Attention. Ceci n'est pas un billet à vocation polémique. D'ailleurs vous savez très bien que c'est absolument pas mon fond de commerce ni ma passion que de monter les mamans (et les papas) les uns contre les autres. J'ai tenu à parler du statut de mère au foyer/père au foyer parce que je vis actuellement une situation assez similaire. Ayant choisi de prendre une année de disponibilité pour des raisons familalement correctes (déménagement, changement de ville, garde d'enfant, etc..) ET professionnelles (écriture du fameux livre que tu vas bientôt en savoir plus), j'ai, au quotidien, un bref aperçu de ce que peut être une journée de parent au foyer. De plus, certaines maman m'ont envoyé des petits mails en me demandant d'aborder le sujet. Ce que je fais.
Il n'est pas question ici de dire "les MAF ne foutent rien" ou "on est mieux au boulot sans les gosses". Il est question ici de partager, comme toujours, un peu de vie. Des bons côtés et des mauvais, parce que les choix que nous faisons nous regardent. Parce que nos choix ne sont pas toujours ceux que nous aurions fait. Parce qu'il faut parfois du courage pour faire ce que nous faisons.
Renoncer à son boulot.
Dire "je suis en congé parental".
Se justifier. Expliquer.
Répondre au "tu as choisi ou ...?"
Esquisser un sourire et puis tenter un "c'est pour eux surtout que je le fais".
Essayer de dire que le choix est mûri et que la situation nous convient.
Entendre des "moi je ne pourrais pas" ou des "toute la journée?".
Tenter de faire comprendre que c'est une volonté propre et que ce n'est pas si facile.
Regarder l'air hautain et méprisant de certain(e)s. Se rassurer en regardant ses enfants. Se dire qu'on a fait le bon choix.
Etre mère au foyer, c'est loin d'être quelque chose de facile.
En plus, moi, je ne suis même pas une vraie mère au foyer puisque je "travaillotte" à côté. Je dois donc gérer les nains (matin/midi/soir), la maison (vous savez ce que c'est, je ne vous fait pas de dessin) et mon boulot (et mon blog aussi).
Cela dit, j'ai un Mâle présent et qui m'aide, ça aide. Ce qui n'est pas toujours le cas.
Mais, quoi que l'on fasse, on est toujours "à la maison".
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Vous pouvez accompagner à la piscine Madame Grand Nain?
- Heu, oui...
- Oui, c'est bien vous ne travaillez pas!
- Enfin si, à la maison, mais j'écris pour des gens alors vous savez je gère mon temps un peu comme je le veux, je bosse le soir, je...
- Oui, très bien je vous note pour tous les jeudis alors!
Etre à la maison, soyons honnêtes, c'est super.
Oui, c'est super, on est disponible.
On peut s'octroyer une sieste si on le souhaite, si les nains dorment, si on a le temps. Bon, en vrai on ne le fait pas souvent.
On peut prendre un café au calme en écoutant Pascale Clark ou en regardant les Maternelles.
On peut jouer avec son nain, le cajoler, le regarder grandir, faire des activités sympa avec lui et se dire qu'on en profite.
Oui, être à la maison, c'est super.
On peut ranger, repasser, faire les lessives, nettoyer la baignoire et faire en sorte que le tapis de bain anti-dérapant ne pourrisse pas en trois semaines.
Oui, c'est super, on peut récupérer les enfants tous les midis et leur faire des bons petits plats.
Oui, c'est super, on va les chercher à 16h30 et on profite d'eux.
On n'est pas obligée de prendre une journée enfant-malade et de courir récupérer sa progéniture qu'on avait mis à la crèche avec 38° (oui, bon, ça va hein, on l'a tous fait...).
On n'est pas obligée de poser un RTT pour aller se farcir la préfecture, la mairie ou tout autre activité administrative chronophage.
Oui, être à la maison, c'est super. On peut allumer l'ordinateur et surfer un peu pendant que le nain fait sa sieste. On peut même en profiter pour faire ses courses en ligne parce que, quand même, emmener le nain en course, c'est boulet. Avant on y allait rapidement en sortant du boulot. Maintenant ce n'est plus possible.
Oui, c'est super.
