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14 nov. 2013

Un AAD - récit d'accouchement


Ce matin, comme pour m'achever après une énième nuit moisie, j'ai relu ce récit d'accouchement.
Evidemment, j'ai chialé.
Suis-je la seule à pleurer quand je lis des récits d'accouchement?
Peu importe, ça fait du bien, ça rappelle et loin d'éveiller en moi de la nostalgie (ni même une quelconque envie de recommencer), je ne peux m'empêcher de me dire que ces moment-là sont ancrés en nous. De manière floue parfois, ou bien justement très réelle, dans les détails et dans les odeurs.
Ces moments-là nous accompagnent. Ils ne sont pas les seuls, bien entendu. Ils ne sont pas toujours positifs. Mais nous vivons avec eux. Comme une partie de ce qui nous lie à nos enfants.
 






Pour commencer j’aimerais dire que j’étais une mère parfaite, une mère idéale avant d’avoir un enfant ! Je n’avais même pas réfléchi, je serais une super maman avec une poussette au top, des biberons et une petite valise prête à emporter à la maternité dès que les premières contractions se feraient sentir. La maman qu’on voit dans les films.


Mais voilà, lorsque baby Cacahuète s’est annoncé, les choses se sont passées différemment. Déjà, j’imaginais que la femme enceinte était entourée, qu’on allait m’expliquer plein de choses, être bienveillant. Loin, loin de la réalité.


Petit aperçu de ma visite chez ma gynéco sorcière (je sais qu’elles ne sont pas toutes comme ça, bien heureusement):
“Bonjour, nous nous sommes vues il y a quelques semaines car j’avais le projet de faire un bébé… (voix heureuse de la maman, remplie de joie et les yeux plein d’étoiles)
“ Oui et alors ? ça y’est vous êtes enceinte c’est ça ? Ben déshabillez-vous pour un examen. (voix neutre de robot pas content)”


Euh, là ça calme… On appelle pas ça un “heureux événement” ? Je n’attendais pas qu’elle saute au plafond mais j’aurais trouvé qu’un sourire était une réaction plus normale.


Cependant, ce rendez-vous mémorable m’aura permis d’obtenir une documentation régionale avec plein de blabla qui ne sert pas à grand chose et dans laquelle il y avait un petit encart sur les accouchements dans l’eau. Et ça m’a tout de suite emballée. De la douceur, de la douceur après cette brutalité !


Seulement entre la jolie théorie et la pratique, comme toujours il y a un gouffre ! Les établissements français équipés de ce genre de salle de naissance sont presque aussi introuvables que Charlie et son fameux bonnet rayé. Du coup cette solution n’était vraiment pas envisageable. Mais l’idée d’une naissance différente commençait à faire son chemin dans mon esprit.


Dans le même petit encart qui parlait des accouchements dans l’eau, il y avait une ligne sur les accouchements à domicile. Une ligne ce n’est pas beaucoup mais cela m’a permis d’enclencher un second processus. Une de nos amies, Claire, avait donné naissance à ses deux enfants à domicile et j’ai donc commencé à lui poser de multiples questions. Pourquoi un tel choix ? Comment est-ce que cela se passe ? et quantité d’autres... Elle m’explique qu’une seule sage-femme s’occupe du suivi de grossesse et de l’accouchement. Que les relations qui se nouent sont très fortes, que la naissance se passe avec plus de “douceur”. (Je mets le mot entre guillemets pour ne pas choquer non plus !)



Je ne pourrais réellement expliquer le pourquoi du comment mais très rapidement, ce choix s’impose dans ma tête. C’est ce que je désire, c’est ce que mon corps demande. Ce qui est d’ailleurs très étrange car je suis une “angoissée chronique” pour reprendre les termes de mon médecin. L’accouchement à domicile, il faut que j’en sache plus. Tout comme pour les accouchements dans l’eau les régions françaises ne sont pas égales car très peu de sages-femmes les pratiquent. Mais oh joie ! Claire, notre amie m’envoie les coordonnées de deux sages-femmes près de chez moi ainsi que plein de liens sur ce que nous appellerons désormais les AAD (Accouchement à Domicile... à ne surtout pas confondre avec les ANA Accouchement Non Assisté, ceux où la femme est trop une warrior et décide qu’elle veut donner naissance sans sage-femme, sans obligation de suivi médical etc)




Avant de prendre mon premier rendez-vous, nous en discutons mon chéri et moi. Il avoue être assez surpris, pas forcément enthousiaste au premier abord mais il me fait confiance et me dit qu’il me soutient si c’est le choix que je veux prendre.


Ensuite les choses vont assez vite, je rencontre Julie la première sage-femme puis Françoise. En effet, elles travaillent à deux dans le même cabinet et je me sens encore plus sûre de ma décision. Elles dégagent tant de douceur et d’amour pour cette petite Cacahuète, elles m’écoutent, répondent à chaque question qui me (nous <- le papa aussi a plein de questions) turlupinent, même les plus insignifiantes. Elles répondent, patiemment, sans jugement, par des réponses simples et rassurantes. Lorsque je sors de ces rencontres, je me sens sereine et pleinement confiante. Je me sens prête à m’envoler.


Je suis loin, à des années lumières des discours effrayants, culpabilisants que j’ai dû entendre lorsque j’ai parlé de mon choix à ma sorcière de gynécologue. Lorsque Julie et Françoise écoutent le coeur de Cacahuète, elles jouent avec ce bébé, elles sourient puis m’essuient très délicatement le ventre. Elles prennent soin de ce petit être. Ma gynéco sorcière avait parlé pendant l’écoute des battements du coeur, m’avait ensuite dit que mon bébé avait sûrement une malformation et même mes larmes ne l’avaient pas arrêté… Des visites où je n’avais pas vraiment l’impression de m’envoler T_T (je n'y suis plus jamais retournée, naïve mais pas maso)


Quand on fait le choix d’un AAD plusieurs choses sont compliquées. Déjà, gérer les remarques des gens qui savent tout sur tout. Cela va d’ “Un accouchement sans péridurale ? ben bon courage” à "Je trouve que c'est un gros risque mais bon vous faites comme vous voulez" sous-entendu, moi la mère je fais un caprice qui met la vie de mon enfant en danger. Je n’ai jamais compris pourquoi j’avais eu autant de remarques méchantes, presque une haine pour les AAD, une peur de l’inconnu peut-être, je ne sais pas trop.


Je suis physiquement assez frêle alors là aussi ça en rajoute une petite couche. “Je ne sais pas si tu seras capable, c’est très fatigant quand même” youhou que d’encouragements ! Continuez j’en veux encore ! Mais je sais ce dont je suis capable, je sais que mon mari me soutient, je sais que les sages-femmes qui m’entourent ne sont pas inconscientes et qu’elles ne prennent aucun risque. Je suis inscrite à la maternité, ils ont mon dossier en cas de transfert, les sages femmes me font faire de vrais examens (si, si) et valident ou non le projet d’AAD vers le 8e mois. Et encore, si la naissance se déroule durant des dates très précises. J’ai eu l’impression que personne ne s’était dit que moi, la maman, j’étais peut-être celle qui était la mieux placée pour penser à mon bébé,  celle qui connaissait le mieux forces et faiblesses et surtout celle qui ne voulait prendre aucun risque pour son bébé.


Petite parenthèse : AAD ou maternité c’est tout simplement différent et cela répond à des besoins différents aussi avec une même finalité, la naissance de notre enfant. Je ne rentrerai pas dans le débat meilleur ou non, les AAD répondent à certaines femmes, les maternités à d’autres. Il est juste important pour moi que chaque femme puisse faire son choix. Fin de la parenthèse.



Maintenant je vais vous faire rentrer dans notre intimité, faire de vous de petites souris, témoins de l’arrivée de Cacahuète. Alors faites-vous minuscules et sur la pointe des pieds retournons dans la nuit du 13 au 14 février 2012. Il est 4h30 du matin lorsque je me lève pour ma pause pipi “habituelle”. En me recouchant, j’éprouve une étrange sensation, comme de légères douleurs de règles assez régulières. Ce sont de petites contractions, je suis contente car je me dis que Cacahuète se rapproche. J’essaie de me rendormir mais je suis bien trop excitée et je regarde mon réveil à chaque fois que la douleur se fait sentir. Ces vagues reviennent toutes les 7 minutes. Je sais qu’il faut que je dorme mais je n’y arrive pas. Lorsque le réveil sonne, je regarde mon chéri et lui demande s’il est prêt à être papa.


Le matin j’ai un rendez-vous chez un orthophoniste. Cela fait des mois que je dois faire ce bilan alors j’appelle Julie pour lui demander conseil et lui dire qu’un petit travail se met en route. Elle me rassure en me disant que si les douleurs ne sont pas intenses, je peux me rendre à ce rendez-vous tout en prenant mes précautions au cas où je perde les eaux.


Je me sens très sereine et je sens bien que le futur papa commence à stresser un petit peu. Je lui demande d’aller faire quelques courses pendant mon bilan, il doit aussi passer au travail récupérer certaines affaires. Il ne veut pas que je conduise et me dépose donc chez l’orthophoniste. On convient que je l'appellerai en sortant si je ne me sens pas de rentrer à pieds.


