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5 août 2013

Je te prête mon blog (8) - Dans les yeux de Tanh

Il est des blogs qui nous touchent plus que d'autres. C'est le cas de celui de Nathalie qui raconte avec des mots choisis et un amour merveilleux les aventures de Tanh, son fils.
Maman de 4 enfants, elle a depuis 18 mois auprès d'elle son petit dernier de 5 ans, Tanh, né d'une autre mais immédiatement autant à elle que si elle l'avait porté.
Son blog Dans les Yeux de Tanh est une pépite. A lire et à aimer. Voilà deux textes, parce que je n'ai pas su choisir...



Abécédaire du parent adoptif. A comme Adoptie

Pour beaucoup de gens, adopter quelque chose se résume à adopter un chien ou un chat à la SPA, adopter un projet de loi ou adopter une bonne hygiène de vie,  qui reste la résolution N°1 du plus grand nombre le 1erjanvier au matin.

Pour les plus jeunes, adopter c’est AdopteUnMec. Oui, on n’est pas sur la même longueur d’ondes. Une question d’âge sans doute.

Pour vous qui rentrez en Adoptie (pays de l’adoption) rien ne sera plus comme avant. Terminé. Foutu.

Commencer une procédure d’adoption c’est tomber en  Adoptie, comme on tombe amoureux, ou comme on tombe malade. Un peu comme celui qui serait tombé dans le chaudron et aurait bu toute la potion. La moindre allusion à l ‘adoption vous fera dorénavant tourner la tête, dresser l’oreille, vous envoler quelque part tout en restant là. Exercice étrange s’il en est. Et assez difficile au demeurant. Tout comme une femme enceinte voit des femmes enceintes partout, vous allez entendre ce mot des dizaines de fois par jour.

Vous allez apprendre toute une gamme de nouvelles définitions pour des mots banals. Projet n’aura plus jamais la même consonance, ni mère, pas plus fratrie, particularité, coca ou attachement. Voilà c’est dit.

Tout dorénavant va prendre une autre couleur, un autre goût. Miel ou chocolat, vanille ou caramel ne seront plus jamais des parfums de crème glacée. Plus jamais vous ne regarderez non plus  le soleil se lever puis se coucher de la même façon. De la salle d’attente chez le médecin vous ne retiendrez que le mot attente et vos futurs voyages n’auront plus qu’un horizon : celui vers lequel vous emmènera votre dossier. Et justement, le mot dossier ne sera plus jamais anodin dans votre bouche.

Plus jamais non plus vous ne regarderez Superman, Steve Job, Moïse ou certains personnages de dessins animés de la même façon. Certains soirs vous vous surprendrez à regarder des émissions militaires racontant le parcours du combattant juste parce que vous voudrez comparer vos parcours avec ceux de ces militaires crapahutant dans le désert. D’autres fois ce seront des émissions animalières uniquement pour envisager la vie du côté de l’éléphante et de la longueur de sa grossesse.

Parfois vous aurez l’impression d’être assis dans une grande roue, vous serez tour à tour euphorique ou nauséeuse. Ou bien vous imaginerez vous dans un embouteillage à l’échelle planétaire. Un embouteillage sans fin. Vous penserez d’autres fois être les passagers du vent, et parfois vous ferez le gros dos quand la mer sera agitée. Vous apprendrez quelques mots dans des langues étrangères dont vous n’aviez jamais entendu la moindre sonorité et vous deviendrez incollable sur la géographie d’une certaine partie du globe. Vous vous découvrirez des amies ou des presque sœurs partout autour du monde, et internet revêtira désormais une mission d’une importance capitale : vous raccorder à votre monde. Celui de l’adoption. 

Bon voyage en Adoptie.



C'est quand qu'il a commencé à t'aimer?


