Bon Marie, elle m'a vraiment frustrée avec son concours. Parce que moi, en tant que membre du Grand (et Impitoyable) jury, je ne pouvais pas participer.
Pas grave, j'ai les clefs du blog. Je m'en vais donc de ce pas te faire le récit de mon accouchement, parce que j'aime pas être frustrée, c'est mauvais pour mon teint.
Tu le sais, ici on teste tout, absolument tout, pour toi. On n'hésite pas à donner de notre personne pour te dire que
"N'oublie pas de faire le Nain anti-régurgitations car le Nain RGO, ça-pue-du-cul-grave" ou bien
"Procure toi vite ce truc, ça déchire sa mère ET sa grand-mère", et aussi de supers conseils type
"Ouvre ce put*** de bec le nain" ainsi que des tranches de notre vraie vie réelle
"J'ai parcouru toute la France en voiture avec mon nain et je suis (presque) toujours en vie".
Alors bien sûr, maman testeuse dans l'âme, j'ai accouché sans péri, et je vais te raconter, EN VRAI, comment ça fait. Genre la vérité vraie, pas comme Gisèle Bündchen, qui déclarait après son accouchement (dans sa baignoire, so trendy) "Je n'ai pas eu mal. Pas une seule seconde". Ou comment on peut avoir un corps de déesse, être un des mannequins les mieux payés du monde, former un couple de rêve avec son mec et être atteinte de mythomanie. Rigole pas, c'est triste.
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Là Gisèle n'est pas encore enceinte. |
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Là Gisèle a accouché il y a moins de six mois. Oui, t'as le droit d'aller chercher le pot de Nutella et des kleenex. |
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Postulat de base: je suis grave une chochotte qu'a trop peur d'avoir mal. Genre quand le dentiste sort sa fraise, s'il veut que je ramène la mienne
et éviter d'avoir les doigts en sang il sort aussi sa seringue de xylocaïne. Oui, même pour "une toute petite carie, ça fait pas mal" (c'est ça, ouais!)
Bref, avant l'accouchement du nain, pour moi c'était juste N'IMPORTE QUOI d'accoucher sans péri. La péri, c'est le progrès, la modernité. C'est vrai quoi, si t'en crois ce qu'on te raconte, de la concierge au best-seller de tous les temps (Nan, PAS Laurence Pernoud. Le livre le plus vendu dans le monde c'est la Bible, ignare!) la douleur d'accouchement c'est un peu comme passer entre les mains de Jack l'eventreur
Feat le supplice du pal
Feat l'écartelement. Tu y es? Donc la péri, oui, merci.
Et puis j'ai été enceinte du nain, blablabla, et j'ai fait la MAP (nan, pas la Machine A Pain, la Menace d'Accouchement Prématurée),
aka pleins de contractions sauf que le bébé il nait pas.
Et je dois dire que les contractions, à partir de là, j'en ai eu tout plein, tout le temps. Sauf que bon, en fait ça faisait pas trop mal. Du coup, je me prenais grave pour une warrior de la douleur. Genre, je résiste à tout, genre je peux trop être une James bond au féminin, je ne livrerai jamais aucun secret même sous la torture (je fais bien sûr référence à Daniel Craig, pas à cette baltringue de Timothy Dalton )
Je commençais à me dire que peut-être je pourrais accoucher sans péri. Et puis il y a eu... la première contraction. Le truc qui m'a scotché direct "p'tain c'est quoi çaaaaaaaaaa?" à quatre pattes, en soufflant comme un boeuf (Glamour toujours et en toute circonstance, c'est ma devise). A la deuxième contraction dix minutes plus tard, j'avais compris que j'accouchais, le doute n'était pas permis, ça faisait trop maaaaaaaaaaaaaaaaaaaal. A la troisième six minutes après, j'insultais la maternité qui te dit d'attendre pour venir DEUX HEURES à partir du moment où les contractions sont toutes les cinq minutes: ils sont fous ça fait trop maaaaaaaaaaaaaal! A la quatrième, je me demandais si par hasard j'aurais pas un peu de morphine quelque part pour me soulager parce que, tu l'as compris "ça fait trop maaaaaaaaaaaaaal". (la réponse est évidement non hein)
Bref, on est partis à la maternité, on a pas attendu les deux heures, et on a bien fait vu que j'étais déjà à 6 cm (sache, si tu es nullipare (ouais c'est le terme pour dire que t'as jamais eu d'enfant, c'est moche hein?) ou un homme, que RIEN n'intéresse plus la femme entrain d'accoucher que cette histoire de cm, même pas de savoir qui
est la mère dans HIMYM a assassiné JFK. Quand elle t'annonce avec un grand sourire" 2cm, ça avance" après plusieurs heures de
souffrances travail, t'as juste envie d'insulter la sage-femme parce qu'elle s'est FORCEMENT trompée, cette grosse conne. Si c'est "7cm, c'est bien" c'est déjà plus mieux ta copine, et à "10cm, c'est bon, vous êtes à dilatation complète" t'es à deux doigts (
mouaaaaaaaaaarf) de la demander en mariage) .