Le rendez-vous se passe bien et dure presque trois heures. L’orthophoniste n’est vraiment pas rassurée lorsqu’elle me voit noter mes contractions de plus en plus proches. Je reste toujours calme et j’essaie de la rassurer, non je ne vais pas accoucher dans son bureau. Fin du bilan, lorsque je sors, mon chéri est dans la salle d’attente. Inquiet et excité !


On rentre à la maison et j’appelle Françoise car je ne sais pas laquelle des deux doit venir. Je lui dis que les contractions sont maintenant plus rapprochées, toutes les cinq minutes. Mais les douleurs restent vraiment légères, des douleurs de règles qui viennent par vagues puis me laissent tranquille. Françoise me dit que parfois les contractions se calent rapidement sur un rythme très régulier mais que ce sera l’intensité de la douleur qui marquera l’avancée du travail. En attendant, elle me conseille de manger un bon plat de pâtes et d’essayer de dormir car selon elle la naissance pourrait avoir lieu en soirée. Nous la rappellerons dès que les douleurs se feront plus fortes.


Mon chéri est au petit soin, j’ai l’impression d’être une princesse. Il me prépare un plat de pâtes, une infusion aux feuilles de framboisier, des fruits secs... Nous avons installé un petit matelas dans le salon, tout près de la cheminée et je me sens bien à cet endroit pour l’instant. Je n’ai pas décidé du lieu de l’accouchement précis. Je m’allonge sous la couette pour essayer de faire une petite sieste et je regarde Totoro. J’arrive à m’endormir et lorsque je me réveille les contractions sont en effet plus intenses. Je décide donc de prendre un petit bain pour me détendre. C’est en sortant de l’eau qu’une contraction me bloque réellement. Je m’assois et souffle tranquillement toujours accompagnée de mon chéri. Je ne cesse de me dire “Ce n’est que quelques secondes, c’est normal et ça va passer.” Françoise m’avait également dit que je devais absolument récupérer et me ressourcer entre chaque contraction afin de tenir sur la longueur. Je me rhabille et nous allons faire un petit tour sur la terrasse. Là encore, les vagues reviennent avec plus d’intensité. Lorsque je marche elles se rapprochent toutes les minutes.


Je m’allonge et les contractions s’estompent, elles se calent à nouveau sur le rythme de cinq minutes. Mon chéri appelle donc Françoise et lui explique la situation.Elle sera là dans moins d’une heure. En attendant je continue de me reposer.


Après les choses sont très floues dans mon esprit. En effet, une fois Françoise arrivée j’ai l’impression que mon cerveau s’est déconnecté. Je pouvais me laisser aller. Mon corps faisait le travail et moi j’étais anesthésiée naturellement. Je n’ai vraiment que des bribes de souvenirs, des petits flashs qui restent (un ami dira d’ailleurs que c’est juste parce que je n’ai rien dans la tête)


Je vous livre donc mes souvenirs à la façon du “Je me souviens” de Perec.


Je me souviens de douleurs intenses toujours par vagues qui soulevaient mon corps comme une tempête à l’intérieur. A cela, Françoise m’a proposé un peigne à cheveux à tenir fermement dans la main, celui-ci pressant des points d’acupuncture. Je ne l’ai plus lâché jusqu’à la naissance.
Je me souviens d’avoir regardé Robin des bois de Disney mais je fermais souvent les yeux.
Je me souviens de mon repas du soir, un yaourt nature avec du bon sucre roux dedans, mais je n’ai pas réussi à le terminer.
Je me souviens que lors d’une contraction Françoise a percé la poche des eaux.
Je me souviens de cette sensation d’un liquide chaud qui s’est mis à couler et de mon chéri et Françoise qui s’affairaient pour changer les alèses afin de me garder toujours au sec.
Je me souviens m’être allongée sur le matelas et sentir la présence de mon chéri toujours bienveillante à mes côtés.
Je me souviens que son odeur calmait ma douleur.
Je me souviens avoir eu peur de gêner les voisins lorsque je me suis mise à crier quand les vagues se faisaient plus fortes. (mais finalement personne n’a rien entendu).
Je me souviens des premières poussées, sentiment étrange que je maîtrisais mal.
Je me souviens avoir dit à mon chéri que je ne pourrais pas y arriver.
Je me souviens que Françoise m’a mise sur le côté et relevée grâce à des coussins.
Je me souviens m’être agrippée à mon chéri, l’entourant de mes bras et trouvant en lui tout le réconfort dont j’avais besoin. Il me dira plus tard que je lui ai aussi “poignardé” le dos avec mon peigne.
Je me souviens avoir pensé lors des poussées que je préférais être à ma place qu’à celle de mon chéri. Je l’entendais inspirer et pousser avec moi. Je ressentais son énergie et je me disais que certes moi j’avais la douleur mais j’avais aussi beaucoup de répit ce qui n’était pas son cas. Mes sens étaient décuplés, les yeux fermés tout du long, mon corps s’est laissé guidé, notre petit bébé faisait aussi son travail et je l’encourageais.
Je me souviens que Françoise m’a dit apercevoir sa tête et je me rappelle la sensation étrange de mettre ma main sur son petit crâne.
Je me souviens que cette sensation a largement décuplé mes poussées et ce dont je me souviens le plus c’est cette phrase de mon chéri “Il est sorti”. Je ne l’avais pas senti sortir de moi mais j’ai réouvert les yeux et j’ai vu que Françoise tenait un petit être tout blanc. Elle l’a immédiatement posé sur mon ventre et couvert d’une serviette chaude. J’avais un petit bébé, nous avions un bébé, ensemble, nous l’avions fait. Ce petit être était là, sur moi, irréel et merveilleux.


Et soudain, je ressens à nouveau des contractions et pendant quelques secondes je me demande s’il y a un deuxième bébé. Françoise me rassure à nouveau en me disant que c’est le placenta. Je ne m’attendais plus à ressentir ses douleurs et je les ai trouvées bien plus désagréables que celles de l’accouchement. J’ai senti une grosse boule sortir de moi et puis plus rien.


Après mon esprit est venu se reconnecter, je vous livre quelques souvenirs : mon chéri le regardant, un bébé parfait, un beau bébé, pour nous qui trouvons que souvent les bébés ont vraiment une drôle de tête. Moi qui tiens ce petit être. Moi qui demande à Didier de m’aider pour enlever complètement mon haut qui était juste relevé. Moi qui sens la chaleur de ce petit bébé tout contre mon coeur. Il est là, il sent bon et tout mon corps ressent un bien-être incroyable.


Le temps s’écoule même s’il semble s’être arrêté. Françoise est dans la salle de bain et examine avec attention le placenta. Nous finissons par nous demander au bout d’une trentaine de minutes si ce petit bébé est une fille ou un garçon. Le papa soulève la serviette et me dit qu’il pense que c’est un garçon mais qu’il n’en est pas certain. De retour, Françoise soulève complètement ce petit bébé pour quelques examens et découvre : une petite fille. Lilly est née, une petite fille aux cheveux clairs, une petite fille née sur la musique de Bob Dylan, notre petite fée.


23 mai 2011

Papa sans péri

Il y a bientôt six mois j'ai vécu un truc assez exceptionnel. La naissance de Micronaine.
Et bien que certaines me soutiennent le contraire, j'ai eu mal. Très très mal. Une douleur incommensurable.
Pour être franche, je ne pourrais jamais décrire ce qu'on ressent. Parce que ça fait mal comme on aura jamais mal. Et qu'en même temps c'est tellement chouette qu'on ne retient rien d'autre qu'un regard et qu'une évidence.

Pendant mon accouchement, j'ai demandé (pas mal de fois) à ce qu'on m'achève, je me suis excusée (pour les hurlements à faire fuir les Primi du couloir), j'ai pleuré, j'ai hurlé, je me suis accrochée lamentablement à la blouse du Mâle en arrachant les bandes du monitoring. J'ai rampé par terre en chouinant, en suppliant le Mâle de ne jamais me plus me faire d'enfant.
Une vraie furie.
En clair, accoucher sans péri a été pour moi quelque chose de fort, de douloureux. Et aussi de "sacré"?
Il y a un avant et après, un "je l'ai fait", un "si j'ai fait ça, je peux tout faire".
Et un "putain, maintenant je comprends pourquoi la péri existe".

Mais trêve de bavardages, il ne s'agit pas de mon accouchement dont on va papoter ici, que nenni. Il va être question ici de blouse verte, de charlotte sur la tête, de sur-chaussures, de "ça va ma chérie?", de "tu as besoin de quelque chose? Dis moi ce que je peux faire?", de papa qui gère (ou pas), de toi, le Mâle, qui devient papa.
Sans péri.

Attention, loin de moi l'idée d'encenser un accouchement sans péridurale, loin de moi l'idée de dire qu'un accouchement sous péridurale ne vaut rien. Absolument pas. Mais je me suis demandée comment vous, les papas, aviez vécu un accouchement dit "naturel"? Parce qu'avouons-le, pour nous, les mères, même avec préparation, ça surprend (c'est rien de le dire).
Alors pour vous qui vivez ça en dehors de la douleur? Pour vous qui nous voyiez hurler "qu'on va crever, c'est certain"? Pour vous qui vous êtes fait hurler dessus "ta gueeeeule, j'ai maaaal, laisse moi tu peux rien faire, je vais crever toute seule, j'ai trop maaaaal...."...
Comment c'était un accouchement sans péri??

