C'est un second témoignage de PMA que j'accueille aujourd'hui sur le blog. Celui d'A. qui a tenu à relater son parcours.
Le premier témoignage était là, émouvant et tellement vrai, si vous souhaitez le retrouver.
Je sais que certaines (j'en fais partie) ont plutôt à se soucier de faire attention pour ne pas tomber enceinte. Je sais que d'autres, bien d'autres, attendent. Longtemps. Et qu'au delà du médical, c'est tout ce que nous sommes qui prend une sérieuse claque.
Ce témoignage aurait pu inspirer notre coach sexuel, parce que faire l'amour parce qu'il le faut, c'est tout ce qu'on ne veut pas. Et pourtant.
Je vous laisse avec cette maman et j'en profite pour serrer fort celles qui attendent. Parce qu'on a beau ici rire des nains, râler sur les nains, crier sur les nains...nous n'oublions pas pour autant leur valeur. Et ce qu'ils ont fait de nous.
Episode 1 : on arrête tout !
Octobre 2005, la libération !!! Décision commune, j’arrête la pilule !!!! Sans me douter de ce qui nous attendait : des peurs, des doutes, des joies, de l’impensable, des angoisses, des douleurs.
Avec le recul, je me dis « pourquoi » ??? Vouloir être mère devrait être si simple ! Pour certaines, il suffit d’y penser pour être enceinte, pour d’autres…
Je fais partie de la 2ème catégorie.
On dit que devenir mère est le plus beau des cadeaux, qu’il fait que le couple soit solide car la venue d’un enfant remet tout en question. Ce qu’on ne dit pas (ou peu) c’est que la « conception » (je n’aime pas ce mot mais à défaut d’un autre !) met aussi à mal le couple et même des années plus tard laisse son empreinte.
Le temps passe, l’envie se renforce de plus en plus, elle est là, tapie dans un recoin de notre esprit pour ressurgir dès que l’occasion se présente. Mais rien, toujours rien, le néant, le vide absolu… Je me pose des questions, mon homme, se sentant moins impliqué, n’entend (ou n’écoute pas) mon inquiétude (que bien sûr, en tant que femme qui se respecte je distille à coup d’allusion espérant que mon cher et tendre décode tout seul ce que je veux / peux pas lui dire).
Je le sais, je le sens, quelque chose ne va pas.
Des câlins spontanés, dictés par l’envie et le désir, on glisse petit à petit vers les câlins dictés par le calendrier. Pour le moment, je ne dis rien, je me mets la pression toute seule, j’écoute mon corps qui me dit « ça y’est, c’est le moment faut y aller ».
Oui, mais… Oui, mais quand on sait qu’on DOIT le faire PARCE QUE c’est la bonne période, forcément, l’élan de désir manque de spontanéité et ça se ressent. Psychologiquement, c’est dur, on se fait des nœuds au cerveau, on a toujours cette petit voix dans notre tête qui nous dit « je DOIS tomber enceinte (parce qu’on en a très envie, qu’on se le dise), il FAUT faire l’amour car c’est le bon moment… »
Que dire de la 2ème partie de cycle où le moindre symptôme nous met la puce à l’oreille, où le moindre retard fait bondir notre cœur…
On cherche des signes n’importe où on s’imagine tout pour se rassurer… Et puis, on se raisonne, le temps passant, on se fait à l’idée que ça ne sera pas cette fois-ci mais on a quand même ce petit espoir caché au fond de notre cœur « tant que les règles ne sont pas là… ».
Combien de tests pipi j’ai pu faire, combien de fois je me suis retrouvée à le regarder en pleurant de rage, de colère, de déception… Combien de fois j’ai regardé avec envie et jalousie ces femmes avec leurs gros ventres ???
Je me sens le ventre vide, le cœur vide, je n’arrive pas vraiment à exprimer cette douleur sourde tapie au fond de moi, qui ne demande que peu de choses pour venir me tourmenter. Pourquoi, moi ? Je cherche des réponses, qu’est-ce que j’ai pu faire pour mériter ça ? Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ? Et si le problème vient de moi, si mon homme me quitte à cause de ça ? Pourquoi, et si, comment ???
Je ressasse toutes ces questions sans arrêt dans ma tête.
Et que dire des diverses réflexions du genre « c’est ds la tête, ça viendra quand t’y penseras plus » ou encore « ben alors, vous avez perdu le mode d’emploi » ?