Donc j'ai eu la péri dans la foulée, et j'aurais pu rouler une pelle à l'anesthésiste tellement c'est bien en fait, quand ça s'arrête ces pu***** de contractions. (
Ouais bon, en fait tu l'as compris, ça s'arrête pas, c'est juste que t'as plus mal quoi... )
Le nain est né environ deux heures après, et c'était trop chouette, parce que j'ai tout senti, et sans avoir mal. J'ai senti sa descente dans mon bassin, je l'ai senti qui passait, et je me rappelle m'être fait la réflexion que j'étais faite pour ça, que "ça" passait tranquille. Parce que bon, faut bien le dire, avant d'avoir expérimenté le truc, t'as beau savoir que tous les bébés ou presque naissent comme ça, tu vois pas trop comment c'est possible qu'un truc de 3kg voire plus passe par là, vu que d'habitude, sans vouloir vexer personne, tu sens bien ce qui y rentre, et non chéri, ça ne fait pas 35 cm de diamètre.
Je suis ressortie de cet accouchement ravie: il était exactement ce que j'en attendais à l'époque: rapide, sans complication, sans douleur.
Sauf que....
Sauf que j'avais accouché très vite, et j'avais beau être allée moins d'une heure après la première contraction à la maternité, pour bénéficier de la péri, j'étais limite. On pouvait donc supposer que pour mon deuxième accouchement, pour la péri, ça allait être chaud les marrons, vu qu'il est de notoriété publique que le deuz', ça va plus vite (
le troiz' par contre, c'est une autre histoire: il descend pas.)
Et puis il y avait le nain. Le nain, il était beau,
il était blond, il sentait bon le sable chaud, j'en étais folle, mais il me rendait folle aussi. Il ne dormait pas ou très peu, il tétait tout le temps, il pleurait beaucoup, il voulait toujours être dans les bras...
J'ai rapidement jeté mon Laurence Pernoud pour me frotter à la réalité vraie, j'ai nommé les forums du net.
Petit à petit, en
surfant me documentant, mes envies ont changé: pour un deuxième enfant, je souhaitais un accueil plus doux, plus physiologique, plus respectueux (
Ouais, bon, mon vocabulaire a été contaminé par mes lectures bobo-bio-respectons-notre-nature-la-vie-la-non-violence-et fais-tourner-steuplait) . Pas de lumière forte, pas de séparation, du peau à peau, pas de bain... Bref de la douceur, du temps pour lui, du temps pour nous, du temps pour se découvrir. Ne pas couper le cordon tout de suite, pas de poussée dirigée, attendre avant la pesée, être libre de ma position d'accouchement. Toutes ces choses qui ........ne sont jamais présentes dans un accouchement "classique".
C'est donc ces deux paramètres:
Putain j'aurais jamais le temps d'avoir la péri +
sans péri OK, mais doucement on a dit qui m'ont mené à
l'accompagnement global : un suivi de A jusqu'à Z avec la même personne, et à l'accouchement "physiologique" (sans péri et dans la position qu'on veut... ce qui fait toute la différence)
Mais trêve de digression, l'objet de cet article c'est la naissance du microbe, c'est parti donc.
Comme je ne fais rien comme tout le monde, c'est un récit en deux parties. Et ouais.
Part one: comment quand t'as pas mal, c'est pas l'accouchement.
Pour des raisons diverses et (a)variées, je m'étais mis en tête qu'il fallait ABSOLUMENT que j'accouche avant le 9 mars, même si ma DPA (je te traduis, nullipare mon amie: Date Prévue d'Accouchement) était le 26.