Toutes les citations de cet artikeul sont extraites des différents témoignages de papa (oui, ce sont vos mâles qui écrivent de si jolies choses - snif - pleure pas public féminin énamouré) et de mamans (les mêmes énamourées).



C'est marrant mais quand une femme revient de la maternité avec son Micronain, ses cernes et son entrejambe (légèrement) douloureux, la première chose que ses copines lui demandent, c'est "t'as eu une péri?".
Parce que si tu l'as demandé t'es une chochotte?
Parce que si tu ne l'a pas demandée t'es une déesse?
Parce que si tu n'as pas eu le temps t'es un boulet?

Et oui, il y a celles qui la veulent et qui l'auront.
Celles qui ne la veulent pas et qui finissent par la demander comme le raconte Marie : " je suis arrivée en paréo en clamant que je voulais un accouchement naturel, me balancer sur un ballon et prendre des bains dilatants délicieusement chauds. Au final, j'ai crevé dans ma baignoire 5 heures tandis que mon mari qui écoutait fun radio dans un coin de la salle se faisait insulter dès qu'il ouvrait la bouche, même pour respirer.. Jusqu'à ce que je sonne comme une forcenée pour qu'on me pique. pendant la piquouze, je disais à tout le monde "je suis une meeeeeerde mais j'ai mal".

Et puis, celles qui la veulent et qui ne l'auront pas.
Celles qui ne la veulent pas et qui ne l'auront pas.
Et ces hommes, à côté d'elles, qui gèrent, qui vivent et qui font comme ils peuvent. Que ça soit leur projet, ou non.



Qui es-tu, Papa sans péri??

Le papa sans péri est déjà (je tiens à le signaler) très chouette puisqu'il a accepté de répondre à un questionnaire préparé pour cet artikeul.
J'en profite donc pour te remercier. Oui, toi qui a suivi ta femme dans cette aventure, souhaitée ou non, qui en est sorti changé (ou pas) et qui a accepté de me raconter.

Choisir d'accoucher sans péridurale :

Avant d'accoucher, les mères sont souvent prêtes à tenter l'expérience du "sans péri". Devant la douleur, certaines préfèrent renoncer (et on les comprend) et demandent la piqure salvatrice (délivrée bien souvent par un anesthésiste flegmatique ).
D'autres gèrent la douleur et vont jusqu'au bout.
D'autres ne gèrent pas la douleur et voudraient la péri. Mais ne l'auront pas.

ndlr : Je prends des pincettes là, et je le rappelle (avant de me faire pourrir), je ne JUGE pas. J'ai moi même accouché deux fois avec péri et une fois sans, je sais donc pourquoi j'ai pris ma péridurale. Et pourquoi je n'ai pas eu le temps pour ma fille...et comment j'ai réagi.

Souvent, lorsqu'on décide d'accoucher sans péri, c'est par choix. On s'y prépare.
Les pères le disent "c'est elle qui décide". Normal tu me diras, puisque c'est "elle qui souffre".
Souvent préparé à deux, le projet de naissance "sans péri" est, de ce fait, mieux vécu. Les mères préparées sont plus "zen", "gèrent" mieux la douleur et, de ce fait, les papas servent de soutien moral, d'appui, de coussin moelleux (ou de réceptacle à injures).

Certains papas avouent que le premier accouchement sans péri (même préparé) les a surpris. Ils se sont retrouvé démunis, font ceux qu'ils peuvent. Bobby, par exemple, a fait son parfait petit mari en tenant le haricot à gerbouille, a tendu sa main pour que des ongles crochus s'enfoncent dans sa chair, a soutenu, a massé, a écouté les cris (et a raté Téléfoot).

"Dépassé, inutile, bouleversé". Voilà les termes qu'emploient ces papas, pourtant préparés.

Peu ont trouvé leur place tout de suite, au premier accouchement. Parce qu'ils étaient surpris, parce qu'ils étaient paniqués, parce qu'ils ne pensaient pas que ce serait aussi intense, parfois aussi long.
Bertrand, dont la compagne a mis 49h à accoucher (gloups) a même du prendre un petit sucre (car il ne se sentait pas bien).

En clair, pour les papas comme pour nous, la première fois, c'est une découverte, c'est un autre monde, c'est une chose mille fois imaginée, mille fois touchée du doigt. Et, pour eux comme pour nous, c'est à la fois merveilleux et angoissant.

François a eu une très belle phrase que je me dois de citer. Ce papa de deux enfants (dont un sans péri, par choix, avec projet de naissance) raconte sincèrement : "Je me suis senti impuissant. Et comme un con avec mon brumisateur. Spectateur empathique, concerné mais qui ne peut pas entrer dans la bulle de Maman pour l'aider".

Et imaginez ceux qui apprennent en une seconde que NON, on ne pourra pas faire de péri à votre chère femme (qui hurle de douleur), NON car "elle a de la fièvre", NON car "c'est trop tard".

Il y a Olivier qui décrit ainsi ce moment où on annonce à sa femme qu'il n'y aura pas de péridurale : "j'ai vu le vide intersidéral dans ses yeux. Puis la peur".
Et Alex, qui a un regard un peu amer sur un accouchement long et difficile, une péridurale impossible à poser "malgré 11 piqûres, un bébé "sorti au forceps qui ne respire pas", une femme qui "souffre" et lui, affolé, qui prend conscience de tout ça et qui ne peut rien faire.

Et puis ceux qui trouvent plus vite leur place, qui, devant la douleur et les cris, savent se mettre en retrait ou être présent. Nicolas, par exemple, "un peu désemparé au début" a essayé d'aider sa femme comme il le pouvait par "des paroles, des gestes tendres". Il avoue avoir paniqué dans un premier temps puis "avoir trouvé sa place, s'être habitué aux cris"  et avoir compris qu'il y avait des moments où "on pouvait lui parler...et d'autres pas".

En clair, être préparé, ça aide un peu, ça aide à l'envisager, ça aide à se le représenter. Savoir que sa femme fait ce choix là AVANT, ça permet de l'imaginer, ça permet d'en parler et de communiquer sur le sujet. Benoît, par exemple, avait longuement parlé avec sa compagne et savait qu'elle allait "être dans sa bulle", "dans son monde" et qu'elle allait probablement crier. Son rôle à lui était de la soutenir, de faire en sorte que cet accouchement se déroule dans les "meilleures conditions" possibles.

Et la préparation à l'accouchement alors??

Certains l'ont suivi et l'ont trouvé très utile comme Florian qui explique que les cours l'ont aidé à prendre conscience de la nécessité d'être le plus présent possible et de l'aider. Il a deux accouchements sans péridurale à son actif et même s'il sait qu'il ne peut "en rien atténuer la douleur ni accélérer le travail", trouve que c'est un moment à vivre à deux, avec toute la présence et le soutien dont il est capable.

D'autres admettent que cette préparation a aidé, oui, mais que le jour J, il n'en restait plus rien. Parce que tout s'est passé très vite, trop vite.
Ou bien, comme Jérémy (papa de deux enfants sans péri) qui a préféré ne rien savoir avant pour réagir au plus près de son ressenti le jour venu.

Les papas qui ont suivi les cours ont une approche (à la base) différente de l'accouchement. Ils savent que c'est un moment à vivre à deux, ils savent que leur femme risque d'avoir mal, risque de crier, risque d'avoir des forceps, une césarienne, etc... Je ne dis pas que ça évite d'être stressé ou angoissé. Non. Mais ça leur a permis de l'envisager. Et ça, ce n'est pas rien.

Pour conclure là dessus, il me semble clair qu'être préparé (avec sage femme, gestion de la respiration, explications claires et précises) permet de soutenir sa femme. Au moins (et c'est déjà ça).



Ceux qui "recommencent".
Et oui, les papas aussi deviennent accros aux accouchements de leur femme.
Un papa parle même "d'orgasmic birth" pour sa femme (la veinarde). D'autres, sans parler de plaisir, avoue que cette expérience était une des plus chouettes, des plus vivantes, des plus prenantes de leur vie. Jérôme, trois enfants, parle même (en blaguant) d'en refaire un quatrième.
Les pères sont souvent touchés par ces émotions. Par le passage rapide d'un état à un autre. Par le côté animal de la chose, par la tension et le stress qui retombent d'un seul coup quand leur enfant crie.

Vincent fait partie de ces papas qui ont suivi leur compagne dans un projet de naissance pour le second, déçu par la médicalisation du premier. Une implication, un soutien, un échange, une maman qui se remet vite, un bon souvenir. Il ne regrette pas.


Vos cris? Votre douleur?
Ils y sont très sensibles. Démunis, je l'ai déjà dit, mais aussi touchés, angoissés à l'idée de vous perdre, de perdre le bébé, de ne pas savoir quoi faire.
Arnaud le dit très bien "je pensais que ce serait difficile mais pas à ce point". Des moments d'angoisse quand la maman est mal, très mal, quand les forceps sont sortis, quand la césarienne est envisagée. Des moments de doute, de peur et de stress.  Les papas ont mal pour leur femme (et ont mal à la main aussi).
Cela dit, rappelle Seb, "soyons clair, je n'aurais pas pris sa place si cela avait été possible".
 La femme de Bobby, elle, "faisait rire tout le monde en salle d'accouchement, en fait. Surtout quand elle hurlait des insanités.La 2e fois, ça a pas fait rire tout le monde. La primi d'à côté flippait sa race".