Petit à petit, l’idée fait son chemin dans notre couple « y’a un problème »…
Episode 2 : le 1erpas
Et puis, la décision est prise : aller consulter mon gynéco habituel. Rendez-vous pris, j’expose le problème. Il l'est pas très causant, me dit « faut faire
le test de huner ». Sachant que j’ai une ovulation capricieuse et que ce test se fait pendant l’ovulation, y’a déjà un hic….
Je me rappelle encore du « déroulement » de ce test . J’ai dû rentrer du boulot entre midi et 2 pour copuler faire l’amour et la cata, limite si on ne s’engueule pas, on bloque l’un comme l’autre, tout se fait dans la colère, les pleurs et la précipitation… Je me sens humiliée de devoir faire cet examen, mon homme se braque, le prend très mal (pas sur l’examen en lui-même mais sur le côté programmé). Bref, très mauvais souvenir qui est pourtant encore très présent dans mon esprit.
3 jours plus tard, direction gynéco pour les résultats.
Et là, grosse claque ! Commentaire « y’a pas de spermatozoïde c’est inquiétant » !!
Sous le choc, je ne sais pas quoi dire et je ressors du gynéco complétement déstabilisée et avec cette peur qui me noue les entrailles « sans spermatozoïdes, pas d’enfants » ! Et cette peur viscérale qui vous retourne dans tous les sens, qui vous prend aux tripes « et si je ne peux pas être maman » ?
Après réflexion, je m’oriente vers un autre gynéco, spécialisé dans l’infertilité (et qui deviendra, pour le meilleur et pour le pire, mon nouveau « meilleur ami » pendant plus d’un an !).
Janvier 2007, on met le pied dans
la PMA. Cette fois-ci, plus d’échappatoire, il y a toute une batterie d’examens à faire : diverses prises de sang pour le taux d’hormones, spermogramme pour mon homme, hystéro machin chose truc (qui s’est soldée pour moi par une allergie à l’iode avec un petit tour aux urgences à la clé !) .
Juillet 2007, tous les examens ont été fait, le verdict tombe : mauvaise ovulation « dysovulation » pour moi et glaire de mauvaise qualité. Le traitement ? Des piqûres durant la 1ère partie du cycle (Gonal) avec prise de sang et écho régulières (tous les 3 jours) pour voir l’évolution, puis déclenchement de l’ovulation par une autre piqûre (ovitrelle) et ensuite, sous la couette !!!!
On (ou plutôt je) ne réalise pas vraiment ce qui nous attend. Bon, ma 1ère angoisse, les piqûres, je déteste les aiguilles et je dois (oui, oui, moi toute seule comme une grande) me piquer moi-même avec des seringues pré remplies. Je demande le secours de mon homme qui va gérer cette partie du traitement « avec grand plaisir ».
L’été passe, avec malgré tout, toujours cet espoir qui me fout en l’air quand les règles arrivent… Le moral est pas tip top, la libido, on n’en parle même plus, elle est inexistante car pour moi faire l’amour = faire un bébé or comme j’ai des problèmes, à quoi ça sert de faire l’amour ?
Je n’arrive plus à concevoir l’idée de faire l’amour par plaisir et envie. Et en plus, les rares fois où j’arrive à me laisser aller, j’ai toujours cette petite voix qui me dit « est-ce que c’est la bonne période » ou alors « bon, je suis en ovu (enfin, je crois) donc il FAUT faire l’amour.
Episode 3 : allez hop, on y va !
Une fois le verdict posé, reste à savoir si on en parle autour de nous et à qui ? Personnellement, j’en parlais volontiers sans forcément rentrer dans les détails. J’ai dû mettre mon employeur au courant car les prises de rendez-vous du gynéco n’allaient pas forcément me laisser le choix de l’horaire.
Septembre 2007 : ça y est, la machine est lancée, les piqûres ont démarrées. Mais… Oui ?, mais, y’a quelque chose d’étrange, j’ai des bouffées de chaleur, le cœur qui tape, je me sens, je sais pas, comme un mal être sournois qui plane au-dessus de moi sans arriver à dire ce que c’est. Après être allé voir gynéco, on baisse le dosage ( les hormones me jouent des tours). Mais de fil en aiguille, j’arrête le traitement car je fais des crises d’angoisses. Le début du traitement a été l’élément déclencheur de quelque chose qui me menaçait depuis un petit moment suite à une série de bouleversements familiaux dans ma vie.
Mars 2008 : bon, ça y est, les crises d’angoisses sont un « lointain » souvenir, on redémarre le traitement. Tout s’enchaîne, les piqûres, les prises de sang, les échos… Je réagis bien au traitement, l’ovulation est déclenchée et on passe aux travaux pratiques.
