Pour ceux et celles qui voudraient retrouver la série des 1, 2, 3 ça change quoi...c'est en cliquant là.
Je ne suis pas encore une professionnelle de la famille nombreuse contrairement à
Sabine ou à
Cécile.
Mais ça y est, j'ai quatre corbeilles de linge pour mes quatre maboules, j'ai quatre chaises de nains dans ma cuisine (donc quatre raisons de plus de me cogner le gros orteil effectivement) et j'ai quatre sièges autos dans chaque voiture.
Et quelques cernes.
Et quelques kilos.
Bien entendu, cet article n'est que le premier et j'espère être amenée à revenir vous dire ce que ça change dans notre vie d'avoir quatre enfants, parce que je pense que notre vie va s'enrichir au fil des mois. Sportivement et humainement parlant.
Décibellement aussi, vous vous en doutez.
Voilà donc un premier petit debrief sur notre vie à six.
Gloups.
Avoir quatre enfants ça change QUOI?? (pour de vrai)
- le sommeil :
Soyons honnêtes et si je mets le sommeil en premier c'est parce que j'ai les yeux qui piquent et que je ressens dès midi l'appel de la couette. Le sommeil, de toute façon, quand tu deviens parent, c'est terrible. Enfin non, si tu n'as qu'un enfant qui s'avère être un gros dormeur, ça se passe très bien. Mais plus tu fais d'enfants, plus tu multiplies tes chances d'avoir des levers nocturnes et des réveils matinaux.
Nano a six mois à peine et elle se réveille encore une fois par nuit pour téter,
Belle-Maman (à qui on n'a rien demandé) vous dirait "tu n'as qu'à la passer au biberon".
Sans compter les cauchemars terribles de Moyen Nain : "J'ai rêvé que Micronaine me faisait boire un biberon d'eau ENTIER maman". Excellente raison pour hurler "Noooooooooon" vers trois heures du matin, en effet.
Les questions existentielles de Grand Nain "Maman? Je me demandais si la petite souris allait vraiment retrouver ma dent puisque je l'ai perdue à la balançoire".
Il est deux heures du matin, ça fait quatre heures que j'ai déposé le sou dans ta boîte alors ne t'en fais pas pour la souris mon coco.
Et Micronaine qui vit des choses terribles vers cinq heures du matin : "Mamaaaaaaaaaaan!!!! J'ai perdu la serviette à cheveux de bébé noir". Ah oui. La serviette à cheveux. Voyons-voir. Elle doit être sous son anorak d'hiver, perdu dans ta couette.
Bref, les nuits sont chargées de réveils, de larmes, de Mâle qui râle parce qu'il a du se lever (ah non, on me fait signe que le Mâle râle juste pour donner le change) et de couette repoussée mille fois.
Le sommeil, bon, voilà, clairement on en manque.
Mais finalement un de plus, ce n'est pas pire. Cela fait longtemps qu'on a oublié notre break de l'après-midi (quand les enfants faisaient la sieste en même temps) donc foutus pour foutus, on a rempilé pour quelques années de cernes.
Evidemment, les gens qui nous connaissent savent qu'on se couche tôt (très tôt), qu'on se lève tôt (trop tôt) et ce peu importe l'heure à laquelle nous avons couché le premier et le dernier des quatre.
Ils savent aussi qu'on répond toujours "Fatigués" à la question "vous allez comment en ce moment??".
Inutile de vous dire que les premiers mois sont vraiment chauds puisqu'il faut gérer un nouveau né sans rythme et trois autres nains totalement trop rythmés.
On jongle donc avec les siestes, les déposés de Nano dans un cosy encore endormie et PAF réveillée par une grosse tête de nain devant elle, les Chuuuuuuuuuut, votre soeur dort (enfin) et les "Papa et Maman vous mettent un petit dessin animé et vont s'allonger". Dix minutes.
- la transpiration:
Ah oui, vous avez intérêt à vous munir d'un bon déodorant si vous comptez avoir quatre enfants. Parce que la logistique, c'est du sport. Il faut porter les cosy, porter l'avant-dernière qui décide de chouiner sur le chemin de l'école (alors que vous êtes - encore - en retard), porter les manteaux, les sacs de goûter et les bâtons (oui, une collection de bâtons, c'est une coutume ancestrale chez le nain).
Le nain étant persuadé que vous êtes son esclave, ne comptez pas sur lui pour vous donner un coup de main. Au mieux, il vous tient la porte. Et oublie, donc vous la relâche en pleine tête alors que vous tentiez de passer avec la poussette et un cabas de course coincé sous le bras.
Vous allez suer. Quand il faudra installer quatre nains dans la voiture, monter sur les banquettes, se coincer les doigts dans les ceintures, sous les sièges pour atteindre le machin rouge dans lequel on clipse la ceinture, vous allez en tirer des lanières, en insulter des put** de sièges qui ne se mettent pas correctement.
Et des nains qui restent immobiles. Qui n'y arrivent pas.
Les boulets.