David, lui, s'attendait à des cris, à cette "libération" de la douleur (dans le cadre d'un accouchement à domicile) mais explique que sa femme n'a pas tant crié que ça (retenue, pudeur).

Cela dit, les mamans ne crient pas toutes, comme la femme de Jérémy : "elle arrivait encore à s'inquiéter pour moi dans son état "ça va je ne te sers pas la main trop fort?".



Et vous??
Les papas sont élogieux quand ils parlent de vous mesdames.
Ils sont fiers. Ils ont "plus de respect" dit Jérémy de part la "gestion de la douleur" montrée.  Bobby a trouvé que sa femme avait "une force en elle qui ne lui connaissait pas". Ils sont fiers de vous. Vraiment.
J'aime beaucoup cette phrase de Nicolas qui admet avoir  "toujours su que sa douce "saurait".. mais le pourrait-elle ?" et conclure en disant qu'elle a fait de lui un "mari amoureux".
Benoît, lui, confirme "Je peux me permettre de le dire car ce n'est pas moi qui ai souffert, un accouchement naturel est ce qu'il peut y arriver de plus beau pour une naissance".
Majoritairement, ils vous accompagnent dans la douleur et dans la gestion des contractions et vous les épatez. Parce que vous gérez. Plus ou moins, mais vous gérez. Et eux savent pertinemment qu'à votre place, ils n'en mèneraient pas large.



Et entre vous, ce que ça change?
Parfois cela ne change rien, parfois c'est un peu plus fort, parfois c'est plus complice.
Etienne trouve que cet accouchement leur a prouvé qu'ils seraient "là l'un pour l'autre, même en cas de galère".
Et Arnaud qui rappelle que de voir sa compagne "dans un contexte où elle se sentait un peu humiliée lui a montré à quel point il l'acceptait comme telle", et que cela "les a rapproché".
Et puis d'autres comme Pierre, heureux de cet accouchement mais qui avoue ne plus faire l'amour.
Nicolas a eu un joli mot en disant que ça n'avait "rien changé. Et tout. Éternellement".
Et Seb qui dit "être redevable à vie".


Des mots pour décrire tout ça?
J'en citerai quelques uns au hasard : boucherie, terrorisant, que de mal pour un si grand bien, youpi, vers l'infini et au delà, émouvant, terrible, fatiguant, vie.
Des mots qui marquent la difficulté et l'angoisse, certes, mais majoritairement des mots forts, poignants et puissants.

Et si c'était à refaire?
S'il fallait changer quelque chose à tout ça, ça pourrait être le côté médical. Damien parle des "bips des monitos, du stress de l'équipe médicale".
D'autres voudraient changer leur attitude, comme Seb qui explique avec le recul : "j'étais trop stressé, ce qui a fait que j'ai eu des remarques ou un comportement déplaçé alors que je pensais bien faire".

Et puis il y a ceux qui en reviennent comme Cédric qui songe à aller à la pêche pour le troisième accouchement tellement il s'est senti inutile et encombrant lors des premiers. Pour lui, c'est un acte féminin et malgré la préparation, il n'a pas su, ni pu aider sa femme.



Voilà, j'ai essayé dans cet article de réunir quelques papas, de partager leurs propos et leurs ressentis. 
Tous ont eu la gentillesse de répondre honnêtement, de rédiger de longs messages parfois, de raconter avec émotion les naissances de leurs enfants. Tous parlent et racontent avec émotion, même s'ils ont mal vécu cet accouchement c'était par peur de vous perdre, ou peur de perdre votre enfant. Tous ont vécu là le plus beau des bouleversements.

Je conclurai sur une petite phrase de Jérémy que je trouve très vraie, qui prouve qu'au delà de nos accouchements, ce sont nos vies qui s'en retrouvent chamboulées : "ce sont nos bébés qui bouleversent nos vies, pas les accouchements".


Je tiens à remercier Arnaud, Alex, Bertrand, Cédric (X2), David, Etienne, François, Gilles, Philippe, Ibrahim, Jérémy, Bobby, Olivier, Seb, Vinc', Jérôme, Damien, Pierre, Nicolas, Cédric, Seb, Benoît, Florian et tous les autres qui ont accepté d'être cités sans être nommés. Merci à vous, ça compte.

15 mars 2011

Elle a testé pour toi la césarienne d'urgence, oui, elle est sympa

Je ne peux pas tout tester. Déjà, parce que je n'ai pas le temps, et puis aussi parce qu'il y a des choses qu'on ne programme pas. Un nain qui dort par exemple, ça ne se programme pas (sinon tu penses bien...).
Un accouchement non plus.
Et le récit que m'a envoyé Ninoo m'a touché. Beaucoup. Donc, voilà pour toi, public, un accouchement en urgence, par césarienne.
Et on félicite Ninoo, jamais évident de raconter, jamais évident de dire les choses. Bravo donc, et continue à écrire, tu le fais très très bien.

mignon le nain césarisé...

J'ai testé pour toi : l'accouchement par césa (en urgence)



Par un bel après-midi de fin août, j’allais signer avec mon tendre et cher le bail de l’appartement dans lequel nous allions emménager quelques jours plus tard. Bon ok, ce que je ne t’ai pas encore dit lecteur, c’est que c’était 3 jours avant ma DPA. Je m’en va donc rejoindre - en clio s’il teuplé - mon chéri à l’agence afin que nous apposions nos plus beaux autographes au bas d’un parchemin (Brassens, si tu nous entends). A l’aller je ressens quelques spasmes dans le ventre, mais rien de bien concluant. Surtout, étant une primi sans aucun souci durant la grossesse, je ne sais pas ce qu’est une contraction.
Arrivée à l’agence, ça se calme un peu. On signe tout le tralala, 30 minutes plus tard on sort, et je dis à mon chéri avec ma plus belle petite voix : «Bon euh, pour le retour, c’est toi qui va conduire ; je me sens pas très bien».


Le départ


On arrive dans notre-chez-nous-tout-pourri-que-vivement-qu’on-se-casse-j’en-eux-plus-de-cet-appart-mer*%$£§, je m’allonge sur mon canap’ Mikéa, et là, c’est partiiiii! Ca contracte, toutes les 2 minutes s’il teuplé, réglée comme une montre suisse. Il est 18h30. Bon, pas d’affolement, je n’ai pas perdu les eaux, la gentille sage-femme de la préparation à l’accouchement a dit «Vous spasfonnez x 2 toutes les 20 minutes 3 fois, si ça ne s’arrête pas vous attendez encore 1h et vous partez à la clinique». Ok madame, je spasfonne, ça ne fait rien. On attend encore 1h, ça contracte toujours. Allez zou! «Chériii? On y va là».
Mon chéri prend ses clics et ses clacs, enfin surtout les sacs préparés par wonder-future-maman... ou pas, et à 20h30 nous v’là partis.


Enfin presque. Arrivée devant la voiture, j’ouvre la portière, je n’ai pas le temps de monter-en-voiture-simone que Flac, je perds un peu des eaux, de couleur brune. «Tiens, il a commencé à rejeter son méconium» me -dis-je (Non, je ne suis pas médecin, juste très bien informée). Demi-tour, je me lave, me change, mets une protection XXL en sachant pertinemment que ça ne servira à rien si je perds le reste des eaux sur le trajet, et zou n°2, nous v’là partis pour de bon! Au passage on se souviendra du ralentisseur dans la résidence devant lequel on a du s’arrêter «parce que là chéri j’ai une contractiiiiiionnnn!»


Arrivée à la mat'


A 21h, driiiiiiinnnnggg! Bonsoir mesdames les sage-femmes, c’est pour un colis! La zentille madame m’installe en salle de travail, me questionne, m’examine, et là le verdict tombe : «Ah ben vous êtes là pour un moment, vous êtes à 1». Quoiiiii? Déjà 2h30 et je ne suis qu’à 1? C’est quoi c’t’arnaque? Bon je m’attendais à ce que ce soit long, mais quand même, ça fout un mini coup au moral. Même pas 1 et demi?


Pour l’instant la douleur est supportable. Enfin, elle l’est surtout parce-que - et ça je ne te l’ai pas encore dit lecteur - j’ai HORREUR des aiguilles. Donc l’idée qu’un grand machin me soit enfoncé dans le dos me fait très bien supporter la douleur. (Pour ceux qui n’ont pas suivi je parle de la péridurale là, hein). Après le monito - toujours réglée comme une montre suisse - la sage-femme me réexamine ; ça n’avance pas des masses. Elle me fait comprendre qu’il va falloir accélérer le mouvement. Je lui demande de me débrancher pour pouvoir bouger, et me mets à ballonner. Non, je ne gonfle pas comme un ballon, je fais du ballon. Enfin, du ballon de femme enceinte quoi. Mon chéri m'assiste dans les grandes manoeuvres. Ca marche bien, en une demi-heure je me retrouve à 4.


Ca vient bordel???


Il est 23h30, je fais-bli et les contractions commencent à faire super mal nom-d’un-chien! «Euh chéri, je me sens pas très bien là» dis-je en manquant de l’évanouir. C’est le moment que choisit la sage-femme pour revenir. Merci mon dieu. «En fait je veux bien la péri finalement» (toutes les mêmes). «Ok madame, on va vous installer en salle d’accouchement et j’appelle l’anesthésiste».