Côté soutien, j’ai trouvé un forum formidable, petit par sa taille mais grand par son soutien et son amitié (la CQLB family va se reconnaître !!!)
2 semaines plus tard, le verdict. Pendant ces 2 semaines, j’oscille entre espoir, peur, espoir, peur. Je vis au gré de mes humeurs qui sont de vraies montagnes russes, en un claquement de doigt, je passe de l’espoir au désespoir.
Malheureusement, le 14ème jour, au matin, elles sont bien là…. Bon, ben, ce n’est pas grave, c’est comme d’hab ! Et oui, maintenant, j’entre dans la période où de toute façon, c’est normal que je ne sois pas enceinte. C’est normal que toutes les filles autour de moi (cette année-là, il y a eu 4 grossesses dans ma famille dont ma sœur).
On devient aigri, on a plus envie d’entendre ces femmes (proches ou non) venir nous crier leur bonheur à la figure et ensuite, venir se plaindre de leurs nausées ou autres maux de la grossesse… On s’enferme dans notre bulle de malheur, on se laisse porter par le courant mais de manière blasée et défaitiste…
Avril 2008 : hop, c’est reparti pour un tour. Et là, ça commence mal, je réagis moins bien, en 1 semaine, je vais aller voir mon gynéco 5 fois sans compter que j’ai le droit à une prise de sang toutes les fois !
Et puis encore et toujours ce même résultat, toujours négatif…
Allez, on repart pour un tour… Et là, mauvaise nouvelle, au vu de mes derniers résultats « pas fameux », si pour ce cycle rien, on passe en IAC c’est à dire insémination artificielle. Là, je me prends une grosse claque, le moral est au plus bas ! On passe de la stimulation simple aux IAC puis après, ça sera quoi, les FIV et puis après, plus rien ?
Je remonte la pente tant bien que mal, et attaque un nouveau cycle de piqûre. Je réagis très bien au traitement. "Conditions parfaites réunies" dixit gynéco.
On déclenche, retour sous la couette. Et encore 14 jours d’attente. Et là, ça tourne dans ma tête, là, cette fois-ci, toutes les conditions sont là et si cette fois, ça marchait….
Mais les douleurs significatives des vilaines sont là, je ne me fais pas d’illusion, de toute manière, ce n’est pas possible que je sois enceinte. Le 14ème jour…. Rien, pas de règles…
Mouais, bizarre quand même car la fois précédente, elles ont débarqué pile poil 14 jours après. 15 jours, rien, 16 jours rien…Je ne veux pas faire de test de grossesse, ça a toujours été négatif jusqu’à présent, y’a pas de raison que ça change.
Oui, mais, j’ai toujours pas mes vilaines… Je deviens chèvre, mon homme souhaite attendre encore avant de faire un test. 17 jours, je pète un plomb, je pars du boulot entre midi et 2 au labo pour faire la prise de sang, j’aurais les résultats ce soir après 17h.
Je n’ai rien dit à personne, autant vous dire que l’après-midi est très longue, je tourne en rond… 17h30 je vais chercher les résultats. On me tend une enveloppe et je ne sais pas comment mais je tiens le coup, je ne l’ouvre pas, je veux le faire avec mon homme.
30 mn plus tard, j’arrive à la maison et je dis en tendant l’enveloppe « j’ai fait une prise de sang, les résultats sont là », je n’ai même pas le temps de préciser que j’ai pas encore regardé que mon homme me l’arrache des mains pour l’ouvrir. Et là…. Je vois tout une liste de taux avec des semaines en face…. Je regarde en haut de la page « 2426UI/L »
Pas d’explosion de joie, on se regarde, je dis à mon homme « je suis enceinte » et puis rien… On se sent bête, on ne sait pas quoi faire ni comment réagir…
Ca y’est, je suis ENCEINTE !! Moi qui attendais ce moment avec tellement d’impatience, ben, on y est… Je me sens perdue, je ne réalise pas, d’autant plus que je n’ai aucun symptômes si ce n’est de la fatigue.
Le 1er mois passe, le 2ème, rien de particulier, pas de symptôme. Puis l’écho du 1er trimestre. J’y vais avec mon homme un peu angoissée mais contente de voir notre petit trésor.
Et là… Le ciel s’écroule…. Clarté nucale très épaisse et œdème généralisé… Problème de trisomie ou cardiaque. Je dois aller faire une autre écho le lendemain avec un gynéco spécialisé dans les diagnostics anténataux. On ne comprend pas, on ne réalise pas ce qui se passe, on ne veut pas le croire.