Quand il pleut, c'est un régal croyez-moi.
Bref, oui, avoir quatre enfants, c'est transpirer. C'est se lever trente huit mille fois de table (verre d'eau, yaourt, cuillère, éponger le verre d'eau, changer la cuillère qui n'est pas la cuillère Kitty, se rasseoir, le sel, ah non finalement la cuillère Kitty est sale).
Le soir, c'est faire douze mille aller-retour entre les chambres, pour un bisou, un câlin, un verre d'eau, encore un câlin, et "on fait quoi demain?"
Rhâââââ, mais DODO bordel.
Le soir c'est douche.
Le matin, on se doucherait bien aussi.
- le montant des courses:
Quatre enfants.
Pour le moment Nano ne dévore pas encore comme les trois autres mais imaginez un peu.
Chaque repas = 4 yaourts.
Donc 8 par jour. Mouahahahahaha. Rien que de l'écrire ça me fait penser qu'il faut que je fasse un drive.
Oui oui, on peut aussi tenter le fait-maison. Mais quand les nains (et le Mâle) avalent ton divin yaourt maison avec une grimace (voire un haut le coeur pour Moyen Nain, tout en mesure) en assurant que c'est "pas mauvais mais quand même, on dirait un peu de la morve", étonnamment, tu n'as plus envie de te faire fier à faire des yaourts maisons.
Et il n'y a pas que la nourriture, bien sur. Les couches, le papier toilette (oui, le nain déroule vite le papier), le lait, les pantalons (les genoux troués, mon obsession).
Les courses montent un peu en gamme donc. Mais j'avoue que ce n'est pas vraiment un souci. Je fais des drive, ce qui m'évite de craquer pour des trucs totalement inutiles et je fais LE truc que je ne pensais JAMAIS faire. Acheter en GROS stocks. Oui.
La maboule qui avait dans son caddie 64 rouleaux de PQ c'est moi.
Vous vous moquez mais il m'en reste encore.
- la voiture:
Notre souci ce n'est pas tant les mômes que le chien.
Nous avons un Grand Scenic, rebaptisée Petite Voiture par Micronaine (cette princesse un peu bourge).
Nous avons tenté le Grand Scenic avec quatre nains. Mouahahaha.
Faisable. Contorsion, déodorant, tête du chien sur genoux des enfants. Et où met-on les bagages?
Dans le coffre de toit. Ah non, il est déjà blindé, n'oubliez pas que vous êtes six.
Du coup, nous avons guetté les occasions et investit dans un mini-bus. Un trafic pour être plus précis. Je vous ferai un petit retour dessus pour celles et ceux qui sont intéressés.
Pas très cher, pas extrêmement confortable mais GRAND et, j'avoue, super agréable à conduire.
Surtout que les gens pensent qu'on a acheté la route avec, donc tout le monde nous laisse passer.
Ah oui, il est bleu aussi. Peut être que les gens pensent qu'on est de la gendarmerie nationale (avé l'accent du sud, c'est obligé pour prononcer le mot "gendarmerinationale".
Bref, il vous faut une sept places. On en a huit. Pour le chien.
L'avantage? On balance dans le coffre. Et on a vachement plus de place pour laisser traîner des emballages de compotes vides et des gâteaux moisis.
L'inconvénient? On ne passe pas dans les parkings souterrains. Et tous nos amis nous demandent de venir les déménager.
- la patience:
Rester zen.
Quand tous les nains parlent en même temps. Et encore Nano ne parle pas.
Quand ils veulent tous ABOUARE au même moment.
- Regardez les nains, j'ai combien de bras là?
- Deux!
- T'es pas une pieuvre maman!!
- Non, je ne suis pas une pieuvre. J'ai deux bras et j'ai combien d'enfants???
- Trop maman.
- Voilà. Alors on patiente huit secondes les mecs.
Je dis les mecs, le masculin l'emporte. Et quand je vois Micronaine roter et dire "Pardon Gérard", je continue à dire "les mecs".
Bref, il faut être patient.
Ne pas vouloir manger dans le calme. Ne pas vouloir manger du tout.
Ne pas vouloir comprendre leur délire.
Ne pas vouloir petit déjeuner en une fois.
Ne pas vouloir faire un jeu de société calmement avec eux.
Ne pas vouloir que leur chambre soit rangée (hin hin hin - rire dément de la mère qui visualise au même instant la chambre de ses nains).
Bref, laisser de côté pas mal de chose, prendre son temps (sauf le matin pour l'école) et se dire que rien n'a vraiment d'importance, tant qu'ils ont mangé, qu'ils ont l'air à peu près propre et qu'ils ont un lit (jonché de playmobils) pour dormir.
- les moments pour soi:
Quand j'en parle avec des amis qui ont aussi
trop beaucoup d'enfants, nous en arrivons souvent au même constat.
Au premier enfant, tu ne modifie pas "trop" tes habitudes. Finalement, tu le cases dans ton emploi du temps. Même si, bien sûr, le matin c'est lui qui décide de l'heure du lever, même s'il faut bien entendu s'adapter à lui, la vie peut continuer avec quelques ajustements.