Il y a des questions saugrenues. Des questions auxquelles on ne répond pas, mais qui nous courent après et qui s’accrochent à nos chaussettes malgré le temps qui passe. Il y a des questions que je ne me suis jamais posées. Celle là en fait partie. Tout comme, c’est quand qu’on arrête d’aimer, ou c’est quand que la vieillesse arrive ?
Moi je sais pertinemment quand j’ai commencé à l’aimer. Le premier jour. C’était en 2008 au Cambodge, c’est là, que la première fois, j’ai senti son souffle dans mon cou. C’était à Angkor. 

J’ai eu comme un vertige, la première fois. Encore aujourd’hui je suis capable de ressentir les émotions ressenties alors. Je me souviens aussi de la deuxième fois. C’était le dernier jour de ce même voyage. Devant l’incompréhension de ChériChéri face à mes larmes son air inquisiteur et quelque peu inquiet, je savais déjà. C’est ce jour là que j’ai commencé à changer jusqu’à devenir sa maman. C’était le 5 mars 2008. C’est à ce moment là que j’ai commencé à l’aimer. Et je n’ai jamais arrêté. J’ai continué à l’aimer le jour où le téléphone a sonné m’annonçant son existence, le premier jeudi où j’ai vu sa photo, le jour où nous avons donné notre accord sur le parvis de St Sulpice dans une lumière céleste, et aussi quand j’ai croisé son regard sur le parking de Ba-Vi, et qu’il a planté son œil marron dans le mien, certain qu’il y trouverait les réponses que je ne connaissais pas encore. C’est aussi  chaque matin qui débute et que je recommence à l’aimer plus fort que la veille. J’ai commencé à l’aimer de cet amour qui ne s’efface pas quand les années passent et que les petits s’estompent pour laisser la place aux grands qu’ils sont devenus. Mais là n’est pas la question semble t-il…

C’est quand qu’il a commencé à m’aimer ? Lui.

 Je n’en sais rien.

Peut-être était-ce dans cet échange de regard ce jour là, notre premier jour ensemble. Dans ma main qui le tenait pour partir en balade ou quand ma main, encore elle,  lui caressait le crâne aux cheveux courts. Est ce le jour où je l’ai pris contre mon cœur et l’ai serré aussi fort qu’il pouvait le supporter, jusqu’à ce qu’il arrête de pleurer silencieusement ? Est ce la première fois où je l’ai grondé et où je lui ai fait comprendre que je l’aimais tellement fort que je ne le laisserai pas devenir quelqu’un dont je ne puisse être fière. Est-ce ce jour là qu’il a commencé à m’aimer ?

Est ce le jour où il a été tellement malade qu’il a pensé que je ne resterai jamais près de lui aussi longtemps, ce jour où je lui ai murmuré que ce n’était pas grave, que j’étais là, qu’il avait le droit d’être malade. Ou bien un de ces premiers matins où il n’osait pas se lever et restait sagement assis dans son lit à regarder ce qui l’entourait, ces matins là, où il savait que je n’étais pas loin et que, pour peu qu’il bougea légèrement, j’arriverai dans la seconde.

C’est peut-être les jours où je ne sais plus, les jours où je lui fais confiance et qu’il mène la danse de son sourire bizarre qu’il apprend à gommer pour un autre, plus conventionnel dans notre monde occidental. Ou bien est-ce les jours où je sais où l’on va et que je lui dis qu’ensemble ce sera mieux.

C’est quand qu’il a commencé à m’aimer ?

La première fois qu’il m’a dit je t’aime, ou la première fois qu’il m’a demandé pourquoi nous étions allés le chercher, lui et pas un autre ? 

La première fois que je suis revenue le chercher à l’école ou bien la première fois où je suis arrivée en retard  et qu’il m’attendait derrière la vitre

C’est quand qu’il a commencé à m’aimer ?

Le jour où le mot maman s’est invité sur ses lèvres, doucement, sans faire de bruit. Le jour où il a invité les mots « je t’aime » à rejoindre mes oreilles.


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