Les aléas de la vie font que, parfois, tu es obligé de partager ton divin et profond sommeil avec tes nains.
Ah non, attends, je la refais, ça c’était la version Mâle.
Hum hum.
Depuis que tu as des nains, il te faut l’admettre, tu dors moins bien qu’avant. Ton doux sommeil de Nulli est bien loin. Tu as le sommeil d’un chasseur (non-bourré) : tu somnoles d’un œil, tu rêves à moitié (de tes nains) tout en gardant une oreille en mode « repérage ». Tu es du bon côté du lit, prête à bondir au moindre gémissement de nain.
Ndlr : Petite enquête à effectuer par chez toi (ou auprès de tes amies de la gente féminine) : de quel côté dors-tu mère dévouée ? Du côté du mur, bien tranquille ? Calée loin de la porte, loin des nains ?
Ne réponds pas, tu es comme moi, j’en suis certaine.
Tu es le plus près de la porte ou le plus proche de la chambre des nains… (misérablement prévisible).
Je m’en doutais. Et je suis prête à parier que, lorsque tu arrives dans un lieu vierge de toute habitude literiesque (néologisme tiré de la routine de la literie), le Mâle te laisse TOUJOURS le côté du lit le plus proche des nains. Et même toi, maintenant, comme mue par je-ne-sais-quel-instinct, par je-ne-sais-quelle force, tu prends TA place. Ne secoue pas la tête, c’est ainsi, c’est tout.
S’il y a parmi vous quelqu’un qui arrive à dormir collée contre un mur, du côté de la fenêtre, le plus loin des nains, il va falloir qu’elle m’explique :
- Comment elle fait pour enjamber silencieusement et ce, plusieurs fois par nuit, un Mâle échoué tel un chasseur bourré (et encouetté dans toute la couette).
OU
- Comment elle a fait pour trouver un Mâle qui se lève la nuit…(Georges ? Who else ?)
Bref, revenons à nos aléas de la vie. Pendant ces vacances, j’ai donc du partager mon espace nocture avec mes 3 nains (et le Mâle mais en fait, lui, à part prendre toute la couette, il ne fait pas grand-chose).
Une nuit avec trois nains, ça commence parfois tôt (genre si ton espace nocture est une chambre d’hôtel). Là, tu prends sur toi et tu fais silence pendant que tout le monde s’endort (à 21h) et tu t’endors aussi (parce que je te rappelle que tu es un parent = tu es exténué en permanence). Si tu es un petit veinard en forme, tu peux également endormir tes nains et terminer la soirée à papoter avec le Mâle (ou autre) sur le balcon/dans la salle de bain minuscule/dans le couloir (ou au bar de l’hôtel mais ça fait quand même un peu parent indigne).
Si tu dois juste partager ta chambre parce que tu squattes chez des gens qui n’ont qu’une chambre à t’offrir pour la durée de ton séjour (c’est déjà sympa de ne pas avoir fait semblant d’être absent pour éviter ta visite avec nains), c’est plus facile.
Coucher tous les nains dans la même chambre, c’est un peu mon quotidien alors rien de bien difficile là-dedans. Evidemment, en vacances, le nain a un QI qui régresse et le coucher est donc un peu plus délicat. Il veut « faire la fête », se « coucher avec les grands » (alors que les grands rêveraient de pouvoir se coucher à 20h30 une fois de temps en temps).
Les nains hurlent, sautent sur les lits (de tes hôtes) rigolent comme des loutres sous acide et finissent par pisser dans leurs pyjamas (sur le lit de tes hôtes).
M’enfin, tu me connais, une petite promenade le matin, une petite piscine l’après midi suivie d’une course poursuite à vélo en soirée et HOP, les nains sont couchables.
Je ne te parle pas ici de ma diviiiiine Micronaine qui s’est endormie chaque soir auprès de ses frères hystériques sans broncher.
(cela dit, je reviendrai sur le terme diviiiiine vers 5h30 du matin).
Bref, bref, le Mâle et moi revenons quelques fois brandir des menaces ridicules :
- Les nains, si je dois revenir, il n’y a pas de télé demain
- Les nains, je vous préviens que si papa doit venir, ça va être une fessée chacun et puis c’est tout.