Mais à partir du moment où tu es propriétaire de plusieurs nains, tu peux OUBLIER ton emploi du temps. C'est le leur qui prime.
Quasiment tout le temps.
En fait, les journées se déroulent pour eux, majoritairement, et dès que tu as un petit créneau sans rien à faire...HOP...tu le prends pour toi. Na!
C'est donc moins évident pour nous puisque nous avons quatre remplisseurs de cases de calendrier, mais nous essayons de nous dégager du temps pour nous (deux) et pour nous (tout seul).
Un restaurant (avec Nano) un midi dans la semaine si on le peut.
Une livraison de sushis de temps en temps autour d'un verre de vin quand les nains sont couchés.
Une balade et du shopping sur une pause déjeuner...bref, plein de petits moments saupoudrés.
C'est certain qu'il ne m'arrive plus de me coller sur le canapé un dimanche après midi entier avec un bon bouquin.
C'est certain aussi que si je veux me prendre un bain, il faut que j'attende que les nains soient couchés.
Mais bon, finalement, on le trouve le temps, ce n'est franchement pas ce qui nous pose problème.
Si, j'avoue, parfois, j'ai juste envie d'être SEULE.
Je laisse donc les nains au Mâle et je vais faire un truc toute seule, ça n'a pas besoin d'être un truc formidable mais c'est vital.
- le regard des autres:
A chaque sortie, c'est pareil.
Les gens nous regardent passer, comptent les enfants, et chuchotent.
Nous sommes soit des catholiques très pratiquants. Soit des cas-sociaux.
Si si.
C'est très drôle d'ailleurs, de voir la tête des gens changer lorsque nous débarquons quelque part. Surtout si les nains sont fringués en Spiderman.
Ou si Micronaine est en mode Princesse Trash.
Cela ne me pose aucun problème, j'avoue, mais j'imagine que cela peut peser.
Tout comme les "à quand le cinquième?" et les "vous comptez vous arrêter à combien?".
Ce qui est touchant, en revanche, ce sont les gens qui nous confient qu'ils étaient quatre, et que c'était génial.
Et ceux qui en ont eu trois, et qui ont toujours regretté le quatrième.
Confidences.
Sur le sujet, je partage souvent cet article génial :
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/341958-pourquoi-les-familles-nombreuses-ont-elles-mauvaise-reputation.html
- L'ambiance à la maison:
Avoir quatre enfants c'est accepter d'être clairement en infériorité.
Déjà trois, nous étions foutus.
Mais là, c'est pire.
Ils vivent dans leur monde.
Ils se foutent clairement de savoir si nous sommes d'accord ou non.
Quand ils partent dans leur dinguerie, nous n'existons plus.
A table, ils partent dans des délires que nous ne pouvons affronter. Ils ont une routine bien à eux, un mode de fonctionnement qui leur est propre. Rien ne peut les faire bouger d'un poil de leurs habitudes.
Si cela a un côté effrayant car parfois nous avons le sentiment de n'avoir aucune prise sur eux, je trouve ça finalement super qu'ils aient leur monde à eux dans lequel les parents n'ont pas leur place.
Rassurez-vous, ces moments de folie arrivent surtout à la maison, bizarrement ils se tiennent plutôt correctement à l'extérieur.
D'ailleurs, je me déplace souvent avec les quatre (même pour faire une course) et je n'ai aucun souci. Comme si le fait de savoir que je suis seule à en gérer quatre les faisait se tenir correctement.
Je les préviens de la situation, j'explique que je ne veux pas en voir un seul courir devant, qu'on reste près de la poussette et qu'on ne fait pas les maboules.
Et cela fonctionne plutôt bien.
Pas toujours hein, ils sont quand même bien maboules...
Voilà le premier texte sur ce que ça change (un peu) d'en avoir quatre.
Et évidemment, lorsque je me retrouve avec "juste" trois, deux ou un enfant, j'ai le sentiment de voler du temps, l'impression que c'est tellement facile.
Donc voilà, un quatrième, pour le moment, à part le sommeil et l'amour qui se multiplie encore, ça ne change pas grand chose.
Ils s'engueulent toujours autant et s'aiment toujours autant.
Ils ne sont pas jaloux et font attention à ne pas (trop) hurler quand leur soeur roupille à côté.
Les repas sont toujours de grands moments sportifs et les couchers sont toujours identiques, je m'ajoute juste 10 minutes de plus pour gérer la petite.
Bref, comme toujours, depuis le jour où on a eu son premier enfant, on s'adapte.
De toute façon, on fait. Peu importe hein, on n'a pas le choix. Ces enfants, c'est tout ce que nous sommes. En tout cas, c'est beaucoup de ce que nous sommes.
Donc on fait. Point.
Bien sur, des choses changent plus radicalement: les sorties, les vacances et la vie sociale.
Mais nous n'en sommes pas encore là.
A suivre....