Non, pas nous, pas après toutes ces épreuves ! Pourquoi, qu’est-ce qu’on a fait ? Ca tourne dans la tête, je sais pas, je sais plus, je n’arrive plus à croire à cette grossesse…
Le lendemain, confirmation du diagnostic, je dois entrer à la maternité le mercredi pour passer un examen plus poussé, faire un prélèvement du chorion (ce qui donnera plus tard le placenta) pour analyser l’ADN du bébé. Je vous passe les détails des 3 jours. Le jour de l’examen, c’est un véritable cauchemar dont j’ai l’impression de ne pas pouvoir sortir. L’examen se passe mal, j’ai mal, si mal que le gynéco ne peut faire le prélèvement et me dit « il faudra faire une amniocentèse ».
Là, je m’effondre, je pique une véritable crise de nerf, non, je ne peux pas attendre encore 2 mois, sentir le bébé bouger pour qu’on me dise quoi, qu’il n’y a rien à faire et qu’il faut pratiquer une interruption médicale de grossesse ?
Non, non, non, c’est inconcevable ! Sur mon insistance, le gynéco retente le prélèvement. D’un coup, j’entends « il n’y a plus de RC »… Et là, je comprends, le cœur du bébé a cessé de battre. Je ne réalise pas (on m’a donné un anxiolytique) mais je me sens soulagée d’un grand poids, la nature a décidé pour nous. Je dois subir une aspiration / curetage le lendemain mais j’ai le droit de rentrer chez moi.
Le temps passe, j’essaye de cicatriser cette douleur omniprésente au fond de mon cœur, je suis suivie par une psy, j’ai des hauts et des bas. Mais je n’oublie pas ce petit être qui a vécu quelques mois en moi. Dans mon cœur, elle (car on a su que c’était une petite fille) fait partie de la famille, c’est un petit ange qui veille sur nous. Les résultats tombent, aucune anomalie, c’est « la faute à pas de chance »…
Les mois passent, la douleur s’estompe. Puis en octobre, on relance la machine. Cette fois-ci, c’est insémination. On se lance, personnellement, je suis, je sais pas trop, je le fais mais sans espoir ou désespoir, je le fais car « il faut » en passer par là. Et puis, le jour où mes règles devaient arriver, rien.. J’attends quelques jours, je fais un test et bing, positif…
Bon, on ne s’emballe pas, on attend pour voir. J’ai quand même le droit à une hyperstimulation (une dizaine de kystes sur les ovaires qui ont triplés de volume) qui va s’estomper au cours du 1ertrimestre. J’essaye d’être sereine mais l’angoisse reste tapie au fond de moi.
Viens l’écho officielle du 3ème mois, j’ai le cœur qui bat aussi vite je pense que celui de mon bébé. Et puis, là, je le vois et tout va bien, aucune anomalie ! J’ai l’impression qu’un grand poids s’enlève de mon cœur… Je vais profiter de cette grossesse même si à chaque écho (j’en aurais une tous les mois) ma tension bat des records.
Mon petit cœur (je l’appelle comme ça) est prévu pour le 27 août, on ne veut pas savoir le sexe. C’est un bébé très dynamique qui bouge énormément. Il bouge tellement que le 6 août 2009, on part à la maternité car contraction (depuis début juillet, j’avais le col raccourci et ouvert côté interne), à 8h, je perds les eaux et à 10h44, on me pose une magnifique princesse de 2 kilos 610 et 44 cm. Ca y’est, après ce long combat, je tiens enfin notre enfant tout contre moi.
Justine a maintenant 2 ans, c’est une petite fille magnifique qui nous ravit de jour en jour et qui illumine nos cœurs. On se pose la question du petit frère ou pas, j’ai envie, j’ai pas envie mais je ne veux pas refaire de traitement. On laisse la nature faire tout en se disant bien « tu parles, cours toujours… »
Et puis…. Mi-septembre 2011, des signes m’ont mis la puce à l’oreille, je fais un test tout en me disant « c’est pas possible » mais j’y crois un peu quand même… Et puis, en 1 mn, une petite barre s’affiche… 6 ans à quelques jours après avoir arrêté la pilule, après des années de combats et une merveilleuse princesse, j’attends un « bébé couette » …
Voilà, je voulais juste apporter mon témoignage et mon soutien à tous les couples qui passent par des difficultés et même si vous n’y croyez pas, tout est possible et un miracle aussi !!!