- Les nains, vous n’êtes pas gentils, demain on vous couche comme des bébés à 20h si vous n’êtes pas capable de vous coucher comme des grands.
Ce à quoi les nains répondent généralement :
- Huhuhuhuhuhuhu (rire de nains qui se foutent carrément de ta gueule)
- Oui oui papa (et ils rajoutent « oui oui caca fesse » une fois la porte fermée, persuadés qu’on ne va pas les entendre)
- Oh non maman, pas la téléééééé (en même temps, ils savent que c’est notre atout-punition depuis toujours)
- Ouaiiiis, une fessée (là, je crois qu’on a raté quelque chose, ça nous apprendra à ne pas en donner).
Les nains finissent par s’écrouler vers 21h30 alors que le Mâle et moi-même avons déjà fait quarante allers retours et n’avons donc pas vraiment pu savourer l’apéritif. Peu importe, ça m’évite de manger des cajoux.
Le repas est consommé dans la convivialité (les hôtes sont contents de ne plus entendre nos nains), et nous parlons de tout, de rien (de nains).
Evidemment, comme tout parent, vers 23h30, nous songeons au lendemain matin.
Et oui, ce n’est pas que je n’aime pas faire traîner les soirées en longueur…c’est que l’heure du lever demeure encore pour moi une sombre inconnue.
Soit x, l’heure du lever de ma petite personne.
Sachant que je dispose d’un modèle de micronaine qui dispose d’un réveil interne de hibou (y) qui se met en marche entre 4h30 et 6h45 et qu’elle émet à partir de cette heure des petits bruits mignons (mais des bruits quand même).
Sachant que dans la même pièce dorment deux andouilles, dont l’heure du lever (z) est fortement lié au réveil mouton (mais pas toujours) et également aux bruits mignons de leur sœur.
Et ajoutons à cela le fait que la dite chambre familiale ne dispose pas de rideau ocultant et que les rayons du soleil tombent directement dans ma tronche, dès l’heure du lever de ce putain d’astre (v).
Nous arrivons au système d’équation suivant :
X= y + 10 (minutes car j’attends toujours 10 minutes quand Micronaine grogne – on ne sait jamais elle pourrait peut-être se rendormir - mouaaaah)
Ou
X= z (oui, là, on ne peut pas patienter, les nains me trouvent et me sautent dessus)
Ou
X = v + 30 minutes (parce que pendant 30 minutes, j’essaie de trouver un angle où le rayon ne me tombe pas sur la tronche).
Bref, inutile de te dire que mon heure de lever est souvent proche de 6h lorsque je dors avec les nains (et le Mâle qui LUI n’est pas face au soleil).
Je râle sur mon heure matinale de réveil, certes, mais la nuit qui précède le lever dans une maison silencieuse (oui, car ces fourbes d’hôtes dorment) est PIRE.
23h03 : Le Mâle et moi-même saluons nos hôtes avec de misérables excuses (« non, mais on est crevés là » , « bah, on est levés depuis 6h30 aussi, c’est pour ça). Nos hôtes comprennent (sont polis surtout).
23h09 : les dents sont brossées en silence et les pyjamas sont introuvables (restés dans la chambre évidemment).
23h11 : armée de mon portable, je cherche mon pyjama dans la valise. Un nain bouge dans son sommeil. Je reste en mode samouraï au dessus de ma valise. En apnée.
23h12 : j’ai trouvé une culotte et un tshirt du Mâle, ça fera l’affaire. En voulant rallumer mon portable, j’ai lancé le mode « sioupère fort » (genre extérieur) et ça fait un gros BIP. Mode samouraï ré-enclanché.
23h13 : Le Mâle entre dans la chambre et me chuchote un truc légèrement agressif du genre « putain, mais quel bordel tu fous là ». Sauf que le Mâle ne sait pas chuchoter et il réveille un nain.
23h14 : le nain se rendort en poulet. Il n’est même plus sur son matelas mais a roulé sur le plancher comme un pouilleux.
23h15 : on se marre avec le Mâle et on songe à prendre une photo (en faisant semblant de lui mettre une vieille bouteille de bière à côté de lui).
23h16 : on se reprend, il est déjà 23h16 et on n’a pas de bouteille de bière dans la chambre (ça doit d’ailleurs être la seule chose absente dans notre bordel de manouches).
