Troisième jour (j'ai certainement voulu faire la grasse mat' mais je me suis réveillée, par habitude, à 7h03...). Voilà le témoignage d'Alex, peintre en bâtiment et .... enceinte...
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quand l’ouvière en bâtiment tombe enceinte !!!
Marie étant atteinte de flemagite aïgue, a proposé comme ça en passant qu’on lui écrive un pti billet.
Je prend donc ma plume pour vous faire part de mon témoignage de future maman qu’on relègue au rang de femme au foyer à peine l’oeuf fécondé.
épilogue:
Voilà un matin en me levant m’est venu l’idée de changer de profession, j’étais animatrice avec les nains mais ne gagnant pas assez ma vie, j’ai décidé de me lancer dans la peinture.
De là les interrogations, artiste peintre ?? non non peintre en bâtiment, le pantalon sale, les cheveux secs, et les mains cornées (ouin toi demoiselle, ouin toi)
J’avais 26 ans et demi (sisi ça compte), je m’étais attendu à tout, les rudes journées, les esprits macho, les courbatures ... les côtés negatifs je les avais tous enfin presque !!
Après l’alternance, me voilà dans une super entreprise familiale, avec un super patron, des collegues sympathiques, et bientôt 29 ans.
L’histoire commence:
Une vie sentimentale assez tumultueuse, je trouve enfin l’Homme, le vrai, celui avec qui j’ai envie de m’installer, de faire des n’enfants, bah oui ne l’oublies pas j’ai 31ans à ce moment là, tic tac petite horloge.
Au moment de nous lancer dans la procréation, fini de s’entrainer on va mettre un peu en pratique les cours de 4ème, j’ai rendez-vous avec mon cher médecin du travail pour ma visite annuelle, et me vient tout de même l’idée de lui parler de la condition de femme enceinte sur un chantier, car c’est quand même mon quotidien, réponse du doc: “oooohlala mademoiselle, c’est bien la 1ere fois que ca m’arrive dans ma carrière ça “ huuuuuuum et donc monsieur le docteur ?? “et bien, enceinte les chantiers sont interdits, pas de port de charges, pas de travail en hauteur, pas de solvants de peinture” (j’aurais dû prendre une photo de mon expression de visage à ce moment là je vous jure !!!)
Donc j’ose la conversation avec mon patron (rappelez vous il est sympa), qui me répond que pas de soucis y’aura bien des choses à me faire faire. Me voilà donc rassurée.
Hop la, on met tout ça en route, en se disant que ça va bien prendre quelques mois avant que je tombe enceinte, le sterilet est enlevé, nous sommes le 5 mars 2010.
Bizarement le pti oeuf s’est accroché le 13 mars, oui oui 2010 !!!!!! On attend tout de meme la prise de sang le 29 mars, je l’annonce à mon patron le 30, l’homme ne voulait rien risquer ne serait-ce qu’un jour de plus au milieu des solvants et des dangers d’un chantier, et la réponse de mon patron m’ai laissé ... comment dire ... sur le cululu: “aaahooooh baaaaaah félicitations quand même, et on fait quoi maintenant???!!!!!”
Je lui répond donc qu’il va falloir me trouver des choses à faire hors chantier, “et bien non mademoiselle, ça n’est pas possible j’ai dejà une secrétaire”
Vous imaginez bien que les hormones étaient dejà bien présentes !!! Je suis rentrée à la maison achevée, avec une seule solution : me mettre en arrêt maladie toute ma grossesse!
De là, le combat (contre des moulins a vent) a commencé.
1) prise de contact avec le medecin du travail, qui s’est trouvé bien désemparé face à la situation puisque c’était sa 1ere fois à lui aussi!
2) prise de contact avec la sécu (non ne riez pas) 3 interlocuteurs, 3 réponses complétement différentes (je ne l’avais pas vu arriver celle là!)
3) prise de contact avec la HALDE, l’inspection du travail, le ministère du travail, pour finir à écrire au Président de la République, une sympathique réponse m’est parvenue de son cabinet me disant qu’il transmettait aux services appropriés , vous imaginez bien que j’attend toujours !!
Le résultat fut le même partout, j’étais bloquée à la maison en arrêt de travail sans être “malade”, avec pour réponse principale “on ne sait pas”, “votre patron doit vous reclasser”... Mais qu’est-ce que je fais moi si il ne peut pas !!!???
Je vous passe les passages chez l’assistante sociale car on ne me payait pas mes arrêts maladie, je vous laisse imaginer la mouise et les montées hormonales.
La réponse est tombée de l’assistante sociale de la pro BTP (non je ne fais pas de pub, dans le bâtiment on est obligé!), qui me dit que l’arrêt c’est mieux financièrement parlant, car payée 50% par la sécu, et une partie par la prévoyance, que mon patron a eu l’ingénieuse idée de prendre, merci pour moi ! Résultat 7 mois a 75% de mon salaire, puis congés maternité au moment voulu par notre chère sécu. Sinon il existe dans les cas spéciaux comme ça de non reclassement une indemnité versée par la sécu mais moins interessante quand on prépare l’arrivée d’un bébé (qui coûte un bras). Sachant que dans le BTP on perd toutes ses primes mensuelles tel que panier, déplacement... (environ 200€ en plus).
Donc à savoir, ils n’arretent pas de promouvoir la féminité dans le bâtiment, que ce sont aussi des métiers accessibles, ce qui est vrai, mais ils ont oublié que les femmes peuvent aussi être mère parfois, ou il faut l’être avant de choisir.
Maintenant, je vous entend vous posez la question, “mais qu’a-t-elle fait pendant 7 mois??”, les 2 derniers mois je ne les compte pas, j’étais sur mon canapé échouée, telle une baleine sur le sable!
Dejà j’ai passé les 2 premiers au téléphone, chez l’AS, à la sécu, chez le médecin (merci d’avoir gruger la sécu), sur les forums histoire de trouver un vil témoignage de quelqu’un dans mon cas, j’en ai trouvé un d’ailleurs, qui a fini par rester en arrêt comme moi à se morphondre de ses indemnités pitoyables.
Les 2 mois suivants à pleurer, mon homme me retrouvait tous les soirs en larmes tellement je m’ennuyais, j’ai tenté le crochet (mouahahahahaha), toutes les amies au boulot forcement elles avaient un métier. Je me suis alors fait beaucoup d’amies virtuelles (ou plus) avec qui on s’est soutenu et avec qui on se soutien toujours merci les filles ;)
Mon homme a fini par m’acheter une guitare, euuuuuuuh passé les 5 mois ça mériterait un pti dessin d’illustration!
Et les mois suivants à me faire une raison (et les comptes), et à préparer l’arrivée de mon pti ange.
C’est dans ces périodes là que j’ai connu marie et les histoires de ses nains, qui m’ont fait passé des heures à furter sur son blog et à faire pipi de rire, merci petite vessie de femme enceinte.
Alors je te remercie de me laisser écrire vers chez toi, car tu as eu un impact énorme sur mes 5 derniers mois de grossesse, entre rires (beaucoup) et larmes (parfois). L’homme aussi te remercie car il me retrouvait morte de rire, ça l’a changé des crises de larmes où il se demandait si je regrettait cet enfant.
Mais non rien de rien, je ne regrette rien (tiens ça me dit quelque chose), mon fils est la plus belle chose qui me soit arrivée, et si c’était à refaire...huuuuum je choisirais peut être une grosse boite où y’a des postes en bureau pour un 2eme lol."