Minuit, toujours pas de péri. Mais il est où ce put*** d’anesthésiste??? Vous remarquerez que l’anesthésiste il n’arrive jamais rapidement. Jamais. Pourtant on lui laisse de bon honoraires à cet enf*** d’anesthésiste. Mais nan. Surtout, te presse pas mon coco. Pis c’est toujours un homme. Qui ne sait pas ce que c’est d’enfanter. Qui ne sait te dire que 2 choses quand tu lui dis que si possible, t’aimerais bien accoucher sans péri (enfin dans mon cas surtout sans l’aiguille) : «Mais madame, pourquoi voulez-vous souffrir?» et «De toute façon, vous y viendrez quand même». Merci. Payer une consultation pré-accouchement à 5 semaines du terme quand t’es bourrée d’hormones sensibles pour entendre ça, ça fait toujours plaisir.


Minuit 30, môssieur Iphaune ramène enfin sa fraise. Oui oui, môssieur Iphaune, je ne plaisante pas ; il est entré dans la salle en l’ayant à la main et l’a posé sur la table de préparation juste à côté de son bordel. Très hygiénique. Et puis c’est sûr qu’à minuit 30 on reçoit beaucoup d’appels. Bref. Je lui rappelle - au cas où il n’ait pas lu mon dossier, ce qui est fort probable (mais alors elle sert à quoi cette put*** de consultation pré-accouchement???) - que les aiguilles c’est pas du tout mon truc et qu’il va falloir la jouer cool. Bon an mal an, après quelques gigotements et couinements de ma part, il arrive à poser son bidule. Et là, c’est le drame. Il ne se passe rien. «Normalement il faut attendre 20 minutes à une demi-heure pour que ça fasse effet» me dit la sage-femme. Et c’est maintenant que tu me préviens???


A 1h du mat’, les contractions me vrillent le bide, le dos, tout, et pas le moindre signe d’effet de la péri. La sage-femme revient : «Ok, je rappelle l’anesthésiste, on va reposer une péri». Me voilà servie ; moi qui ai HORREUR des aiguilles, je suis bonne pour revenir en 2e saison. Mouarffff. Et l’anesthésiste qui me rejoue le sketch de l’attente. 1h40, rebelotte. Les 2h qui se sont écoulées n’ont été que douleurs, et noms d’oiseaux intérieurs à destination de cet anesthésiste à la noix.


Là je pose mes conditions. Hors de question que ça se passe comme la première fois. Mon p’tit bonhomme, je ne vois pas ce que tu traficotes dans mon dos et ça m’angoisse. Alors tu vas me dire étape par étape ce que tu fais si tu veux que ça se passe bien. Sinon toi et ton Iphaune je vous séquestre ici jusqu’à la fin de l’accouchement. La sage-femme me tient devant, môssieur loquace parle enfin, et tout fonctionne comme sur des roulettes. A peine a-t-il fini de poser son attirail que ça y est, je ne sens plus rien. Ô joie zé bonheur. Mais pourquoi ça ne s’est pas passé comme ça la première fois? Pourquoi???


Je sens toujours les contractions, mais plus les douleurs. Magique. Je peux même bouger le bas du corps, moi qui pensais que ça allait totalement m’immobiliser. La sage-femme me réexamine, rompt définitivement la poche des eaux. Le travail continue, je fais d’autres types d’exercices pour aider la dilatation, ça avance pas trop mal. Je dormouille un peu aussi, pareil pour mon chéri.


Euh, y a comme un problème...


Oui mais il y a un hic. Déjà mon réglage montre suisse se dérègle. Les contractions deviennent irrégulières, en temps et en intensité. Passe encore. Mais là il y a un deuxième hic. Vers 4h du mat le rythme cardiaque du bébé commence à faire n’importe quoi. Genre je monte à 200 et après je descends à 60. La sage-femme me fait changer de position. Ca va un peu mieux.


A 4h30 une femme hurle dans une salle d’accouchement voisine. Ca réveille mon homme, on se regarde, pas besoin de parler. On se refait mentalement le sketch d’Anthony Kavanagh.


Et puis en fait non, ça recommence. Je rechange de position. Pas mieux. A 5h je suis à 8, la gynéco et la sage-femme me font comprendre qu’elles me laissent encore une chance, mais que genre si dans 30 minutes je ne suis pas à 10 il faudra «envisager une autre solution». Ouais ok, je pige le truc ; tu me parles de césarienne là c’est ça? Bon allez, je veux encore croire que tu me parles de ventouse ou de forceps, mais je sais bien dans mon fort intérieur que tu me parles de césarienne. Pourquoi tu ne le dis pas direct? Il est 5h, Paris s’éveille, mais ce n’est pas le propos, moi je n’ai pas dormi de la nuit, je suis shootée à la péri, et toi tu oses encore employer des périphrases?


5h30 : je suis à 9. On voit le bout du tunnel. Enfin surtout le colis. Ou pas. Entrée en scène de la gynéco et de la sage-femme. «Bon ben là on n’a plus le choix, on part au bloc». A 9. Non mais j’hallucine. Tout ça pour ça! Mon chéri me regarde pas rassuré du tout. Moi, 11h que je «travaille» (j’espère au moins que j’aurai un RTT!), le cri de la dame de 4h30 incrusté dans les oreilles, la péri qui me shoote, je réponds bêtement «Ok». Je rends les armes. Si les madames avec leur air pas rassuré elle disent qu’on y va, ben, on y va.


La césa (en urgence)


Ca n’a pas fait un pli. Avant 6h j’étais au bloc. Comment ça se passe? Déjà sache que tu es consciente tout le long. Et que si tu as de la chance ton homme peut t’accompagner.
On t’allonge complètement, te met les bras en presque croix sur des espèces de soutien-bras (extensions de la table d’opération).


L’anesthésiste - Tiens il est déjà là lui? Il est arrivé plus vite que les fois précédentes! - te murmure à l’oreille que tu vas tout sentir mais pas la douleur et que c’est normal. Il te passe un autre produit, plus fort, dans le tube de la péri. On te change la perf aussi.


On suspend un drap au niveau de ta poitrine pour pas que tu vois ce que traficotent les gens avec le bas de ton corps (et il vaut mieux). Et là tu sens qu’on te bouge le bassin, dans tous les sens. Tu vois le haut du corps de la gynéco qui gigote. Elle est en train d’inciser ton ventre sur une dizaine de centimètres au niveau de la naissance des poils pubiens. Tu aperçois la puéricultrice qui s’apprête à réceptionner le colis.


Et enfin tu entends un cri de petit chat (ou de gros lion, selon le modèle) qui sort de son habitacle, pas content le petit chat (gros lion) d’avoir été délogé. Et que je m’époumone allègrement. La puéricultrice me le montre en me disant «Il va bien» (ah ben vu comment il crie il a pas l’air d’être mort en effet!) et l’apporte à côté de ma tête pour que je puisse le voir de plus près et l’embrasser tendrement.
Puis elle l’emmène sur une petite table de l’autre côté de ma tête pour lui faire les premiers soins. Je ne le quitte pas des yeux. Qu’il est beau mon fils! Y en a des tas comme ça, mais celui là c’est le mien!


Pendant ce temps la gynéco te recoud. En me disant que c’était la bonne solution, car l’expulsion aurait été très difficile vu qu’au dernier moment petit chat avait décidé de relever la tête vers le haut. Que le cordon n’était pas autour de son cou, mais pas bien placé (ça, à force de faire joujou avec pendant la grossesse...). Qu’il avait du méconium dans la bouche (pas avalé mais sur le point). Bref, aucuns regrets à avoir. Ah mais rassurez-vous madame, moi je n’ai pas de regrets d’avoir été césarisée! S’il fallait en passer par là pour qu’il sorte en -presque- bonne santé, la messe est dite!


L'after


Petit chat - gros lion part avec nouveau papa vers la salle à bébés. Il restera en couveuse 2h ; protocole normal après une césarienne.


De mon côté direction la salle de réveil - mais je ne suis pas endormie moi! - pour attendre que les effets de l’anesthésie s’estompent.


Puis retrouvailles en famille - eh oui, ça y est! - dans la chambre, avec petit chat qui est bien content de se mettre quelque chose sous la dent, parce-que tu comprends maman, les émotions, ça creuse! Et oui même après une césarienne tu peux aussi allaiter ton bébé sans problème.


Epilogue


Les jours qui ont suivi j’ai juste regretté que la décision soit intervenue à 9. Oui parce-qu’en plus de me taper les désagréments de l’opération - genre tu ne peux pas te lever avant le lendemain et même le lendemain tu en chies, genre la cicatrice te tiraille un peu, genre ça fait un peu maaal quand même - je me suis aussi pris les courbatures des contractions en pleine gueule. Ah ben oui tu n’as pas mal pendant l’accouchement, mais après tu ne restes pas sous péri (faut pas rêver non plus). 11h de contractions, ton corps il lui faut quelques jours pour oublier.


Moi qui m’était fait tout un monde de l’accouchement, j’aurais presque tout eu. Ca me terrifiait. J’ai été servie. Un travail long, une péri, qui ne fonctionne pas, une deuxième, et au final une césarienne. Si ça n’avait pas été la césarienne, à coup sûr j’aurais eu droit à une épisio et le marmot aux forceps/ventouse.


