


Quand elle ouvre les yeux, elle est tellement dans le brouillard qu'elle a du mal à émerger. Et pourtant, elle a UNE question à poser... COMBIEN ?

C'est LA question des nanas qui viennent de subir un recueil d'ovocytes! Quand on lui annonce 21, Chouchou esquisse un sourire. Elle se rendort apaisée. 21... Ca semble dingue quand même non ? 21 ovocytes... l'équivalent de 21 cycles normaux... Avec le recul, Chouchou se demande si elle sera ménopausée 21 cycles plus tôt du coup... Mais là, elle n'en est pas là... Elle croise les doigts pour la suite.

4) Loulou a bossé dans son p'tit coin aussi... Et la grande rencontre se fait à l'abri des regards sous le contrôle du biologiste tout puissant.
Chouchou et Loulou téléphonent le lendemain au labo de PMA. On leur annonce : 21 ovocytes recueillis, 17 mis en fécondation, 15 embryons...
Ca semble irréel. Chouchou sait que ça ne veut rien dire... Qu'il faut encore attendre quelques jours pour savoir si les cellules continuent à se diviser. Elle attend encore le coup de fil qui lui demandera de venir à la clinique pour le transfert.

5) Le labo a appelé. Chouchou et Loulou sont là, dans un couloir qui jouxte la maternité... Ils reconnaissent un couple et se saluent timidement. La tension est palpable. On les fait entrer dans une petite salle et Chouchou est allongée en position gynéco, un drap sur les jambes. La gynéco arrive, pratique le transfert, souhaite bonne chance et quitte les lieux. Chouchou et Loulou doivent rester là une demi-heure... Le biologiste passe la tête par la porte et souhaite bonne chance à son tour... Chouchou et Loulou sont émus.
Ils rigolent quand même bêtement parce qu'ils ne savaient pas qu'on pouvait amener un CD pour patienter... Du coup, on leur a mis de la musique... Et c'est Carla Bruni/Sarkozy qui gratte sa guitare! Chouchou qui voit d'habitude des signes du destin dans le moindre plat de purée préfère s'abstenir de chercher une signification à tout ça.  
 "c'est quelqu'un qui m'a dit qu'on ... avait oublié notre CD, bordel!"

D'ailleurs les aiguilles tournent et il faut quitter les lieux. Chouchou descend en grimaçant de la table... Depuis quelques jours, son ventre a gonflé et elle mal au point de ne plus pouvoir se baisser ou bouger comme elle le souhaite. Loulou l'aide à se rhabiller. Ils quittent la clinique avec un sentiment étrange... Chouchou marche doucement... On a beau lui dire que ça ne changera rien, elle ne veut pas faire de mouvements brusques. Elle sait qu'il y a un p'tit bourgeon de korrigan dans son ventre... Elle voudrait tellement qu'il s'accroche !

Les jours qui suivent seront les plus longs de leur existence. Chouchou ne travaille pas et le temps semble s'être arrêté. Elle compte les jours avant la prise de sang qui lui dira si elle va être maman ou non... Elle dort très mal... Il faut dire que son mal de ventre empire. Elle passe du rire aux larmes... Elle cherche des signes pour deviner ce qui se passe dans son bidon... Elle peut y croire une heure et passer la suivante à sangloter en se disant que c'est foutu. Chouchou se dit que ses émotions ont aussi dû être dopées aux hormones.
Noël passe et elle a le ventre si gonflé qu'elle ne sait pas comment le planquer pour éviter d'avoir à répondre à des questions de sa famille éloignée. Elle a du mal à rester assise et rentre dès que le repas est terminé.

6) C'est le jour j. Chouchou a cauchemardé toute la nuit et maintenant elle va faire sa prise de sang. Dans quelques heures, elle sera fixée. Il y a des décos de noël partout. C'est la fête mais Chouchou est liquéfiée par la peur.
C'est Loulou qui ira chercher l'enveloppe. Elle, elle reste blottie dans son canapé et textote sa meilleure amie pour tenter de se détendre un peu...
Chouchou déchire l'enveloppe... Loulou ne peut pas. Elle lit : BHCG 133. Elle met quelques secondes à réaliser... C'est positif! Chouchou est en larmes...

Loulou a du mal à y croire. Il arpente le salon en demandant à Chouchou si c'est sûr... Il préfère attendre que la gynéco lui confirme...

Ben oui... Parce qu'après avoir été tant suivis, tant coachés, on oublie qu'on peut s'en sortir sans médecin...  Les jours suivants, Chouchou gagne d'ailleurs une nouvelle consultation en urgence à l'hôpital... Elle fait une hyperstimulation... Son ventre est plein de flotte... Elle gagne une dizaine de jours de piqûres d'anticoagulants en bonus : ça tombe bien! Ca lui manquait!
Mais c'est fini... La PMA est derrière elle... Devant elle, il y a à présent une grossesse comme celles de toutes les mamans du monde.... et au bout un p'tit korrigan qui lui fera dire que "c'était dur, mais ça valait le coup"... Vraiment.

Ironie du sort, 9 mois après, Chouchou sera de nouveau enceinte... Une petite soeur arrivée là toute seule... Cette grossesse finira de guérir Chouchou de toutes les blessures de ce parcours... pour de bon!

De la PMA, il nous reste quelques papiers que je n'ai pas jetés... Des rencontres de filles passées par là... Un respect pour la vie privée d'autrui à qui je ne demanderai jamais "et vous ? C'est pour quand ?" parce que je sais combien cette question peut faire mal.... De la reconnaissance pour certains médecins, biologistes, échographes... Du mépris pour d'autres qui oublient qu'ils n'ont pas juste un utérus en face d'eux. Je me souviens d'une échographe qui félicitait ses patientes quand les ovocytes avaient grossi et les disputaient quand les résultats étaient mauvais... comme si elles étaient responsables...

Et puis... chaque année... Une petite lettre du labo de PMA... pour les frais de congélation de deux embryons! Si, si... C'est glamour hein? ;-)
Alors chaque année, on fait notre petit chèque... en se demandant comment se passera la suite... et quelle suite il y aura. Le roman de la PMA n'est pas terminé.

Merci Marie de m'avoir proposé de témoigner sur ce sujet...  Pardon d'avoir été longue... Je pensais que je saurai être plus drôle, plus légère... Je ne l'ai pas été jusqu'au bout! Les souvenirs sont remontés et j'ai été un peu submergée... A défaut, j'aurais été vraie..."
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