Ce qui est moins super c'est le sentiment, parfois, ne se perdre un petit peu.
Je ne parle pas vraiment de moi tout à fait puisque le blog et mes différents travaux d'écriture me permettent de me réaliser professionnellement.
Mais quand même.
Quand ta journée s'est résumée à nettoyer des fesses, à changer des couches, à ranger la maison et à faire à manger. Quand tu n'as croisé comme adulte que les mêmes mamans de devant l'école, que tes seuls mots de ces dernières heures ont été adressés (au choix) au chien ou à ton nain, tu te prends à déprimer légèrement.
Quand vient le soir et que tu as géré les nains, que le repas est prêt et que ton/ta conjoint(e) rentre, tu es joie. La vie commence. J'exagère mais c'est un peu ça. Un adulte! Youhou!
Mais l'autre adulte a bossé LUI. Et tu le comprends. Il/Elle voudrait juste se poser deux minutes. Toi aussi. Mais toi ce n'est pas pareil puisque tu ne bosses pas.
Donc tu n'oses pas. Et tu ravales.
La discussion tourne autour de celui qui travaille, de ces anecdotes de boulot. Toi? Tu racontes les dernières bêtises/progrès des nains. En en rajoutant. Et puis tu te tais, parce que tu trouves que ce n'est pas passionnant. Tu cherches des sujets de conversation. Et tu te rends compte que tu n'en as pas tant que ça. Si tu as vraiment envie de déprimer, tu te mets à penser que ta vie ne se résume qu'à tes mômes. Et tu pleures.
J'en rajoute volontairement, bien sur.
Mais je me doute que certaines le vivent comme ça.
Le sentiment de tout donner et de n'être plus grand chose.
Rester à la maison, ce n'est pas si facile. Les pauses, il y en a. Mais pas plus que si on travaillait.
Rester à la maison, c'est un acte qui n'est pas égoïste.
Quand on fait le choix d'être parent au foyer, parce que ça s'impose à nous, je pense que la situation est plus facile. Les journées qui défilent doivent moins peser parce qu'on a choisi, parce qu'on en avait envie. Faire des jeux avec les enfants, des activités, sortir avec eux, aller jouer au parc, vivre au quotidien avec un nain (ou plusieurs), je pense que nous n'en sommes pas tous capables.
Moi, par exemple (je parle de moi parce que je me connais), je n'aurais JAMAIS imaginé vivre ce que je vis en ce moment. Me lever, me préparer, faire petit-déjeuner les mômes, les habiller (m'énerver), gérer les pertes de chaussures et les sacs de goûter, répondre aux "j'A fait cacaaaaa" et aux "où est passé mon anoraaaaak??", les coller à l'école, rentrer, ranger, jouer avec Micronaine, la mettre à la sieste, bosser vite et plus vite que ça encore, ranger, lessive, réveiller Micronaine, école, repas (cirque à table), retour à l'école re-sieste, reboulot, et école (encore), goûter, jeux, engueulades, menaces et bain, jeux (encore), discussions et négociations, retour du Mâle, passage de flambeau après micro-pause du Mâle, repas des nains, dialogue de sourds des parents, histoires, dents, pipi, coucher.
OUF.
Effectivement, c'est physique, effectivement c'est du sport. Je n'aurais jamais imaginé dire un jour "cette année je m'arrête, c'est le mieux, financièrement et pour les enfants, c'est le mieux".
Jamais. Nous changeons. Je ne me suis jamais forcée. Je n'ai jamais eu envie de m'arrêter avant, je reprenais à la date prévue (ou presque) à temps plein. Parce que ça me convenait, que j'avais une super crèche et que tout se goupillait toujours bien. Les enfants étaient bien, nous aussi.
Quand les choix sont assumés, personne n'en souffre. Un enfant qui se rend compte que c'est une déchirure pour sa mère ou son père que d'aller bosser n'est pas heureux. Un enfant que son papa/sa maman dépose à l'école avec le sourire, y va avec plaisir (ou presque).
Aujourd'hui, j'ai décidé d'être là pour eux, et de prendre du temps pour écrire (pour moi).
Bon j'avoue, Micronaine va deux jours à la crèche (ouf), ce qui me permet d'avoir des plages horaires de deux/trois heures SEULE dans ma semaine. Et ça, ça fait du bien. Vraiment.