Le 8 au soir, quelques contractions se font sentir, pas bien méchantes, irrégulières. Et puis au fur et à mesure de la soirée, ça augmente un peu en intensité, et elles se régularisent. Vers minuit, Le nain dort enfin (Oui, ma vie est un sacerdoce. Fais moi penser à te faire un article sur le sommeil du nain. Enfin quand je dis sommeil... ) et les contractions se sont calmées. Je dis à Mon Mâle à Moi (appelons le MMM, ça va plus vite) d'aller se coucher, qu'on verra bien. Les contractions reprennent vers une heure, un peu plus fortes. MMM me rejoint, j'ai pas trop mal. Je souffle sur les contractions, je les accompagne, comme dans les cours classiques "la contraction est comme une vague, il faut rentrer dedans, bla bla bla". Quand tu le tiens, crois moi sur parole, c'est que l'accouchement a pas vraiment commencé ;-)
MMM me propose de m'examiner (et ouais, MMM est sage-femme, ça aide, héhéhé), j'ai pas trop mal, je lui dit qu'on peut attendre encore et je repars dans mes contractions bien régulières, qui tirent pas mal mais sont gérables. On attend une bonne heure et mon sage-femme perso m'examine. Verdict: 2cm. Suis un poil déçue ("QUOI????????????????? MAIS TU TE FOUS DE MA GUEULE, LA????"), mais bon en même temps, ça fait pas trop mal, ce n'est pas étonnant. Cela dit, le travail a commencé, il part donc chercher sa mère, chargée de garder le nain le temps que nous serons à la maternité. Pendant ce temps, je marche, je déambule, je fais un peu du ballon. Il m'examine une heure après: 3cm. Punaise, même si j'ai pas super mal, là je suis carrément déçue: quoi? J'ai accouché en quatre heures de mon ainé, et là je fais ma primipare qui accouche en 12h?????
MMM se marre, et me surnomme "la primi qui tue la nuit"(
et dire que j'ai épousé ce salopard)
Je t'épargne les heures qui suivent: je souffle, je fais du ballon, j'accompagne les contractions, je suis grave une warrior qui se coule dans la contraction et est dans l'ouverture. Ma belle-mère bouquine, MMM surfe sur son Iphone. Tu l'as compris: on s'emmerde grave.
A six heures, je suis à 4-5cm. On va dire 5, c'est meilleur pour mon moral. On décide donc de partir à la maternité avant les bouchons. 5cm, on a fait la moitié, si ça se trouve ça va s'accélérer, hein chéri? Ça va s'accélérer, HEIN?
Dans la voiture.... les contractions disparaissent. Gloups. Moment de solitude.
Ne disons rien et prenons l'air dégagé.
Arrivée à la maternité, la sage-femme de garde nous accueille "C'est vous? il parait que vous avez fait une bonne partie du travail à la maison? C'est bien, ça!"
Je n'ai plus une seule contraction depuis vingt minutes.
Je garde l'air dégagé et souris car je suis une warrior des contractions.
On entre dans la salle d'accouchement.
Dix minutes passent.
J'avoue à MMM que je n'ai plus de contractions. Je souris plus. Lui non plus.
Une heure passe.
Pas de contractions.
J'ai plus du tout l'air dégagé.
Monito, blablabla, je t'épargne les détails médicaux dont on se fout, car l'important c'est: Pas une seule put*** de contraction.
On repart chez nous.
On a pas l'air dégagé.
On a juste l'air très cons.
Part two:
comment quand t'accouches, tu le sais tout de suite.
Dix jours plus tard (
oui, tu as bien lu. DIX jours à se dire "Nan, mais c'est p'te cette nuit hein?". A se réveiller dégoutée tous les matins. A dire "Au revoir mon chéri, peut-être à tout à l'heure" d'un air entendu à MMM à chaque fois qu'il partait travailler. A avoir grave les boules quand il rentrait le soir. A guetter chaque contractions. A écouter les pronostics des uns et des autres. A se dire que, merde, la prochaine fois, quand on viendra m'emmerder au septième mois parce que mon col il est trop-court-trop-mou-trop-ouvert, je pourrai partir dans un grand rire sardonique, tu sais "comme le méchant dans James Bond".) dix jours plus tard donc, je me lève, j'ai quelques contractions. Je m'en fous, ça fait trois mois que j'ai des contractions. Petit déjeuner, douche, "Tiens, t'as pas mal de contractions, non?" "
Nan. T'te façon je veux plus accoucher, je boude. Mmmmm, voui, un peu, mais tu sais, ça va ça vient hein" "Ok, ben tu me tiens au courant, hein? Bonne journée ma chérie" "
C'est ça bon vent, de toute façon j'accoucherai jamais. Oui, mon amour, bonne journée à toi aussi"
Je m'occupe du nain,
je le colle devant un DVD il se cultive gentiment pendant que je
checke mon facebook me tiens au courant des dernières actualités, tout en téléphonant à ma belle-mère pour qu'elle vienne chercher le nain en début d'aprem, histoire
que je fasse la sieste tranquille de passer un petit moment avec lui.