23h17 : on s’approche de notre lit. 1m40 de large. Et un nain d’1 mètre de haut qui dort en travers. Ça nous laisse vingt centimètres chacun. En se mettant sur la tranche, ça peut passer.
23h22 : Le Mâle et moi-même entamons une opération de dégageage en douceur du nain parasite.
Un petit glissé-déposé et le voilà bien droit. Entre nous. On se regarde, on le regarde. Attendris les parents (mais pas trop, la nuit reste à venir).
23h23 : on jette un œil au réveil mouton. Qui dort. On se dit qu’il faut mieux en faire autant.
23h55 : Grand Nain a remarqué qu’il dormait par terre, il pleure.
23h56 : Les habitudes sont vite prises, le Mâle fait semblant de dormir (alors qu’il a une jambe dans le vide).
23h59 : je me recouche, je me rendors avec le nain en bouillote à mes côtés. Formidable.
0h02 : en plus il ronfle.
1h46 : le nain parle dans son sommeil :
- qui veut un bonbon ?
- Moi (je blague, c’est l’heure)
- Gné ??!! (le Mâle, qui manque cruellement d’humour passée une certaine heure)
- Je réponds au nain, il demande qui veut un bonbon ?
- Han, mais je dormais moi !
- Ah bon ? Moi je cuillais des pissenlits en fait, alors j’en profitais pour papoter un peu…(crétin).
- T’es con…
Et tout le monde se rendort.
2h22 : le nain a repris sa place en diagonale. Sa tête est sur le ventre de son père (gniark) et ses pieds sur mon ventre (pas gniark).
2h34 : j’ai mal au ventre (le nain bat la cadence)
2h36 : je tente de virer le nain. Il se réveille. Il chouine. Et réveille son frère. Qui veut aussi venir avec papa et maman.
2h37 : Je repose le nain récalcitrant sur son tapis de sol et lui promet que « demain, ça sera toi (et tes dix centimètres de plus) ».
2h40 : tout le monde s’est rendormi.
2h44 : J’ai envie de faire pipi mais je n’ose pas bouger de peur de réveiller un/plusieurs nains.
3h30 : je n’arrive pas à me rendormir du coup…je vais quand même aller faire pipi. Les portes grinçent, on entend tout, je n’ose pas tirer la chasse et même le PQ qui se déroule fait un bordel pas possible.
3h32 : de retour au lit. Le nain est de nouveau à ma place. Cette fois je le pousse contre son père sans ménagement.
4h17 : Micronaine commence à faire des bruits de bouche. Ça ne réveille personne (sauf moi).
5h12 : Micronaine a donc faim et le fait savoir. Des bruits de bouche mignons elle est passée au « BA BA BA ». Ce qui semble signifier « apporte moi mon biberon esclave ».
5h22 : Comme tu le sais, avant 7h, c’est chacun MON tour. En tant que mère asservie au gosier (et à l’estomac de ma progéniture), je me lève donc pour préparer le divin breuvage de sa Majesté de la Micronaine.
5h35 : Micronaine a descendu son biberon, elle rote. La grande classe.
6h02 : J’ai marché à petits pas dans la chambre pendant une demi-heure pour qu’elle digère bien son biberon. J’ai manqué d’écrabouiller le nain vautré au sol. Elle se frotte les yeux. Youhou, je la recouche.
6h56 : après presque une heure de mini-bruits, Micronaine daigne enfin se rendormir. Quant à moi, je me demande s’il vaut mieux que je bouquine mon polar (posé au pied du lit et à peine entamé) ou si je tente le sommeil (sachant qu’il y a une forte probabilité pour qu’un des deux nains se réveille maintenant tout de suite).
Je tente le sommeil.
7h26 : Un nain émerge. Il se lève en éteignant le réveil mouton (raclure va !) et vient nous voir.
7h27 : Un regard assassin au Mâle et le voilà qui se lève (tout en ronchonnant qu’il est bien tôt).
Le voilà parti avec un/deux nains (selon l’humeur) à faire « chuuuuut » dans la cuisine pour ne pas (trop) réveiller nos hôtes.
Et me voilà repartie pour trente minutes de sommeil avant le réveil de sa Majesté qui, d’un « BA BA BA » me signifiera qu’il est temps pour moi, esclave, de changer sa divine couche…