Cet article est un peu décousu parce que je parle de tout ce qui fait mon quotidien et de ce qui doit composer celui de vous autres, parents au foyer.
Parfois heureux de leur choix quand ils voient leurs enfants à la maison plutôt que brinquebalés à la cantine ou au périscolaire.
Mais parfois gavés d'être toujours là, dans les mêmes tâches répétitives et peu gratifiantes, tout en pensant que les enfants des autres vont bien à la cantine et qu'ils n'en meurent pas.
Il faut trouver un juste milieu et surtout, trouver une situation qui convienne à tout le monde.
Je n'ai aucune culpabilité à laisser ma fille un peu à la crèche. En revanche, ça me ferait fier de dépenser mon salaire en garde pour aller faire classe à cinquante kilomètres d'ici.
Et de récupérer mes nains à 19h parce que je fais une heure de voiture le soir.
Voilà. La réflexion doit se faire là.
Qu'est ce qui compte? Sur quoi puis-je jouer?
Parfois, il suffit d'un rien.
La vie de parent au foyer peut être gratifiante si c'est ce que l'on aime faire.
La vie de parent au foyer peut être géniale si ça nous correspond.
Mais cela n'empêche pas le coup de blues, le sentiment de ne faire que des tâches rébarbatives et surtout, l'impression que personne ne reconnaît ce rôle.
Personne pour vous dire : "C'est bien monsieur, vous avez pris votre après-midi pour faire toutes les lessives et ranger le linge, BRAVO, grâce à vous, les bassines ne traînent plus dans l'entrée".
Et non. C'est NORMAL.
Personne pour vous dire : " c'est chouette d'être plus présente cette année auprès de vos mômes, ils ont l'air contents". Non. C'est NORMAL.
Et puis ce clivage travail/maison m'exaspère. Cette animosité "maman qui travaille/maman à la maison" qui existe, ça me débecte.
Pour avoir fait les deux, je soutiens qu'on ne PEUT pas comparer.
Oui, parfois j'étais plus tranquille au boulot qu'à la maison (surtout en période de varicelle).
Oui, parfois je regrette ma pause déjeuner solitaire où je pouvais traîner une heure en ville SEULE.
Mais non, je ne regrette pas ce choix. Même si je suis consciente qu'il n'est pas fait pour moi. La maternité vous fait faire des choses un peu étranges...
Une situation que l'on assume, un choix que l'on clame, voilà ce qui nous "sauve".
A celles qui me demandent ce que je fais, je leur dit clairement: "je travaille à la maison. Je m'occupe des enfants, j'écris, je fais ce que j'ai à faire. Pour le moment ça me convient, pour le moment ça leur convient. Demain, ça changera probablement, mais pour l'instant, notre équilibre est ainsi".
Cependant, c'est difficile parfois d'assumer.
Surtout quand on n'a pas eu le choix. Quand on suit un conjoint et qu'on ne retrouve pas de travail. Quand on est à la maison alors que l'on rêve de retourner bosser.
Pas évident.
Je dirais : allez, tant pis. Tout cela n'aura qu'un temps. Il y a mille autres choses à faire et à penser. Il y a des choses à voir, des gens à rencontrer. A celles qui rongent leur frein en attendant de pouvoir (enfin) retourner bosser, je leur souhaite de trouver un petit truc à faire en plus, histoire de ne pas penser à ce qu'elles ont mis de côté. A ceux qui ont choisi de rester à la maison pendant que leur femme part tous les matins et qui doivent faire ce que la génération précédente n'aurait jamais laissé faire, je leur souhaite de voir dans les yeux de leurs enfants un simple "c'est chouette!".
On ne reste pas à la maison pour que nos enfants nous remercient un jour.
On ne reste pas à la maison pour qu'ils nous disent "tu as été une bonne mère/un bon père".
Les choix que nous faisons sont inhérents à nous mêmes.
Ils ne dépendent que de nous. Nous n'avons rien à prouver aux autres.
Et nos enfants ne nous sont pas redevables.
Si nous le faisons, c'est parce que ne pas le faire nous est insurmontable.
Quoi que nous choisissions.