10h29: Ouh la vache, elle tire bien celle là.
10h39: Ouh punaise, ça fait un peu mal là quand même
*souffle comme une baleine devant son écran*. Je vais quand même envoyer un SMS à MMM ("Deux contractions bien douloureuses en moins de dix minutes")
10h45: Troisième contraction. Tu es super intelligent(e), donc tu as déjà remarqué que ça s'enchaine au même rythme que la première fois: 10, 6.... la prochaine devrait être à 10h48. Entre temps, MMM m'a envoyé deux dizaines de SMS à base de "qu'est-ce qu'on fait?" (
On fait "bli" bien sûr mon amour. Ou alors on fait "rarepasser". Mouaaaaaaaaaaaaarf.) et autre "Je viens?". J'ai aussi appelé ma belle-mère pour lui dire, que finalement, 14h ça me parait trop loin, et tout de suite, là, maintenant, ça serait mieux.
10h48: Aucun doute, c'est parti.
A partir de là les contractions s'enchainent toutes les trois minutes. Je sens le besoin, comme trois ans auparavant pour le nain, de me mettre sous l'eau et fais couler un bain. Le nain se précipite, car prendre un bain avec Maman, c'est toujours la fête, youhouhou.
Nous voilà donc dans l'eau, mon nain, les contractions et moi. On fait un chouette trio. Le nain joue avec ses bateaux, le monde pourrait s'écrouler, il en a positivement rien à foutre. Les contractions sont puissantes, elles tirent fort. Elles font tout aussi mal que pour la naissance du nain, ce qui change, c'est ma façon de les vivre: c'est là que ma super prépa à l'accouchement prend tout son sens. Je m'efforce d'être dans l'instant présent, "ici et maintenant" comme dirait mon sage-femme (pas MMM, non, le sage-femme qui m'a suivie en accompagnement global. Je dois avoir un truc avec les hommes sage-femmes, cherche pas.). Quand la contraction est là, je me concentre sur elle, je suis là, elle monte, elle tire, elle passe, c'est fini. Entre deux, je papote avec le nain, je lui explique ce qui se passe, que je suis entrain de faire naître le bébé. Il s'en fout complètement. Contraction, pause, on cause bateau, ça l'intéresse déjà plus. La respiration profonde ne suffit plus, alors je m'étire, je "pousse sur mes appuis" et je fais des sons graves, des "oooooooooooohhhhhhhhh" , des "aaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhh". J'ai l'air con, mais ça m'aide vraiment. Et puis le seul spectateur c'est le nain, et il s'en fout. Bah oui, il a ses bateaux (tu suis un peu?)
MMM arrive, tout décoiffé, tout chamboulé. C'est mignon!
Je sors de la baignoire entre deux contractions, il est à peu près 11h10, ma belle-mère arrive et prend la relève auprès du nain. MMM m'examine: 7cm. Ah ben quand même!
Du coup, MMM est tout fébrile. Il part chercher le pack d'accouchement entreposé dans le placard au cas ou on n'aurait pas le temps d'aller à la mat, il l'ouvre, il tourne, il virevolte. Pendant ce temps, je gère sur mon ballon, à quatre pattes (glam quand tu nous tiens), à coup de "oooooooooooooooh" et de "aaaaaaaaaaaaaaaaahhh".
Entre deux contractions, moi, je me sens d'un calme olympien. Je lui dis que je pense qu'on a le temps de rejoindre la mat. Je m'habille comme je peux (un pantalon-arrêt au milieu de l'enfilage d'une jambe, reprise, le haut, arrêt au milieu, reprise, mais où sont ces putains de chaussures????-reprise etc...) , et pendant ce temps MMM charge la voiture et la rapproche.