Avant l’accouchement celles qui étaient passées par là me disaient «Tu verras, même si c’est difficile et douloureux, ça n’est pas ce que tu retiendras». Je ne les croyais pas. Force est de constater que c’est vrai. Il doit y avoir un système automatique d’effacement d’une partie des souvenirs de ton accouchement dans ton cerveau. La partie qui contient la mémoire de la douleur. On doit toutes être livrées avec à la naissance. Sinon je ne vois pas POURQUOI, en TOUTE CONSCIENCE, on ferait le choix de recommencer cette aventure, encore, et encore, et encore et encore, toutes. Pour ma part, je ne déroge pas à la règle : je remettrais bien ça... mais pas tout de suite!


Ninoo le Chat

8 oct. 2010

Primi Vs Multi : 4ème round

Primi et Multi ont donné la vie. Les micro-nains sont dans leurs berceaux en plexiglas et nos deux héroïnes à la blouse cul-nu remontent dans leur chambre respective.
Nous les y suivons (on s'y croirait non? je sens que je vais finir par me faire embaucher par TF1 pour animer un truc glauque genre "confessions intimes").
You're in...

4° Le séjour à la maternité

Primi:
Après avoir passé deux heures en peau à peau avec son tout petit, Primi monte dans sa chambre.
Chouette, c'est une chambre simple. Elle est petite mais fonctionnelle avec un box vitré pour changer bébé et une petite salle de bain. On se croirait à l'hôtel Ibis. En mieux.
Primi est flapie, encore sous le coup de la péri. Elle se sent molle est s'affale dans le lit tout propre. Même le couvre-lit jaune moutarde chenillé lui paraît accueillant.
Le Mâle inspecte les locaux en ponctuant sa visite par des petits commentaires assez passionnants:
- Aaaaah, t'as vu, c'est sioupère, t'as une petite douche?"
Merci le Mâle, je compte bien me laver - vu tout ce que j'ai sué aujourd'hui

- Regarde c'est génial, t'as un petit frigo!
Ouais trop cool, si je pouvais me coller les fesses dedans, là toudessuite, crois moi, ça me ferait un bien fou

- C'est bien ce petit box, tu peux tout voir...
Ah oui, c'est trop génial, prends le en photo va, ça nous fera des souvenirs...

- Rhôôô, le siège pour les papas s'incline...
Trop super le Mâle, incline toi et tais toi veux tu...

En clair, le Mâle est RAVI pour Primi.
Primi, heu, moins. Parce qu'il est 18h et qu'elle commence à se rendre compte que cette petite chambre va être son quotidien pendant au moins 4-5 jours. Gulp. Primi essaie de faire bonne figure, affalée sur son oreiller énorme de couleur rose, mais au fond d'elle même c'est l'angoisse.
Elle chouine.
- Tu crois pas que tu pourrais dormir ici le Mâle?
- Ah bin non ma chérie, je n'ai pas le droit. Je vais rentrer hein, mais le plus tard possible, et je reviendrai tout de suite demain matin. D'accord?
- Mouiiiiii (petit couinement tout faible, larmes aux yeux).

Le Mâle prend Primi dans ses bras et la serre fort en lui chuchotant à l'oreille : "et puis je t'amènerai des croissants d'accord?".
- Mouiiii (re-couinement)

Pendant ce temps, le micro-nain de Primi somnole dans son berceau, petit bonnet ridicule sur la tête et moue fripée.
micro-nain in plexi
Primi et le Mâle s'extasient. Ils le prennent en photo. Avec l'appareil. Et le portable. Pour belle maman. Qui doit venir demain après midi. Primi n'a pas vraiment hâte.

Le soir tombe sur la petite chambre de Primi et l'heure du repas approche.
Primi laisse le Mâle contempler sa petite merveille et s'intéresse au contenu du plateau qu'une gentille dame vient de lui déposer.
Heu...Primi reste interdite devant le contenu du plateau.
C'est quoi ça????
mioume, un délice pour les papilles

Le Mâle s'arrache à la contemplation de son nouveau né pour venir inspecter le repas de sa dulcinée. Primi hoquette.
- Je penche pour des endives (le Mâle, fin connaisseur)
Primi apprendra par la suite que c'étaient des cannellonis.

Primi meurt de faim et mange donc son plat.
Et son yaourt.
Et sa piémontaise au jambon (à la fin car elle a préféré commencer par le plat chaud déjà tièdasse).
Et elle a encore faim.

Le Mâle sort un twix de réserve (de son sac de bouffe prévu pour l'accouchement) et promet à Primi de lui ramener des provisions.
Primi comprend enfin à quoi sert le petit frigo de sa chambre.

Micro-nain commence à s'agiter, il a faim. Primi panique, il faut le mettre au sein. Elle appelle une sage femme. C'est une puéricultrice qui arrive. Primi les reconnaît à la blouse.
Et qui l'aide. Primi remercie en chouinant. Elle est fatiguée.
Micro-nain tète comme un fou. Primi a un peu mal mais regarde son nain téter. Et trouve qu'il n'y a rien de plus beau.
Le Mâle décide de s'éclipser sur ce beau tableau en promettant de revenir très tôt le lendemain.
Primi pleure. Elle ne veut pas rester toute seule. Le Mâle reste un peu. Primi voudrait faire sa toilette avant qu'il s'en aille parce qu'elle ne veut pas laisser micro-nain tout seul. On pourrait lui voler.

Elle tente de faire pipi. Et hurle.
Le Mâle s'inquiète. Primi pleure. Et file dans une douche pour calmer ses douleurs. Et pleure sous la douche en savonnant son ventre tout mou. Et pleure en se regardant dans la glace. Et pleure dans les bras du Mâle qui lui dit qu'elle est magnifique. Et pleure en se rendant compte qu'elle n'a pas pris de sèche cheveux et qu'elle va avoir une tête de haricot frit le lendemain matin si elle se couche avec ses cheveux mouillés.
en exclu pour toi, wondermaman à la maternité


Le Mâle la console tant qu'il peut. Primi est au bout du rollmops. Mais fait celle qui "va aller bien, jte jure". Elle se met en pyjama, enfile un nouveau slip filet et une nouvelle serviette hygiénique.
La serviette est tellement épaisse que lorsqu'elle s'assoit sur son lit,elle a l'impression d'être sur étage.
Et re-pleure.
Le Mâle finit par partir, il est tard. Primi appelle sa maman car elle ne veut pas être seule tout de suite...

Heureusement pour Primi, elle ne sera pas beaucoup seule en cette première nuit.
Le grand défilé commencera vers 21h avec l'équipe de nuit qui se présente. Qui distribue les couches pour nain et pour elle. Et les bouteilles d'eau. Et les Daffalgan. Primi songe à demander à manger mais se retient.
On lui propose de prendre micro-nain à la nurserie pour qu'elle se repose. Primi est outrée et refuse.

Entre les soins, les prises de températures, les examens et les hurlements des autres micro-nains, entre les tétées et les allumages de néons fluos de la chambre à 4h du matin...Primi se réveille vers 6h30 ("c'est l'heure du petit déjeuner madame!!") avec le sentiment d'avoir fait une nuit blanche en boîte. Et mal entre les jambes (gulp).

Le matin, comme promis, le Mâle arrive avec des croissants. C'est gentil surtout que le café au lait tiédasse et le petit pain beurre n'ont pas suffi à notre Primi qui allaite.

Primi is dreaming...Primi aura du pain, du beurre et de la mauvaise marmelade à l'orange


Elle meurt de faim. Et s'inquiète pour son allaitement car elle n'a pas eu de montée de lait encore. Elle demande à la sage femme si c'est normal. Et on la rassure.
Puis vient l'heure des soins. Pour elle et pour micro-nain.
Dommage, micro-nain venait de s'endormir mais une puéricultrice vient pour lui montrer comment on donne le bain. Il faut donc le réveiller.
Le Mâle est ravi et écoute attentivement les bons conseils et s'applique. Primi a mal à force de rester debout à côté du Mâle mais prête attention à ce premier moment partagé entre nain et père.
Le Mâle commente tout. Primi songe à prendre des notes (et à noyer le Mâle qui fait les yeux doux à la charmante puer' - qui n'a pas 10 kilos de trop, des cernes et un bide qui pendouille ELLE)

- Je déshabille le nain, d'accord, ah bin c'est pas facile hein quand même (gloussement de la puéricultrice)
- Je lave le nain sur la serviette, et il n'a pas froid le nain là?? (Si le Mâle, bien sûr qu'il a froid, magne ton cul, pense Primi)
- Je plonge le nain dans le lavabo (Primi songe avec horreur que le lavabo de la maison ne pourra pas contenir le nain. Puis se rappelle qu'elle a acheté une baignoire pour nain)
ok déjà le bain, il aime pas

Le nain hurle. Le Mâle regarde Primi d'un air paniqué. Primi regarde le Mâle d'un air paniqué.
La puéricultrice leur dit que c'est bien normal. Que maintenant il faut sortir le nain.
Le Mâle a peur qu'il glisse. Primi a des sueurs froides.
Le nain rouge tomate hurlant est sorti de l'eau et frictionné tout doucement par un Mâle apeuré.
- Heu, tiens Primi, tu veux continuer? (courageux le Mâle)
Primi prend le relai.
Le nain hurle et Primi tremblote. La puéricultrice la rassure comme elle peut.
- C'est normal, il a quitté son cocon
- Biiiiih....je sais mais il est très rouge là nan?
- Habillez le et réconfortez le
- Oui mais je n'arrive pas à lui enfiler le bodyyyyyyyyyyyy.... (body très meugnon de chez Petit Gateau à échancrure resserrée). J'ai peur de lui faire mal à la tête....
Vous ne voulez pas le faire vous?

