Sache, cher public ignare, que l'Allémanie est un pays fort sympatoche où l'on sert (à foison) bretzel, wurst (au fromage, aux zépices, à jenesaipakoi), binouze (par bouteille de 1,5 litres), patates et beurre à la tomate.
Mon petit neveu ayant eu l'admirabeul idée de se faire baptiser à 800 km de maméson, il ne nous restait plus qu'à franchir le Rhin afin d'aller lui offrir une zoli médaille (oui, car le mâle est parrain).
Puisque, tu le sais, lecteur assidu, je ne suis pas en état de faire 1600 km en ouature avec mes nains, nous avons décidé, le mâle et moi même, d'offrir à nos rejetons un mirifique voyage en avion.
Et d'offrir à notre banquier l'occasion de s'étouffer.
Mais, crois moi, ça en valait la peine.
Je te laisse à ta lecture, je te vois déjà ricaner bêtement.
Chapter ouane: Les nains vont prendre l'avion
Le nain, tu le sais, n'a aucune notion du temps qui passe.
Avantage: tu peux utiliser la menace de l'avion pendant quelques semaines. Exemple: "si tu ne dors pas toudessuite le nain, on ne va pas prendre l'avion pour aller chez cousin Hugo" (vil et cruel? oui, mais efficace)
Inconvénient: le nain te bassine pendant des semaines pour savoir "quand c'est qu'on va chez cousin Hugo?"
"Bientôt le nain"
"Quand? Demain"
"Heu non, pas demain, encore un peu de dodos hein"
"Ze veux y aller demain moi"
"Oui, bin va falloir attendre, l'avion n'est pas prêt"
"Ze veux même y aller tudessuite moi mamaaaaaaaaan". Chouine, larmes, pleurs, cris et obligation pour les parents fourbes que nous sommes de communiquer sur le sujet par épélation. L'épélation, je t'explique car je vois que tu t'interroges, est un langage bien connu des wonder parents qui consiste à épeler le mot.
Exemple: "ce soir, je mangerais bien des F.R.I.T.E.S" ou bien, "tu as jeté cet ignoble costume de S.P.I.D.E.R.M.A.N?"
Moralité: ne préviens pas le nain trop tôt. Mais préviens le tout de même, la menace pour le coucher est tellement utile que, sincèrement, ça serait dommage de s'en priver.
Bref, le nain AVANT l'avion est un nain excité.
Et toi, tu es un parent angoissé.
Parce que tu attends la carte d'identité du nain (oui, car je te rappelle que l'an dernier, tu as déjà raté l'avion parce que la charmante hôtesse chargée de l'enregistrement n'a pas voulu te laisser monter avec un nain sans papier - malgré ses yeux que c'est ceux de son papa - malgré tes larmes - malgré la boubouille de nain).
Pourtant tu as bien déposé tous tes papiers à la mairie dans temps. Enfin tout pile quoi. Enfin, la secrétaire a dit 2/3 semaines. ça fait 16 jours. C'est long nan?
Moralité: Prends toi y à l'avance. Et courage, courage pour la photomaton de nain. Va chez un photographe avant de perdre mille euros dans la machine à tourniquet qui monte. Parce qu'un nain qui ne doit pas sourire/pas fermer les yeux/fixer l'objectif/ne pas être maintenu...ce n'est pas un nain, c'est une peluche.
Les préparatifs:
Un conseil? Un vrai? Un bon? Moué. Oublie.
Nous avons opté pour la solution: pas de bagages en soute (nan, pas de nains en soute non plus, lecteur sans cœur). Ce qui signifie: pas de fringues superflues. Ni pour toi, ni pour les nains. Tout miser sur la propreté naturelle du nain. Et sur la machine à laver de ton hôte. Sur son déodorant aussi. Et sur sa brosse à cheveux. Ainsi que sur une paire de chaussettes pour le mâle. Il a oublié les siennes.
Fonctionne très bien si tu pars dans de la famille proche, très proche. Moins bien si tu vas chez des amis radins et égoïstes qui risquent de penser que tu es quelque peu parasite.
C'est un joli bagage cabine ça ma bonne dame |
Bref, départ avec un petit sac à dos qui passe comme bagage cabine. Faisable. Cette solution t'évite trois enquiquinements non négligeables:
- un mal de dos terribeul ou une gestion difficile de nain (puisque tu tires déjà ta méga grosse valoche derrière toi) qui court partout dans l'aéroport.
- une attente devant le tapis roulant qui dégueule les bagages avec le nain qui veut AB-SO-LU-MENT monter sur le truc qui avance tout seul (que c'est rigolo- qu'il avance vite- qu'on ne le voit plus- qu'il réapparaît- et merde).