Il est à peu près 11h30, on est prêts à décoller!
Je fais un dernier câlin à mon nain, qui est sorti du bain. Je lui redis qu'on part avec Papa, qu'on va faire naître le bébé, tout ça. Je ne peux pas m'empêcher d'être émue: je pense que c'est la dernière fois qu'on est trois, que bientôt il sera grand frère, blablabla. Le nain s'en balance grave de mes conneries: il regarde les Barbapapa.
On monte dans la voiture, toujours avec les contractions toutes les trois minutes, je m'efforce de me concentrer: je pense "ici et maintenant", "ouverture", "passage" et ça m'aide à rester dans le travail, à ne pas partir dans la douleur .
En même temps c'est sûr que c'est pas le moment de penser "saucisson à l'ail".
A 100m de la maison, MMM me demande si on fait demi-tour où si on continue vers la mat. "Va tout droit , on verra bien" (
Bénabar 4 ever). En moi-même je pense que j'accoucherai moins de dix minutes après notre arrivée, si tout va bien et que ça roule sans encombre. (
Faites qu'il n'y ait pas de bouchons, faites qu'il n'y ait pas de bouchons....)
On continue donc, MMM conduit, un rien stressé, et moi avec mes "oooooooooooh" et mes "aaaaaaaaaaaaah" entrecoupés de quelques "putain ça fait mal quand même"
Problème: arrivés sur l'autoroute, la voiture refuse de monter à plus de 60km/h..... Panique de MMM. Je jette un coup d'oeil au tableau de bord, j'ai un flash ou je me vois accoucher dans le fossé, youpi,
en même temps ça fera des souvenirs à raconter aux enfants. Une contraction arrive ,"ici et maintenant", "ici et maintenant"... C'est pas mon problème la mécanique.
Va savoir ce qui c'est passé, en tout cas la voiture accepte de monter sa vitesse et on poursuit notre route.
Je douille grave, mais je suis calme, dans l'instant présent et même heureuse.
Une contraction arrive à mi-chemin de la mat, oh putain, celle-là elle me fait vraiment TRES TRES mal. je me dis que si ça doit continuer comme ça, y'a intérêt à ce que j'ai la péri,
parce que sinon je me casse.
En fait non, ce sera la dernière aussi douloureuse, je pense que c'est celle qui m'a amenée à dilatation complète.
Désormais, les contractions font moins mal, puisque c'est la dilatation qui est douloureuse, mais elles ont pour but de faire descendre mon bébé. Et là je te le dis, la nature a pas DU TOUT prévu de faire descendre un bébé chez une femme assise dans une twingo, fut-elle jaune.
Je commence à me sentir très très mal. J'ai envie de pousser, il FAUT que je change de position. J'ai chaud, je transpire, je suis trempée de sueur froide, j'ai la nausée. J'essaie de me retourner, c'est impossible. J'allonge mon siège, et je suis encore plus mal.
A ce point, je n'ai qu'une envie, c'est que ça s'arrête, bordel. Je suis mal, j'ai mal, j'en ai ras le bol. "Ici et maintenant", oui, ben dans ton cul, et on fait une pause là!
MMM est super mal à côté de moi. Il envisage de couper par le trottoir pour aller plus vite. Je l'en dissuade et fais genre "nan mais ça va en fait" alors que je suis entrain de crever. Je crois qu'il n'est pas dupe (MMM est un génie à qui on ne la fait pas.)
Heureusement, on n'est pas loin, et on finit par arriver à la mat. Je sors de la voiture, raaaaaaaaaahhhhhh de l'air frais, ça va tout de suite mieux. Je suis trempée de sueur, je flageole sur mes jambes, et les contractions continuent de s'enchainer, visiblement elles ne sont pas syndiquées et sont étrangères au principe de pause, ces connes.
Hop, une contract "ici et..." va voir ailleurs si j'y suis, je veux que ça s'arrête!
On rentre par les urgences direction la mat, une contraction arrive, je vise un box libre à ma gauche, je m'y précipite, m'appuie sur le brancard et commence à "poussoter": je ne sais pas vraiment si c'est moi qui pousse ou si mon corps pousse tout seul. Raaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhh. Ça fait mal, mais ça soulage.