Hop, en deux temps trois mouvements, sous les yeux stupéfaits et admiratifs de Primi et du Mâle, le micro-nain a une micro-couche, un body propre, un pyjama tout doux et une tête de bébé énervé.
Primi le prend dans les bras doucement et se jure de ne plus jamais donner de bain à son nain tente de le calmer.
La matinée se poursuit plus tranquillement après cette aventure éprouvante. Micro-nain dort comme un bienheureux. Puis Primi décide de lui enfiler un joli petit costume histoire de montrer à belle-maman que le nain est beau.
Le Mâle surveille Primi qui a peur de mal faire.
Primi surveille le Mâle qui a peur de mal faire.
Ils posent mille questions et obtiennent mille réponses différentes.

- On doit lui donner tous les jours le bain au nain?
Réponse 1 - Bien sûr, c'est un moment d'échange privilégié! Nan?
Réponse 2 - Bah non, il ne va pas encore au bac à sable! Si?


Le repas du midi est encore plus attrayant que la veille (perche du Nil à la béarnaise) mais heureusement le Mâle va chercher de la junk food à sa Primi. La chambre sent encore le Maxi Sioupère Bic Calories lorsque belle-maman arrive.
ça, ça réconforte

- Ôôôôôô....MON tout petit bébé.
Primi manque de lui retourner le plateau repas intact sur la tronche (mais paraît que la perche du Nil à la béarnaise, ça tache).
- Qu'il est bôôôôôô....Mon fils, tu as bien travaillé.
Primi songe à envoyer la télécommande à remonter le lit sur Belle Maman. Mais se retient. Elle en a vu d'autres.
- Et toi? ça va?
(Merci de s'en inquiéter)
- Tu as mauvaise mine dis donc!
(Ah bon? Pourtant ici c'est le pied, on dort, on mange bien et on a même des soins du visage et du corps et des séances de manucure)
- Faut te reposer, tu n'as qu'à dormir pendant qu'on sort un peu avec le petit dans le couloir.
(t'as raison ouais, tu veux pas l'emmener chez toi non plus?)
Mais Primi, bien polie, sourit et se contente de dire que l'heure de la tétée approche. Et qu'elle est déjà bien sympa de laisser belle maman porter SON nain à ELLE. Dans ses bras qui sentent pas bon.
D'ailleurs elle voudrait suggérer à belle maman d'aller se laver les mains avec le savon antiseptique de la maternité... Et de bien frotter.
Belle maman passe alors deux heures avec la petite famille, à raconter SON accouchement, à parler du Mâle bébé (il a fait tout de suite ses nuits à la maternité - mytho va! pense Primi), et finit par offrir un horrible pyjama à collerette à micro-nain et des moufles.
Merci belle maman. Très utile. Surtout la collerette. Et les moufles.

Le Mâle raccompagne belle maman qui promet de venir aider à la maison dès le retour. Pitié non (pense le Mâle qui a quand même un soupçon de bon sens).
Pendant ce temps Primi chasse les odeurs du parfum capiteux de belle maman tout en s'angoissant du courant d'air qu'elle fait dans la chambre en ouvrant légèrement la fenêtre.
Le Mâle repart alors chercher des sushis à Primi qui meurt d'envie de poisson cru. Restée seule, Primi fait une liste des choses qu'elle a oublié à la maison (sèche cheveux, maquillage, et Kinder Bueno).

Primi restée seule avec micro-nain commence à se détendre un peu, à trouver ses marques. Elle le garde contre elle et se dit qu'il va falloir du temps avant d'être vraiment à l'aise. Qu'il va falloir des heures passées avec cette petite chose pour la connaître réellement. Et qu'à cette idée, elle est la plus heureuse des mamans. Parce que, mine de rien, il a l'air chouette ce micro nain. Malgré l'épisio, malgré les seins douloureux, malgré le bain foiré et les visites médicales dix fois par jour, malgré la chaleur de la chambre, malgré l'instant pipiquibrûle, malgré le stress et les pleurs, Primi n'échangerait sa place avec personne.

Le Mâle a rapporté des sushis. Primi et lui dînent en tête à tête sur le porte plateau. La petite famille est heureuse.
Primi a bien noté l'heure des tétées, des changes et des selles sur la petite feuille, elle est très fière d'elle.

La seconde nuit est pire que la première. Il y a moins de monde qui passe mais le nain est tout stressé et ne dort pas très bien. Primi finit par le garder dans les bras la majeure partie de la nuit. Elle ne dort pas beaucoup car elle a peur de le faire tomber.
Dans les chambres voisines, ça braille. Primi se sent épuisée. Et commence à en avoir assez d'être là. Elle a mal, elle veut son lit, son Mâle, sa télé et ses chaussons Isotoner. Elle veut son oreiller tout doux et pas d'alèse. Elle veut sa lampe de chevet et pas ce néon blafard.
Elle veut manger et pas avoir des hauts le coeur à chaque fois qu'elle soulève la cloche du plateau repas.

Sur ces pensées plutôt négatives arrive le Mâle. Avec des croissants. Primi l'accueille en pleurant et se confie à lui. Puis s'écroule de sommeil.
La journée passera plus vite puisque Primi recevra la visite de ses collègues. Qui auront eu la bonne idée de lui offrir un chèque cadal pour micro-nain. Et qui s'éclipseront à l'heure de la tétée, pour ne pas gêner Primi.
D'ailleurs Primi commence à être gênée. Par ses seins. Qui ont triplé de volume.
Elle appelle la sage femme, épatée par son tour de poitrine.
- Bin c'est votre montée de lait!
- Ah bin oui, mais comment je fais maintenant pour mettre mon soutien gorge?

Primi est toute embêtée, les seins lui tirent et elle a mal à chaque tétée du micro-nain.
Elle demande des conseils. Et en obtient:
Réponse 1 : - videz bien un sein avant de donner l'autre
Réponse 2: - alternez au cours d'une tétée, ça sera plus simple

Primi est paumée et décide de ne plus poser de questions. Pourtant elle s'angoisse sur le poids de son micro-nain. Prend il assez? Elle décide de noter ses questions pour les poser à ses copinautes à son retour à la maison.
et que pensez vous de la tétine sinon??? aaaaaargh...Primi, tu veux te faire lyncher ou quoi???

Elle passe le temps entre la télévision, les discussions avec le Mâle, les moments de douceur avec son micro-nain. Elle commence à remplir le joli cahier de naissance que le Mâle et elle avaient acheté.
Elle glisse le bracelet de naissance dans la petite enveloppe disposée à cet effet. Et note scrupuleusement tous les détails (poids, taille, nombre de tétées, etc...). Elle est déjà émue.

La photographe de la maternité passe prendre des photos. Elle installe le nain sur le lit avec une peluche à côté, essaie de lui faire prendre des poses. Primi trouve que c'est meugnon et la laisse faire.

Ensuite, alors que Primi s'était assoupie, les femmes de ménage viennent faire la chambre. Primi attend que ça soit fini et se recouche. Mais micro-nain a faim. Primi a vraiment hâte d'être chez elle, surtout que la maman de la chambre d'à côté regarde Attention à la Marche volume 30 tous les midis. Et la Roue de la Fortune le soir. Primi sature.

Les nuits suivantes se déroulent un peu mieux, elle commence à être un peu plus à l'aise avec l'allaitement même si elle avoue ne pas maîtriser totalement la position "ballon de rugby". Même le bain ne la terrorise plus tant que ça. Enfin presque. Quant aux soins du cordon, c'est le Mâle qui s'en charge, elle n'aime pas ça, c'est un peu trop berk.

Le jour de la sortie approche et Primi est contente de se dire qu'elle va enfin quitter son pyjama et cette chambre. Elle n'oublie pas de finir la boîte de macarons Picard offerte par le Mâle.
Et elle attend qu'on autorise sa sortie.
Le Mâle est parti chercher la nacelle pour emmener micro-nain. Il a rangé toute la maison et rempli le congélateur, il a passé l'aspi et fait le lit. Il a mis un joli bouquet de fleur sur la table et a contemplé la chambre du nain avec la larme à l'oeil (surtout en se rendant compte qu'il aurait peut être fallu une deuxième couche - malgré la peinture dite monocouche).

Le Mâle arrive pour récupérer sa petite famille. Tout est ok, le pédiatre est passé et a donné le carnet de santé du nain à Primi. Emue, Primi, de savoir que son nain aura ce petit carnet avec lui toute sa vie.
Le Mâle pose délicatement le nain dans la nacelle rutilante et Primi trottine derrière lui dans le couloir en remerciant l'équipe au passage. Arrivés à la voiture, Primi s'installe à l'avant, béate de bonheur et épuisée. Elle est prête à rentrer chez elle.
le nain est bien

Quant au Mâle, il lui faudra environ dix bonnes minutes, quelques jurons, une notice et quelques gouttes de sueur sous les aisselles avant de s'installer aux côtés de Primi, en vrai chef de famille.
"Allez, on rentre. Nous sommes trois maintenant".