- une prévisible perte de tes bagages. Et oui, comme pas mal de choses, ça peut t'arriver à toi (surtout à toi, n'oublie pas que tu as la louze). Et sincèrement, commencer ses vacances en portant trois jours de suite les mêmes fringues qui sentent le chacal, ça n'aide pas à se détendre. Du tout.
ça c'est moi la veille du jour J. Avec de plus gros cuissots, c'est entendu |
Moralité: si tu le peux, ne prends que des bagages cabines.
Mais ATTENTION: point de liquide dans ton zoli sac. Sinon lors de ton passage aux rayon X, il faudra raisonnablement dire adieu à tes 100ml de parfum Pôduku, à ton déo en spray, à ton gel douche gommantexfoliant aux perles rares du Pérou, à ton liquide lave-fesse, au Head and Shoulders du mâle, au liniment du nain. Les médicaments pour nain passent très bien aux rayons X (mais prends toujours l'ordonnance, au cas où), cela dit, se laver les fesses au Doliprane, ça peut être limite limite.
Le jour J:
Sache le, le jour J, tu es crevée. Parce qu'un des nains a eu l'excellente idée de tomber malade la veille et t'a pourri ta nuit. Le jour J, les nains sont excités comme des puces et tu peines à les faire tenir en place. Tu as déjà honte car ils crient pour tester l'écho de l'aéroport, le grand s'échappe et va s'encastrer dans une pyramide de valises d'un groupe Fram, et le petit hurle comme un marcassin car il veut sortir de sa poussette pour s'étaler dans les valoches comme son frère. Le mâle, quant à lui, vérifie pour la millième fois qu'il a bien tous les billets et toutes les pièces d'identité, que l'avion n'est ni annulé, ni retardé, que le comptoir pour l'enregistrement n'a pas changé (depuis trente secondes, ça m'étonnerait) et toi, toi, et bien tu as super envie de pipi mais tu t'abstiens.
Et, l'avion est dans deux heures. Youhou.
Commence l'attente. Devant le comptoir pour enregistrer. Devant la machine à rayons X. Avant la zone d'embarquement, à la caisse du Duty Free.
Point positif des nains: les gens sont gentils avec toi. Ils voient que tes nains sont des boulets, c'est certain. Alors ils compatissent parce que, pour rien au monde, ils ne voudraient être à ta place.
Ah oui, et tu peux garder ta bouteille d'eau aussi. Si, si, tu colles la bouteille de 2 litres dans la paluche du nain et tu dis que c'est pour lui. La gentille
Troisième avantage non négligeable: le nain sert de coupe file. Promis encore.
Surtout si tu as une poussette. Alors là, c'est limite si on ne t'ouvre pas le salon VIP.
La poussette, c'est le multipass. Tu gruges tout le monde. Pire qu'à la caisse femme enceinte (si t'es enceinte, cela va de soi/ou si tu sors ton ventre).
En clair, la poussette te permet de passer en prem's. Yesss. M'enfin te réjouis pas trop, n'oublie pas que tu as toujours tes nains avec toi et que tu vas passer les prochaines heures enfermée à quelques milliers de mètres d'altitude avec eux. Et avec les autres gens aussi. Dommage pour eux, il fallait prendre un autre vol.
Le vol:
Le vol est long. Qu'il dure 1h ou 12h, il est long, trop long. D'ailleurs, tu ne prendras plus jamais l'avion. Même pour l'Ile Maurice, la prochaine fois tu iras en bateau. Ou tu n'iras pas. Tout compte fait tu ne partiras plus jamais en voyage. Ou sans les nains.
Arrivée dans l'avion, il te faut repérer ta place. Le nain hurle "ya une place là! ya une place là" car il n'a pas encore saisi le principe des places numérotées. Il va donc falloir traîner le nain jusqu'au siège 22C. Et envoyer le nain valdinguer près du hublot pendant que tu jettes toi même ton sac (cabine je te le rappelle) dans le minuscule compartiment à bagages avant que la horde de voyageurs (passablement énervés parce que je te rappelle que tu les as grugés avec ta poussette il y a 10 minutes) ne te passe sur le corps.
Tu extirpes de ton sacàdos le petit sachet spécial "occupe ton nain pendant l'avion" et tu t'affales sans ménagement. Sur ton autre nain. Que son père avait envoyé valdinguer avant de ranger son sacàdos. Zut. Il pleure déjà. Les voisins de devant se regardent d'un air désespéré.
Et attendez les mecs. On n'est pas encore partis.
Les nains sont installés. Enfin, sont à deux sur le siège hublot. Le grand regarde les z'avions en commentant à voix (très) haute ses découvertes et le petit alterne bavage sur hublot et frappage sur la vitre.
Les voisins songent à changer de place.
Il est temps d'attacher les ceintures. Le grand, paniqué, vérifie que nous avons tous notre ceinture.
Le petit, sanglé sur moi même, se tortille dans tous les sens car il voudrait bien retourner baver sur sa vitre.