MMM, dont c'est un peu le métier quand même, comprend vite ce que je suis entrain de faire et demande à un brancardier qui passe dans le couloir où sont les sage-femmes. Il se précipite dans la direction indiquée pendant que le type lui hurle "hé mais monsieur, faut emmener votre femme!"
Le brancardier, qui craint sans doute que je lui pourrisse son box,
ou que MMM m'abandonne là tel un animal sur une aire d'autoroute en plein mois d'Août, s'approche de moi avec un fauteuil et me dit "asseyez-vous Madame, je vous emmène." Je suis toujours entrain de pousser, et donc un peu concentrée sur autre chose. Je l'ignore
superbement. Il insiste: "Asseyez-vous, madame". Je grogne "J'peux paaaaaaaaaaaaaaaaaas". "Pourquoi vous pouvez pas?"
La contraction s'arrête, je m'assois dans son
putain de fauteuil. "Pourquoi vous pouviez-pas vous assoir, Madame?" "
Fait passer un ballon de rugby entre tes jambes et on en reparle, connard. J'avais une contraction, j'attendais qu'elle passe"
On arrive à la porte de la mat où m'attendent Matthieu et les sage-femmes, souriantes.
On passe la porte, le charmant brancardier qui aime bien faire la conversation, son fauteuil et moi. Une contraction arrive, je vise les sièges en face de moi, je me précipite, je m'appuie dessus, et je pousse.
"Je crois qu'elle est à dilatation complète", dit MMM aux sage-femmes "On dirait, oui" répondent-elles sur un ton badin. "on va attendre que la contraction passe et on ira en salle".
Pendant qu'ils discutent tranquilles de ma pomme, de mon col
et du temps qu'il fait, je suis juste entrain de pousser,
de me rendre ridicule le cul en l'air en grognant, d'avoir mal, et de mourir à petit feu.Youhouhou c'est la fête.
La contraction passe "on va en salle Madame", avec deux paires de bras qui
me trainent m'accompagnent jusqu'à la salle "nature".
C'est quoi la salle "nature"???
C'est ça:
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Pas aussi beau que chez Gisèle, mais presque. |
Comme tu le vois, de table d'accouchement, il n'y a pas.
Le grand truc posé au milieu, c'est là que j'ai accouché.
Les bras
me trainent m'accompagnent jusque là donc, nouvelle contraction, je me pose sur le "tatamis", à quatre pattes toujours, c'est comme ça que je suis bien.
On me déshabille entre deux contractions, la sage-femme me dit "ouh la la il sera bientôt là votre bébé".
Bientôt? Bientôt comment? Bientôt cinq minutes ou bientôt une heure?
Nan parce que une heure je veux pas, c'est trop long, j'ai trop mal, c'est trop dur et puis la neige elle est trop molle pour moi.
Elle me demande de me mettre sur le dos pour voir où on en est: la douleur est intenable dans cette position. Elle m'examine, pose quelques secondes un appareil pour écouter le rythme cardiaque du bébé histoire de vérifier que tout va bien, et me dit de repasser dans la position que je veux.
Moi, je ne veux qu'une chose: je veux qu'il sorte et qu'on en finisse!
MMM m'attrape, me fait rouler
comme un gros tonneau et m'aide à me remettre dans ma position initiale.
Je sens un truc entre mes jambes, suivi d'un gros "floc": la poche des eaux sortait et vient de se percer.
La douleur est intense, ça brûle. La sage-femme m'encourage: "c'est bien ce que vous faites"
" je suis sûre que vous dites ça à tout le monde ça brûûûûûûûûûûûle"
La tête est là, je la sens.
Vite vite, une autre contraction, qu'elle sorte, que ça s'arrête.
La tête sort.
Bonheur et félicité. "Rhaaaaaaaaaaaaa ça soulage!"
Il reste tout le corps à l'intérieur, mais crois moi, c'est de la rigolade: une fois que la tête est sortie, t'as plus mal. Ça ne brûle plus, tu peux respirer.
Nouvelle contraction, le corps suit.
Le temps se suspend.
Un cri, un tout petit cri de chat.
Mon bébé! Mon bébé est là!
La sage-femme me le passe, je suis empêtrée: attraper mon bébé, le regarder, pleurer, rire, se débattre avec le cordon et me retourner, que de choses en si peu de temps!
Il est midi dix. Posé sur mon ventre, mon bébé me regarde. Bienvenue, mon amour. Que la vie te soit aussi belle et douce que cette naissance.