27 oct. 2011

Petite fugue...par Gaïa

Un petit moment de fugue...que Gaïa partage avec vous en ce jeudi. Je dois certainement être en train de chercher d'adôrables jouets en bois pour les nains....

"
Jeune maman (41 ans, c'est jeune, non ? ) d'une minette de 4 ans, et dans l'attente de l'arrivée imminente de demoiselle n°2, j'ai toujours aimé écrire.
Alors quand ma médiathèque a organisé un festival invitant ses adhérants à pondre un texte (poème, nouvelle, conte...), l'encre de mon stylo
n'a fait qu'un tour. Une grande envie de participer (encouragée par l'Homme, qui me pousse à écrire depuis des années - la meilleure des thérapies pour moi selon lui), mais aucune idée.
La page blanche. J'ai réfléchi pendant des jours. Rien.
Et c'est grace à ma fille que j'ai soudain eu " L'Idée ". Après une journée pourrie où elle avait été over chiante (genre tu te demandes pourquoi
tu as fait un enfant), l'inspiration m'est tombée dessus.
Une idée délicieusement immorale, savoureusement cruelle, merveilleusement défoulante.
Je vous fais partager ce texte en avant-première, après l'avoir fait lire à l'Homme, qui n'a pu s'empêcher de se demander pourquoi je l'avais
tanné pendant des années pour avoir des enfants (je lui ai dit que je m'étais inspirée d'un fait divers, et c'est en partie vrai).
Je les ai voulues mes filles, désespérement, et je les Aime.
Mais punaise, qu'est-ce que ça fait du bien de lâcher tout le négatif qu'on accumule malgré tout !
Merci à ma fille (qui m'inspirera encore j'en suis sûre), à ma deuxième (qui a accepté de me choisir comme maman), et à mon Homme. Pour
tout.
Allez, je vous laisse lire (en espérant échapper à la DDASS lors de la lecture publique. En même temps, j'ai envoyé ma participation sous un
joli pseudo. Gnarff.)
 FUGUE
C'est elle qui en avait eu l'idée en lisant pour la troisième fois de la soirée "Le petit Poucet" aux enfants.
Etonnement, l'homme n'avait semblé ni surpris, ni choqué. Comme si cela avait pris naissance dans sa tête à lui aussi, depuis longtemps. Comme un ver tapi au coeur d'une pomme, invisible, et qui par de tortueux chemins finit par remonter à la surface.
L'idée ne leur sembla ni choquante, ni immorale. Non, juste éclatante de logique. Une question de survie. Un ultime geste désespéré pour retrouver leurs vies.
Ils avaient rassemblé quelques affaires, installé les enfants dans la voiture avec leurs doudous. Eux si remuants la journée semblaient maintenant impossibles à réveiller. Presque attendrissants. Mais même cette vision idyllique n'éveilla rien chez le couple. Ils savaient trop bien que sous cette apparente innocence se cachaient des êtres machiavéliques, sans pitié, guettant la moindre faiblesse, le plus petit grain de fatigue ou de doute pour attaquer et dévaster objets et personnes.
Ils roulèrent longtemps. Seul le ronronnement du moteur troublait le calme de la nuit.Ils n'échangeaient pas un mot, concentrés sur leur destination. Des phares les éclairaient parfois quelques instants avant de disparaître derrière eux. Vers le passé. Eux roulaient vers l'avenir.
L'homme bifurqua à l'entrée d'une zone commerciale, et s'arrêta devant un magasin de jouets. Les portières s'ouvrirent. Soulevant avec précaution les petits corps endormis, ils les déposèrent à l'intérieur d'une maisonnette en plastique jouxtant les portes d'entrée.
Puis, main dans la main, aggripés l'un à l'autre comme des naufragés qui chancellent en retrouvant la terre ferme, ils rejoignirent la voiture.
Au petit matin, roulant vers une aube nouvelle, à nouveau seuls au monde, ils échangèrent un sourire. Ils se sentaient à nouveau libres, vivants, amoureux. Envahie par un sentiment de paix intense, la femme s'assoupit un instant.
Une main sur son épaule la secoua doucement. Elle ouvrit les yeux dans la pénombre d'une chambre d'enfants. La veilleuse s'était éteinte. Une demi-seconde de flottement où se mélangèrent l'horreur, l'espoir,  et le soulagement. Les enfants dormaient paisiblement. L'homme lui souriait. Elle poussa un léger soupir, le regarda. Et dans ses yeux elle retrouva le sens de tout cela, la force de fermer le livre abandonné sur ses genoux, et de se lever pour le rejoindre.
La porte de la chambre se referma sur le silence.
Jusqu'à demain.
Gaïa C.R."

8 commentaires:

  1. Excellent. Le meilleur de cette semaine.

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  2. Ca fait tellement de bien ... hein ?

    Moi, mon truc ce serait surtout de trouver ce fichu compartiment pour leur retirer les piles quelques jours. Histoire de souffler ...

    Et depuis peu j'ai trouvé : les Grands-parents ont eu la bonne idée de se mettre à la retraite ;)

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  3. Hi hi hi ! Je ne suis qu'une primi, et encore que depuis 3 mois, donc je n'ai pas encore eu envie d'attacher ma fille à un lampadaire sur une aire d'autoroute, mais y aura bien un jour... Dommage que ce ne soit qu'un rêve. J'aurai adorer une fin un peu plus trash :-p

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  4. Céline, 2 nains27 octobre 2011 à 15:19

    J'aime bien ce texte. C'est vrai, il y a des jours où l'on se demande ce qui nous a pris de vouloir, et avoir, un ou deux nains ou plus si affinités! Et on a parfois de vilaines pensées, mais vite oubliées grâce au sixième sens du nain qui glisse au bon moment "je t'aime maman" (pour ceux qui savent parler, sinon un grand sourire ou un câlin, ça marche aussi!).

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  5. beau récit, vraiment bien écrit...
    (suis jalouse, j'aime me défouler en déposant quelques mots sur du papier, mais je ne le fais pas avec autant de talent !)

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  6. superbe !!!
    bravo très bien ecrit, t'as bien eu raison de prendre ton stylo ;)

    et oui les vilaines pensées qui s'evanouissent au calin qui suit, je crois que toutes les mamans peuvent passer par la

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  7. Magnifiquement écrit, votre Homme a bien raison de vous encourager à écrire. Ateliers d écriture et autres ou bien juste le talent naturel ?
    Et sur le contenu, oui, on doit toutes s y retrouver un moment ou l autre...
    Très beau, vraiment !

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  8. Aline et Charlotte ( et bientôt + une!! )28 octobre 2011 à 10:25

    Article très bien écrit! Sujet courageux et très bien amené je trouve. Chapeau!

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