Le mâle promet qu'il le prendra à l'atterrissage. Les voisins font semblant de regarder la démonstration "gilet de sauvetage et masque à oxygène" de l'hôtesse.
On décolle. Tu as la trouille et tu serres le nain. Qui hurle. Ouais, bon, mais ça fait peur aussi.
Tu te dis que si tu te crashes, là, au moins vous êtes tous ensemble. Mais que ça serait dommage de se crasher avant d'avoir fini la saison 1 de Lost quand même.
Et le vol commence vraiment.
Les nains s'agitent.
Comme tu voyages léger, tu n'as guère d'accessoires pour occuper les nains. Et les sandwiches givrés distribués gracieusement par la Lufthanse n'intéressent pas les nains.
En revanche, le jus de tomate, ils kiffent. Surtout la touillette. Ils touillent et tapent sur le hublot avec la touillette. Et renversent leur jus de tomate sur ton pantacourt. Beige.
Formidabeul. Les voisins ont commandé un whisky sec. Deux même.
Après le jus de tomate, le nain doit faire pipi. Youpi, ça fait toujours 5 minutes de dégourdissage de nain.
Les toilettes sont minus. La chasse d'eau est bruyante. Ton nain kiffe. Toi, tu kiffes moins puisque le nain ouvre la porte alors que tu fais encore pipi. La honte, le voisin (bourré) est devant la porte.
Tu retournes tant bien que mal à ta place mais au milieu du couloir : le trolley qui ramasse les plateaux.
Tu suis. Lamentablement. Tout le monde mate ton fessier plein de jus de tomate. Le nain en profite pour regarder ce que font les gens. Personne ne lui adresse un sourire. Tout le monde sait qui tu es dans cet avion. N'espère pas une once d'empathie.
Pendant ta virée toilettes, petit nain a déballé tout ton sac à main. Génial. Tu récupères ton portabeul sous le siège de la voisine qui te signale d'un geste agacé que ton nain a ENCORE remonté la tablette un peu violemment.
Un coup d'oeil à ta montre: il reste encore une heure de vol.
Dans mon immense bonté, je vais te donner un bon conseil: n'oublie pas d'emmener des choses pour occuper ton nain. Les mêmes que pour le train en gros. Surtout les Prigeuls. La voisine adore quand ça grignote dans ses cheveux. Je n'ai pas eu la chance d'avoir un sac à joujoux fourni puisque, je te le redis encore une fois, je suis partie léger. Et bien crois moi, j'ai regretté de ne pas avoir, au moins le lecteur dividi. Ou des bonbecs. Ou du chatterton.
Les nains ont donc utilisé le temps qu'il leur restait comme de véritables nains:
- jeux du coucou-hibou avec les voisins de derrière et hurlements de rire à chaque fois.
- descendage et remontage de tablette
- coups de pieds dans le siège de la voisine
- inclination du siège
- jetage de doudou à travers la cabine
- déclamation de phrases honteuses genre "c'est toi qui a fait prout maman?" (je te rappelle que le nain est encore
- cris de débiles et sauts sur le siège
- des "on est dans le ciel là maman?" ou des "grosses fesses la dame".
En clair, une heure trente de vol pour le moins agréable pour nous, et pour les heureux passagers du vol paris-munich. Une heure trente de vol où j'ai rien fait que de dire des trucs de maman enervée.
"on arrive bientôt le nain", "reste tranquille encore un peu", "si tu es sage, on va chez cousin Hugo"
et des lamentables "silteplé le nain...", ou encore des pitoyables " Laisse ton frère, il est fatigué, C'EST POUR CELA QU'IL CRIE FORT" (en espérant ainsi m'attirer la sympathie d'autres parents).
Peine perdue, sache le, si tu es en galère dans un avion avec tes nains, personne ne viendra te délivrer. Et personne ne viendra te dire : "ne vous en faites pas, ça ne nous dérange pas, on comprend, vous n'y pouvez rien". Nan. Les gens se contentent de te regarder d'un air excédé et surtout, surtout, les parents du faux nain qui s'est endormi sans broncher sur son 1/4 de siège. Saloperie va!
L'arrivée est tout aussi périlleuse car personne ne veut te laisser sortir (ya pas de raison, t'es entrée la première et tu as gavé tout l'avion). Tu es bonne pour rester assise et maintenir tes nains encore 10 minutes pendant que défilent devant toi tout ceux qui auraient bien voulu te faire la peau. Ou encore filer un parachute au nain. Un conseil: regarde ailleurs ou cache tes nains sous le siège. Et sort une fois que tout le monde est parti. N'oublie pas de saluer l'équipage. Ils sont restés polis. C'est leur métier, certes, mais c'est admirable tout de même.
Une fois débarquée, je te conseille de fuir l'aéroport le plus rapidement possible. Et surtout, de ne pas penser au retour.