Multi:

Multi est heureuse de voir que cette fois, elle a une chambre simple. Pour nain n°2, elle était avec une autre maman, très sympa au demeurant, mais c'est toujours gênant (surtout quand le nain ne fait rien qu'à brailler).
Multi se vautre sur le lit comme une baleine échouée. Micro-nain dort, elle va faire pareil. De toute façon le Mâle doit repartir gérer les deux autres nains qui sont en pension chez une amie. Qui doit craquer.
Multi roupille donc. Il est 18h.
18h30: le plateau repas arrive.
bah, ça change de Picard

Chouette, Multi a faim. Pas bon? Peu importe, pour une fois, ce n'est pas elle qu'on va engueuler si c'est mauvais. Des cannellonis? Bah, pas si mauvais. De toute façon, Multi a environ 8 kilos de nourriture dans sa caravane valise de maternité. D'ailleurs, tiens, il va falloir remplir le mini-frigo.
Alors, voyons voyons :
- coca light
- brumatiseur Kenzo pour sentir bon
- petite boîte Léonidas (ça c'est le Mâle soupire Multi)
- Kinder Maxi (encore le Mâle)
- patchs lissants défatiguants au bleuet
- Gü - bananoffee (ça c'est Multi)
merci le Mâle, je pense qu'il y en aura assez

Tiens, micro-nain émerge, ça doit être la délicieuse odeur des cannellonis. Il a du goût.
Multi le colle au sein pendant qu'elle termine sa galette bretonne (pur beurre tout gras). Micro nain a des miettes dans les cheveux.
Après la tétée et un gros câlin, Multi se dirige vers la salle de bain histoire de faire sa toilette. Elle laisse tout de même la porte entrouverte histoire de surveiller micro-nain (faudrait quand même pas qu'on lui pique). Elle ne tente même pas de faire pipi. Elle fera sous la douche, au moins, elle ne pleurera pas bêtement aujourd'hui.

Un bon lavage de cheveux, une bonne crème hydratante qui sent bon et Multi se sent revivre.
Elle se sèche les cheveux et les lisse, histoire d'avoir une tête présentable. Pendant ce temps micro-nain roupille. Multi éteint les lumières et branche sa petite lampe de chevet. Elle sort un bon petit magazine intellectuel (Voici, Closer) et commence à s'assoupir.

Durant la nuit, à chaque visite, elle allumera sa petite lampe pour ne pas être éblouie.
Micro-nain dormira contre elle, bien calé par le coussin d'allaitement.
dodo le nain

Multi passe une nuit entrecoupée et hachée, mais en même temps, elle n'a pas eu besoin de se lever pour (au choix): un pipi, un cauchemar, une perte de tétine, rien du tout que le plaisir de voir la tronche de maman à 2 heures du matin.

Non, vraiment, Multi est contente, elle n'a pas eu à filer de coups de latte au Mâle pour qu'il (au choix) se lève (pour une fois), lui laisse la couette, enlève son coude de ses cheveux.

Le petit déjeuner est servi, Multi sort ses pitch au chocolat de la valise.
La sage femme arrive pour les soins, Multi plaisante avec elle puisqu'elles se connaissent déjà (trois accouchements dans le même service, ça aide).

Lorsque la puéricultrice arrive, Multi lui dit qu'elle a déjà donné le bain du nain. Gniark.
La puer n'y croit pas, mais Multi la rassure avec un grand sourire (et un joli mensonge).

Pendant la sieste de micro-nain, Multi somnole. Le Mâle viendra la voir cet après midi avec les nains.
Puis Multi décide de se faire les ongles. Des pieds. Et puis des mains tiens, ça l'occupera.
c'est wondermaman qui lui a donné cette fabuleuse idée

Le repas de midi arrive, le nain a faim en même temps, comme toujours.
Multi sort son sein et mange son taboulé.
Tiens, le nain a de la semoule dans le cheveux. Il faudra tout de même lui donner un bain demain finalement.
Multi a demandé le retour à la maison à J+2, on peut le faire quand on a déjà des nains (et que, franchement, on sait qu'à la maternité on ne se RE-POSE PAS).
Elle profite donc de son dernier jour pour dormir, écouter des daubes sur son Ipod et terminer son Harlan Coben (commencé cet été sur la plage).

En début d'après midi, Multi trouve tout de même que son nain a le teint jaune. Elle appelle la sage femme qui confirme. Il doit faire un petit ictère, on va le mettre sous lampe.
Et là, le moral de Multi s'effondre. Ictère = lampe à UV= nain à lunettes= 5 jours à la maternité.
et le nain bronze...quelle midinette...

Multi sort les Kinder Bueno et les patchs lissants. Elle tente de rester zen.
Puis, on lui amène la lampe et les lunettes du nain. Autocollantes sur les tempes. Avec un faux dessin de lunettes dessus. Le nain est ridicule. Multi ricane bêtement et prend tout de même une photo.
L'après midi commence, le nain sous sa lampe à UV entrain de bronzer tranquillement, et Multi qui surveille que le nain ne s'arrache pas ses lunettes. Passionnant comme spectacle.
Heureusement, pour la distraire, son Mâle arrive chargé des deux nains. Surexcités.
mignon le nain, pas très intéressant, mais mignon

Multi sort micro-nain de sa cabine à UV pour le présenter à ses frères. Il les regarde avec un air circonspect. Le grand lui caresse la tête. Le petit saute sur le lit.
Multi sort de sa malle valise de maternité deux cadeaux. De la part de micro nain, pour les deux grands. Ils hurlent de joie. Micro-nain pleure.
Le grand reçoit une grue.
Le petit des voitures.
Ils sont heureux, ils adorent micro-nain.
La sage femme passe voir si tout va bien, elle manque de tomber dans les papiers cadeaux et les morceaux de carton de la grue (que grand nain a voulu installer tout de suite).
Puis petit nain commence à se lasser de la maternité. Il a fait vroum-vroum, a boulotté la moitié des Kinder du frigo, a essayé de monter sur le lit et a joué dix minutes avec la télécommande à faire monter et descendre le dossier. Maintenant il aimerait aller courir dans le couloir en poussant des cris de loup.
Son frère ferait bien la même chose.
Le Mâle décide de repartir. Les nains pleurent parce qu'ils veulent maman.
Multi en a gros sur le cœur mais ne pleure pas devant les nains. En revanche, à peine la porte fermée, elle fond en larmes. Elle veut rentrer dans sa maison. Toudessuite.
Mais Multi se reprend et recolle micro-nain sous sa lampe. Puis retourne à son poste d'observation. Dépitée.

La seconde nuit est un peu plus agitée, micro-nain a soif d'être resté sous sa lampe toute la journée. Multi sent que sa montée de lait est proche.
Le lendemain, banco, c'est Lolo Ferrari qui est dans le lit. Multi enfile son soutien gorge taille 110 et ne hurle pas lorsqu'elle se cogne les seins contre le plateau repas.
le nain aime Lolo Ferrari

Puis, elle re-colle micro-nain sous la lampe. Et bouquine.
La photographe de la maternité passe voir Multi pour lui proposer de faire des photos toutes meugnonnes de micro-nain.
Multi la regarde d'un air suspicieux. Et lui demande de bien vouloir regarder son nain.
- Nan mais regardez le , il est jaune là, et puis son pyjama est sale. Et il a du taboulé dans les cheveux. Alors non, merci pas de photos.

La photographe sourit poliment et repart.
C'est le Mâle qui entre, seul. Belle-maman est venue pour garder les nains.
Multi s'inquiète.
- Tu lui as bien expliqué pour le repas?
- Oui, j'ai même tout préparé. La purée toute mixée et les pâtes au fromage.
- Tu lui as dit de ne pas donner de bonbons au petit même s'il réclame?
- Mais oui, je les ai planqués!
- Tu lui as bien précisé qu'ils devaient faire la sieste à partir de 13 heures?
- Mais oui. Elle le sait...
- Tu parles, elle va se faire arnaquer la mamie.

Multi n'est pas sereine. Le Mâle s'occupe un peu de micro-nain pendant qu'elle sort faire un tour dans les couloirs (et s'acheter le Biba et le Cosmo, les seuls magazines qu'elle n'a pas lu - il sera temps de rentrer, après ça sera Femme Actuelle et Avantages).
L'après midi, après le départ du mâle, une copine passe voir Multi. Elle ne lui a rien acheté, pour un troisième garçon, Multi "doit tout avoir". Bin oui.
Elles papotent de tout et de rien, du poids qu'il faudra perdre et des vergetures (les salopes).

Les jours défilent, Multi s'ennuie. Le Mâle passe un peu la voir, ramène les nains une seconde fois mais ils ne veulent rien faire d'autre que regarder la télé sur le lit. Et comme Multi n'a pas emmené le dividi de Tchoupi à la maternité, ils préfèrent rentrer.
 
Enfin, le jour de la sortie approche. Multi remballe toutes ses affaires dans son coffre sa valise. Elle salue l'équipe.
- A bientôt alors madame, pour la petite fille cette fois?
- C'est cela oui....

Multi retrouve le Mâle qui s'est garé en triple file, les nains piaillent à l'arrière.
Multi installe micro nain à côté de ses frères qui sont déjà entrain de s'enfiler une Pom' Potes.
Une goutte de compote lui tombe sur le front.
Va falloir s'y faire.
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